Un Coup de Pouce à l’Industrie Sidérurgique Américaine

L’ancien président Donald Trump a annoncé vendredi une mesure protectionniste significative pour l’industrie sidérurgique américaine. Lors d’un discours prononcé à l’usine Irvin Works de U.S. Steel à West Mifflin, Pennsylvanie, il a déclaré qu’il doublerait les tarifs douaniers sur les importations d’acier, les portant à 50%.Nous allons faire passer de 25% à 50% les tarifs sur l’acier entrant aux États-unis d’Amérique, a-t-il affirmé, ajoutant que ces tarifs renforceraient davantage l’industrie sidérurgique.

Selon Trump, le seuil de 25% était insuffisant pour dissuader les importations. À 25%,ils peuvent en quelque sorte franchir cette barrière,a-t-il expliqué.À 50%, ils ne peuvent plus franchir la barrière. L’entrée en vigueur de ces nouveaux droits d’importation est prévue pour le 4 juin, comme l’a précisé l’ancien président sur Truth Social.

Le Deal U.S. Steel-Nippon Steel : Un “Partenariat” Sous Surveillance

Outre l’annonce des tarifs, Trump a abordé le sujet de la fusion controversée entre U.S. Steel et le groupe japonais Nippon Steel.Bien qu’il ait donné son feu vert à l’opération la semaine précédente, les investisseurs et les membres du syndicat attendaient des éclaircissements sur la structure de l’accord. Trump a fourni peu de détails supplémentaires, mais a souligné certains engagements pris par Nippon.

Selon Trump, Nippon s’est engagé à maintenir les hauts fourneaux de U.S. Steel en pleine capacité pendant au moins dix ans. Il a également promis qu’il n’y aurait aucun licenciement et aucune délocalisation en raison de l’accord. De plus, les employés de U.S. Steel recevront une prime de 5 000 $. Trump a évité de qualifier l’opération de fusion, préférant la décrire comme un partenariat dans un message publié le 23 mai sur Truth Social. Il a précisé que le siège social de U.S.Steel resterait à Pittsburgh et que Nippon investirait 14 milliards de dollars sur 14 mois dans cette entreprise industrielle américaine plus que centenaire.

U.S. Steel, de son côté, a qualifié l’opération de fusion dans un document déposé auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC) le 8 avril, précisant qu’elle deviendrait une filiale à part entière de Nippon Steel North America, tout en continuant à opérer comme une entreprise distincte.

Trump a déclaré aux journalistes que l’accord est un investissement, c’est une propriété partielle, mais il sera contrôlé par les États-Unis.

Les Détails de l’Acquisition et les garanties de Sécurité Nationale

Des sources proches du dossier ont indiqué que Nippon devrait finaliser l’acquisition de U.S. Steel à 55 dollars par action, soit l’offre initiale formulée avant que le président Joe biden ne rejette l’accord en janvier, invoquant des motifs de sécurité nationale. Biden craignait que l’opération ne compromette des chaînes d’approvisionnement essentielles. Cependant, Trump a ordonné un nouvel examen de l’accord en avril, assouplissant ainsi son opposition initiale.

Le sénateur de Pennsylvanie, Dave McCormick, a révélé que le gouvernement américain disposera d’une action dorée lui permettant de désigner plusieurs membres du conseil d’management. U.S. Steel aura un PDG américain et la majorité du conseil d’administration sera composée de citoyens américains. Selon McCormick :

C’est un accord de sécurité nationale qui sera signé avec le gouvernement américain. Il y aura une action dorée qui exigera essentiellement l’approbation du gouvernement américain pour un certain nombre de membres du conseil d’administration et qui permettra aux États-Unis de s’assurer que les niveaux de production ne sont pas réduits.

Dave McCormick, Sénateur de Pennsylvanie

James Brower, associé au cabinet d’avocats Morrison Forrester, a précisé que cette action dorée ne prendrait probablement pas la forme d’une participation au capital par le gouvernement américain.Le comité chargé d’examiner l’accord, le CFIUS (Committee on Foreign Investment in the United States), ne négocie pas de participations au capital. Il s’agirait plutôt d’un droit contractuel permettant au gouvernement américain de mettre son veto à certaines actions.

L’ancien conseiller commercial de la Maison Blanche, Peter Navarro, a déclaré que Nippon Steel aura une certaine implication, mais aucun contrôle sur l’entreprise. Il a ajouté : U.S. Steel possède l’entreprise. L’ambassadeur américain au commerce, Jamieson greer, a souligné que les détails de l’accord avec Nippon Steel restent relativement confidentiels.

Greer a insisté sur le fait que les États-Unis devraient avoir le contrôle des secteurs clés et critiques, qu’il s’agisse de la fabrication de base ou de la haute technologie. Il a ajouté : Dans le cas où des pays étrangers ou des individus ou des entreprises étrangères souhaitent acquérir ces entreprises ou réaliser d’importants investissements, les États-Unis doivent conserver le contrôle des éléments qui comptent.

Réaction du Syndicat des Métallurgistes

le syndicat United Steelworkers (USW),qui s’était initialement opposé à l’accord,a déclaré qu’il ne peut pas spéculer sur l’impact de l’annonce de Trump sans plus d’informations. Le président de l’USW, David McCall, a exprimé ses préoccupations :

Notre inquiétude demeure que Nippon, une société étrangère avec une longue et avérée expérience de violation de nos lois commerciales, érode davantage la capacité de production d’acier nationale et mette en péril des milliers de bons emplois syndiqués.

David McCall, Président de l’USW