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Syndrome des jambes sans repos : fer vs dopamine et nouvelles recommandations

Syndrome des jambes sans repos : nouvelles approches

PARIS – 02 Mai 2024 – Le syndrome des jambes sans repos (SJSR) est au cœur de nouvelles recommandations thérapeutiques, privilégiant des approches non-dopaminergiques. Les dernières directives médicales, notamment de l’American Academy of Sleep Medicine (AASM), modifient la prise en charge de cette affection qui affecte des millions de personnes. Ces recommandations visent à minimiser les complications liées aux traitements précédents. L’expertise de chercheurs tels que Sofiène Chenini éclaire ces changements, soulignant l’importance d’une approche plus personnalisée. Pour en savoir plus sur les traitements et les alternatives, lisez la suite.

Syndrome des jambes sans repos : nouvelles approches et alternatives aux agonistes dopaminergiques

Le traitement du syndrome des jambes sans repos (SJSR) évolue,privilégiant désormais des approches non dopaminergiques pour minimiser les complications.

Comprendre le syndrome des jambes sans repos

Le syndrome des jambes sans repos (SJSR), qui touche environ 8% de la population française, principalement les femmes, se manifeste par un besoin irrépressible de bouger les jambes. Ce besoin est souvent accompagné de sensations désagréables telles que des démangeaisons, des picotements ou des paresthésies électriques, généralement localisées dans les membres inférieurs.

Le saviez-vous ? Le SJSR se manifeste souvent le soir ou la nuit, pendant les périodes de repos, et est temporairement soulagé par le mouvement.

Ces sensations entraînent fréquemment des mouvements répétés des jambes pendant le sommeil et des difficultés d’endormissement en raison d’une activité cérébrale accrue.

Évolution des recommandations de traitement

Les nouvelles directives de l’American Academy of Sleep Medicine (AASM) ne recommandent plus l’utilisation des agonistes dopaminergiques comme traitements de première intention. Sofiène Chenini, PhD, chercheur à l’unité des troubles du sommeil, département de neurologie, hôpital Gui-de-Chauliac, a souligné lors des récentes Journées de Neurologie de Langue Française à Montpellier, que ces médicaments peuvent entraîner une aggravation des symptômes au fil du temps.

Conseil pratique : Évitez la caféine, l’alcool et le tabac, maintenez des horaires de sommeil réguliers, pratiquez une activité physique tôt dans la journée et faites des étirements avant de dormir pour atténuer les symptômes légers du SJSR.

En France, les recommandations de 2019 de la Société Française de Recherche et Médecine du Sommeil (SFRMS) soutiennent encore l’utilisation des agonistes dopaminergiques pour les cas les plus sévères de SJSR. Pour l’instant, nous n’avons pas mis à jour les directives, mais nous y réfléchissons, a déclaré Chenini, en référence aux nouvelles recommandations américaines.

Le fer en première ligne

Selon les nouvelles directives de l’AASM, la supplémentation en fer par voie intraveineuse est le traitement de première intention privilégié pour le SJSR sévère. Dans certains cas, les antiépileptiques de deuxième intention sont considérés comme une option de première intention dans les recommandations françaises lorsque la gravité est faible.

Le SJSR est souvent lié à des problèmes de régulation du fer. Des études IRM ont montré une carence en fer dans le cerveau des patients atteints de SJSR, suggérant une perturbation du transport du fer à travers la barrière hémato-encéphalique et dans les neurones, possiblement due à une diminution du récepteur de la transferrine.

Cette perturbation de la régulation du fer, considérée comme ayant une origine principalement génétique, induit une augmentation de la synthèse de dopamine et de glutamate, ce qui est probablement la cause des symptômes. Dans le SJSR, les changements dans le système dopaminergique sont liés à des facteurs de risque tels que le vieillissement et l’utilisation de certains médicaments.

Critères cliniques de diagnostic

selon un consensus de 2016 de la SFRMS, le diagnostic du SJSR repose sur cinq critères cliniques :

  1. Un besoin intense et irrésistible de bouger les membres inférieurs accompagné de sensations désagréables.
  2. Aggravation des symptômes au repos, le patient étant incapable de rester immobile.
  3. Soulagement des symptômes par le mouvement, comme la marche ou les étirements.
  4. Augmentation de la gravité des symptômes le soir et la nuit.
  5. L’absence d’autres causes, telles que la myalgie, la fibromyalgie, l’arthrose, l’insuffisance veineuse et l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs.

Une fois le diagnostic posé, une évaluation du fer est nécessaire pour vérifier une éventuelle carence. L’analyze comprend la mesure de la protéine C-réactive pour s’assurer qu’il n’y a pas d’inflammation,ce qui réduit la biodisponibilité du fer,a expliqué Chenini.

Par conséquent,la polysomnographie reste facultative dans de tels cas. Si les niveaux de ferritine sont inférieurs à 75 µg/L,une supplémentation en fer est recommandée. Le traitement implique également de s’attaquer aux facteurs qui aggravent les symptômes, tels que la consommation de caféine et d’alcool, ainsi que le tabagisme. Il est conseillé d’arrêter ou de changer les médicaments qui peuvent aggraver les symptômes, tels que les antidépresseurs et les antihistaminiques.

Les antidépresseurs impliqués sont sérotoninergiques,en particulier les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine,avec une longue demi-vie.

Si l’arrêt du traitement n’est pas possible, il est recommandé de passer à des antidépresseurs à courte demi-vie, tels que la venlafaxine ou la duloxétine pris le matin, a-t-il précisé.

Options de traitement supplémentaires

Si les niveaux de ferritine restent bas après 3 mois de supplémentation en fer, il est recommandé de passer à un traitement intraveineux. Les options incluent une dose unique de carboxymaltose ferrique (500-1000 mg) ou plusieurs séances de 200 mg d’hydroxyde ferrique-saccharose.

Si les symptômes persistent,un opioïde léger est recommandé au besoin,en commençant par la poudre d’opium,la codéine (comme le paracétamol-codéine 500/30 mg,jusqu’à 60 mg de codéine ou plus) et le tramadol (en commençant à 50 mg et en augmentant à 100 mg si nécessaire).

Si l’amélioration reste insuffisante, un traitement spécifique doit être envisagé en fonction de la gravité du SJSR évaluée à l’aide du score de l’International Restless Legs Syndrome Severity Scale (IRLS). Un traitement de fond est recommandé pour les cas très sévères (score IRLS supérieur à 30), qui sont liés aux risques de dépression et même de suicide, comme l’a noté Chenini. Il est également conseillé en cas d’insomnie sévère ou lorsque la qualité de vie est significativement affectée.

Une étude récente de Chenini et de ses collègues a révélé un risque 10 fois plus élevé de symptômes dépressifs chez les patients atteints de SJSR, en particulier chez les jeunes femmes souffrant d’insomnie. L’étude a également signalé un risque trois fois plus élevé de pensées suicidaires.

Agonistes dopaminergiques : dose et mésusage

Selon les directives françaises,les cas très sévères de SJSR nécessitent un traitement avec des agonistes dopaminergiques à faible dose,tels que le pramipexole,la rotigotine ou le ropinirole. Ces médicaments peuvent également aider à réduire l’inhibition motrice chez les patients atteints de dépression. Les agonistes dopaminergiques sont le seul traitement approuvé pour cette indication.

Il est essentiel de respecter les dosages maximums, a souligné Chenini. Les doses maximales recommandées sont de 3 mg pour la rotigotine, de 0,54 mg pour le pramipexole et de 4 mg pour le ropinirole.

Les traitements de deuxième intention comprennent les antiépileptiques alpha-2 delta ligand, tels que la gabapentine et la prégabaline, en particulier en cas d’insomnie sévère. Pour les cas moins graves, ces antiépileptiques sont préférés comme traitement de première intention. La gabapentine peut être préférée à la prégabaline car elle provoque moins de sédation.

Question pour les lecteurs : Quelles stratégies avez-vous trouvées efficaces pour gérer les symptômes du SJSR ? Partagez vos expériences dans les commentaires ci-dessous !

Le principal risque associé aux agonistes dopaminergiques est l’aggravation des symptômes après une utilisation prolongée, connue sous le nom de syndrome d’augmentation, qui est particulièrement élevé chez les patients présentant une carence en fer, un âge avancé et ceux qui reçoivent des doses élevées d’antagonistes.

Les préoccupations concernant cette complication ont conduit l’AASM à retirer les agonistes dopaminergiques des recommandations pour la gestion du SJSR.

En 2016, les directives américaines similaires aux recommandations françaises actuelles pour les agonistes dopaminergiques étaient le traitement de première intention aux côtés des antiépileptiques dans le traitement des formes graves de la maladie.Les nouvelles recommandations placent désormais la supplémentation en fer par voie intraveineuse comme traitement de première intention, tandis que les antiépileptiques sont la deuxième ligne.

chenini a souligné que ce changement est dû au mésusage des agonistes dopaminergiques dans le SJSR. Un registre de 670 000 patients atteints de SJSR aux États-Unis a montré que 60% étaient traités avec des agonistes dopaminergiques, et 20% recevaient des doses dépassant les limites recommandées.

Le registre montre que les neurologues prescrivent des doses plus élevées d’agonistes dopaminergiques pour le SJSR que les médecins généralistes. Cela est probablement dû au fait que ces médicaments sont également utilisés pour traiter la maladie de Parkinson, où les doses sont environ 10 fois plus élevées que celles utilisées pour le SJSR.

FAQ sur le syndrome des jambes sans repos

Qu’est-ce que le syndrome des jambes sans repos (SJSR) ?
Le SJSR est un trouble neurologique caractérisé par un besoin irrésistible de bouger les jambes, souvent accompagné de sensations désagréables.
Quels sont les traitements de première intention pour le SJSR ?
Selon les nouvelles directives de l’AASM, la supplémentation en fer par voie intraveineuse est le traitement de première intention privilégié.
Les agonistes dopaminergiques sont-ils toujours utilisés pour traiter le SJSR ?
Bien qu’ils soient encore utilisés dans certains cas, notamment en France pour les formes sévères, leur utilisation est de plus en plus limitée en raison du risque d’aggravation des symptômes.
Quels sont les facteurs de risque du SJSR ?
Les facteurs de risque incluent la carence en fer, le vieillissement, l’utilisation de certains médicaments et une prédisposition génétique.

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