Le plancton en Péril : Alerte sur la Santé des Océans et l’Avenir de la Vie Marine

Une étude alarmante révèle que le plancton, fondement de la vie marine, est en déclin. Des chercheurs du Laboratoire d’Océanographie de Villefranche-sur-Mer (LOV) tirent la sonnette d’alarme face à cette menace silencieuse qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l’ensemble de l’écosystème océanique et, par extension, sur la planète.

Sur les traces du Plancton : Une Expédition scientifique

À bord du navire scientifique *3 flèches*,une équipe de scientifiques scrute les eaux de la Méditerranée.Leur mission : collecter des échantillons de plancton pour analyser son état de santé et comprendre les impacts du changement climatique. Lionel Guidi, chercheur au LOV, supervise les opérations avec une rigueur méticuleuse. “Le plancton est fragile”, rappelle Jean-Yves Carval, le capitaine expérimenté, soulignant la nécessité d’une approche délicate.

Le filet, aux mailles plus fines qu’un grain de sel, est déployé à 250 pieds de profondeur. La remontée est attendue avec impatience.”Il y a de la vie !”, s’exclame Anthéa Bourhis, technicienne de laboratoire, en découvrant la précieuse cargaison. Cette prise,bien plus qu’un simple mélange d’eau de mer et de sédiments,recèle des informations cruciales sur le passé et l’avenir de notre planète.

Le Plancton : Un Écosystème Vital Menacé

Le plancton, ce n’est pas une seule espèce, mais une multitude d’organismes qui dérivent au gré des courants. On distingue principalement deux types : le phytoplancton, qui réalise la photosynthèse et produit une grande partie de l’oxygène que nous respirons, et le zooplancton, qui se nourrit du phytoplancton et sert de nourriture à de nombreux animaux marins.

Les scientifiques du LOV suivent l’évolution du plancton depuis des décennies.Leurs observations révèlent une tendance inquiétante. “Sur notre site d’observation, les températures mesurées à 10 mètres sous la surface ont augmenté d’environ 1,5 degrés Celsius au cours des 50 dernières années”, explique Lionel Guidi. “nous avons constaté une baisse générale de la production primaire du phytoplancton.”

Cette diminution du phytoplancton pourrait avoir des répercussions considérables. En effet, il est à la base de la chaîne alimentaire marine. Sa disparition pourrait perturber l’équilibre de l’écosystème,affecter les populations de poissons et réduire la capacité de l’océan à absorber le dioxyde de carbone,un gaz à effet de serre.

Exploration Microscopique : Un Monde Fascinant

De retour au laboratoire, Anthéa Bourhis prépare les échantillons pour l’analyze. Les minuscules créatures sont fixées dans du formaldéhyde avant d’être scannées. Sur l’écran, des formes étranges et magnifiques apparaissent : des copépodes translucides, des larves de crustacés, des diatomées aux motifs complexes.

“Vous regardez à travers le microscope et il y a un monde entier”,s’enthousiasme Lionel Guidi. Les images numériques sont ensuite traitées par un logiciel d’intelligence artificielle capable de trier le zooplancton par espèce et par famille.Certaines de ces créatures, comme le *Phronima*, ont même inspiré le monstre du film *Alien*.

Agir pour Protéger le Plancton et les Océans

Les données collectées par le LOV sont précieuses car elles permettent de suivre les tendances à long terme et de distinguer les variations naturelles des effets du changement climatique. Jean-Olivier Irisson, également spécialiste du plancton au LOV, souligne l’importance de sensibiliser le public à la fragilité de cet écosystème. “Quand nous expliquons que s’il n’y a plus de plancton, il n’y a plus de vie dans l’océan, et que s’il n’y a plus de vie dans l’océan, la vie sur terre ne durera pas non plus, alors soudain, les gens s’intéressent beaucoup plus aux raisons pour lesquelles la protection du plancton est importante”, explique-t-il.

La ville de Nice accueillera prochainement la troisième conférence des Nations Unies sur les océans (UNOC3),un événement majeur qui réunira des scientifiques,des diplomates et des décideurs politiques pour discuter des mesures à prendre pour protéger les océans. Parmi les priorités : l’objectif de protéger 30% des océans d’ici 2030 et la ratification de l’accord BBNJ, qui vise à protéger la biodiversité dans les eaux internationales.

Lionel Guidi insiste sur la nécessité d’une action concertée, basée sur des données scientifiques solides. “Nous transmettons des résultats scientifiques ; nous avons la preuve d’un phénomène.Ce ne sont pas des opinions, ce sont des faits”, affirme-t-il.

À Villefranche-sur-Mer, Lionel Guidi, Anthéa Bourhis et le capitaine Carval poursuivent leur travail avec détermination. Ils collectent des données, analysent les échantillons et partagent leurs découvertes avec la communauté scientifique internationale. Leur contribution est essentielle pour comprendre les enjeux liés à la protection du plancton et des océans.