L’afrique en mode rock: Une histoire de réappropriation

En 1988, la journaliste Hélène Lee publiait Rockeurs d’afrique, un ouvrage pionnier sur les musiciens africains embrassant une esthétique globale. Bien que le terme “world music” venait d’être inventé, des artistes comme Salif Keïta et Alpha Blondy, mis en lumière dans le livre, ne faisaient pas à proprement parler du rock. Cependant, le rock avait déjà profondément marqué le continent.

Des figures comme boubacar Traoré, influencé par Eddie Cochran dès les années 1960, la vague punk en Afrique australe, le rock’n’roll hippie marocain incarné par Nass El Ghiwan, les guitares fuzz des Nigerian funkees, et le psychédélisme pop des Thermometers et Mebusas témoignent de cette appropriation. Alemayehu Eshete, un mélange improbable d’Elvis et de James, et Omar Korshid, guitariste égyptien psychédélique et amateur de moog, ont également contribué à cette scène vibrante.

Zamrock: Le son oublié de la Zambie des années 1970

Le zamrock, bande-son de la Zambie des années 1970, a été redécouvert par les labels Now Again et Shadoks. Ces labels ont réédité des albums de groupes mythiques comme Witch et Amanaz, révélant l’influence du glam rock et du funk de Sly Stone sur la côte est-africaine.

« Le zamrock est l’autre trésor oublié, abandonné, de la Copperbelt. Durant la seconde moitié des années 1970, alors que la Zambie s’enfonçait dans son isolement, le zamrock rythmait les week-ends des mineurs, venus oublier leur quotidien à coups de bières Castle.Mais la musique qui se jouait aurait pu être produite à Sheffield ou Birmingham. »

Jean-Christophe Servant, Le Monde Diplomatique, décembre 2008

le journaliste Jean-Christophe Servant notait en 2008 que Durant quelques années, avant que le sida ne ravage une majeure partie de cette génération, des dizaines de groupes issus de ces villes minières se mirent en effet à tropicaliser le british metal et le garage rock afin d’accoucher d’incroyables disques gorgés de solis de fuzz guitars parfois exécutés avec les dents.

Rhodésie/Zimbabwe: L’émergence d’une scène rock contestataire

la Rhodésie, futur Zimbabwe, a également été le théâtre d’une effervescence musicale. Manu Kambani, guitariste du groupe dr Footswitch, est devenu une star locale. The Rhodesia Herald titrait même: Jimi Hendrix est mort, mais Manu est vivant.

Kambani a joué dans plusieurs groupes, dont The Sound Effects, The Springfields et The Great Sounds, fusionnant pop et rock.Son influence a perduré, comme en témoignent ses funérailles en 1995.

La fusion des genres et l’investissement des labels

D’autres groupes ont fusionné rock, rumba congolaise, mbaqanga sud-africain, soul et rythmes traditionnels, créant un mouvement underground. Gallo Record, un label sud-africain majeur, a investi dans cette scène en signant The Great Sounds, MD Rhythm Success, Afrique 73, The hitch-Hikers, the Impossibles et O.K Success.

Teal Record Company a créé une filiale locale et a nommé Crispen Matema directeur artistique. Matema a découvert des talents méconnus,organisant des concours de musique live et enregistrant des groupes comme The Baked Beans,Blacks Unlimited,The Acid Band,Echoes ltd et Gypsy Caravan.

New Tutenkhamen: Un groupe mystérieux et marquant

Les New Tutenkhamen occupent une place spéciale, avec trois titres compilés. Charles Houdart, fondateur du label Nyami Nyami Records, souligne que Ce groupe est bien connu de toute une génération de Zimbabwéens, ceux qui avaient vingt ans dans les années 1970. Il est d’ailleurs référencé dans le livre Zimbabwe Township Music de Joyce-Jenje Makwenda.

Houdart a ressorti de l’oubli I Wish you Were Mine des New Tutenkhamen, un disque typique de cette scène en pleine guérilla pour l’indépendance. Des groupes comme Wells Fargo, Green Arrows, avaient souvent des paroles à double sens sur la lutte en cours, explique-t-il.

Le groupe, mené par le chanteur Elisha Josam, reste