Restrictions de voyage : Un père yéménite séparé de son fils à cause des politiques de Trump

La vie de Mohammad Alshuwaiter, un réfugié yéménite résidant à Ottawa, est bouleversée par les restrictions de voyage imposées par les États-Unis. Son fils, Noor, vit à Dearborn, michigan, avec ses grands-parents, et la perspective de ne plus pouvoir le voir hante Alshuwaiter.

un décret présidentiel aux conséquences désastreuses

Le Yémen figure parmi les douze nations ciblées par le décret présidentiel de Donald Trump, interdisant l’entrée aux États-Unis à leurs citoyens. Cette mesure,justifiée par des préoccupations liées à la sécurité et au contrôle des documents de voyage,a des répercussions considérables sur les familles séparées par les frontières.

D’autres pays, tels que l’afghanistan, le Myanmar, le Tchad, la République du Congo, la Guinée équatoriale, l’Érythrée, Haïti, l’Iran, la Libye, la Somalie et le Soudan, sont également concernés par ces restrictions de voyage.

Des milliers de personnes potentiellement affectées

Selon les avocats spécialisés en immigration, l’entrée en vigueur de cette mesure pourrait empêcher des milliers de ressortissants étrangers résidant au Canada d’entrer aux États-Unis. Warren Creates, avocat spécialisé en immigration à Ottawa, souligne que les résidents permanents des pays visés doivent s’attendre à des restrictions accrues à la frontière.

« Certaines personnes qui ont déjà fait l’objet d’une vérification de leurs antécédents par nos services de sécurité nationale et par les forces de l’ordre et qui pensent être en sécurité et avoir pu voyager librement aux États-Unis dans le passé ne pourront plus le faire. »
Warren Creates, avocat spécialisé en immigration

Le calvaire de Mohammad Alshuwaiter

Pour Mohammad Alshuwaiter, chercheur en droit international et en droits de l’homme, cette nouvelle politique ajoute une couche de souffrance à son parcours d’immigration déjà complexe. Il n’a pas vu son fils de 19 ans depuis plusieurs mois et craint de ne pas pouvoir le revoir avant des années.

« (Noor) étudie à l’étranger. Comment puis-je le soutenir ? J’ai le cœur brisé », confie Alshuwaiter, visiblement ému.

Un parcours d’immigration semé d’embûches

Les difficultés d’immigration de M. Alshuwaiter ont commencé sous la première administration Trump.Après avoir obtenu une bourse Fulbright pour étudier le droit à l’American University de Washington, il a déménagé aux États-Unis avec sa famille, peu avant le début de la guerre civile au Yémen.

Inquiets pour leur sécurité, le couple a demandé l’asile aux États-Unis, mais leur demande a été rejetée en 2018, un an après le premier décret anti-immigration de Trump. La famille a alors décidé de demander le statut de réfugié au Canada.

La menace de la séparation familiale

En mai 2019, la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada a statué que Noor ne pouvait pas être inclus dans la demande d’asile de ses parents, car il était né aux États-Unis. Il était donc considéré comme un demandeur d’asile débouté, menacé d’expulsion.

Jacqueline Bonisteel, l’avocate spécialisée en immigration de M. Alshuwaiter, explique que dans les cas d’immigration où un mineur est né dans un autre pays, l’enfant obtient généralement le statut de résident permanent une fois que la demande de ses parents est approuvée. Cependant, la demande de résidence permanente de M. Alshuwaiter traîne depuis plus de six ans, sans explication des autorités d’immigration.

Les difficultés de Noor

En tant qu’enfant américain sans statut vivant au Canada, Noor était confronté à de nombreuses difficultés. Il ne pouvait pas obtenir de numéro d’assurance sociale, ouvrir un compte bancaire, trouver un emploi ou obtenir un permis de conduire.

« Cela me donnait le sentiment d’être différent. Plus différent que mes parents »,explique Noor.

Ne pouvant pas payer les frais d’inscription pour étudiants étrangers, Noor a été contraint de renoncer à ses projets universitaires au Canada. En 2023, ses parents ont pris la difficile décision de l’envoyer vivre avec ses grands-parents dans le Michigan pour qu’il puisse poursuivre ses études.

Refus d’entrée au Canada

En mai dernier, noor s’est vu refuser l’entrée au Canada et a été signalé pour expulsion s’il revenait.Un agent de l’ASFC a appliqué la décision de 2019 qui le qualifiait de demandeur d’asile débouté. Il était à seulement une demi-heure de ses parents et de son jeune frère, qui l’attendaient à Windsor, en Ontario.

Recours juridique

mohammad Alshuwaiter a intenté une action en justice contre Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada devant la Cour fédérale, afin de contraindre le gouvernement à divulguer les raisons du retard et à rendre une décision sur l’octroi de la résidence permanente. Aucune date d’audience n’a encore été fixée.

Un avenir incertain

Même si M. Alshuwaiter obtient le statut de résident permanent, cela ne suffira pas pour contourner les restrictions de voyage imposées par Donald Trump. Il doit devenir citoyen canadien. En attendant, la famille Alshuwaiter reste dans l’incertitude, contrainte de se séparer en raison des politiques d’immigration de deux pays qu’elle espérait considérer comme sa patrie.

Cette information est fournie à titre informatif seulement et ne constitue pas un avis juridique. Consultez un professionnel qualifié pour des conseils spécifiques à votre situation.

Que pensez-vous de cette situation ? Comment les politiques d’immigration affectent-elles les familles à travers le monde ?

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