Un portrait intime et inachevé

Quand un documentariste interagit avec les participants de son film à l’écran, le projet adopte inévitablement un point de vue particulier qui le sépare des œuvres de vérité. Mais quand le participant a notoirement évité de confier son histoire à un documentariste pendant des années, le simple fait de parler avec cette figure insaisissable devient un exercice d’observation. Une telle dynamique s’est produite entre le réalisateur Matt Wolf et son sujet de rêve, Paul reubens.

Le documentaire en deux parties, Pee-wee as Himself, a été présenté en avant-première le 23 janvier 2025 au Festival du film de Sundance.Lors de la séance de questions-réponses qui a suivi la projection, Wolf a expliqué :

Tôt dans le processus entre Paul et moi, nous avons décidé que nous allions documenter notre dynamique parce que nous sentions que cela reflétait qui Paul est, ou était. Et c’était quelqu’un qui était profondément grégaire de son propre aveu, extrêmement contrôlant, très confiant, mais aussi profondément ambivalent à l’idée d’être connu publiquement.

la vie de Reubens : des triomphes aux épreuves

Il n’est pas surprenant que Paul Reubens ait des sentiments mitigés à l’idée de se dévoiler après le coup dur que sa carrière a subi à la suite de ses problèmes juridiques dans les années 90 et au début des années 2000. À travers une richesse stupéfiante d’images d’archives et de vidéos personnelles ([Reubens] a tout gardé et était un archiviste à part entière, explique Wolf), ainsi que des entretiens avec les amis, la famille de reubens et, bien sûr, l’homme lui-même, le documentaire épisodique de Wolf retrace la vie de l’acteur et comédien emblématique, de son enfance à son retour dans les années 2010. Comme le titre le suggère, son personnage emblématique – le Pee-wee Herman excentrique et enfantin – est un axe majeur du documentaire, mais Reubens passe également du temps à raconter des parties de sa vie personnelle qu’il avait auparavant choisi de garder privées.

Et tandis que les révélations sur sa jeunesse, ses relations personnelles et sa sexualité contribuent au portrait plus large, les éléments les plus fascinants du documentaire sont ceux dans lesquels Reubens se bat contre le réalisateur.

La vérité derrière le masque : esquives et révélations

Wolf explique qu’il a observé Reubens en vérité, et que ces images sont devenues essentielles à l’image de qui il était réellement.

Ce sont les façons dont il a esquivé le partage de qui il était et a utilisé l’humour pour se dérober,mais aussi ensuite s’est investi dans cette déclaration révélatrice et intime et réfléchie et profonde.Paul et moi parlions de notre conflit et de notre dynamique et de son malaise face à notre relation devant la caméra. Et je pense que c’était cathartique pour lui et utile de simplement l’exposer au grand jour devant d’autres personnes, et il l’a fait d’une manière souvent très drôle.

Les esquives de Reubens sont fascinantes, son expérience de l’improvisation et sa maîtrise de la comédie étant pleinement exposées alors qu’il fait des blagues et adopte des airs si rapidement qu’il est parfois difficile de dire s’il plaisante ou non – ce qui, bien sûr, est son but.

Un détail essentiel que Reubens a caché à l’équipe du film était qu’il avait un cancer, et il est décédé en 2023 avant que le projet ne puisse être achevé comme prévu.Mais son héritage et son impact sont néanmoins tissés à travers chaque partie du documentaire inachevé.

Un héritage durable

Wolf espère que le documentaire permettra de réévaluer l’importance de Paul Reubens :

J’espère que Paul sera réévalué comme un artiste qui a défini une génération. J’espère que les gens seront autocritiques quant au fait de minimiser ses réalisations artistiques à cause de ses arrestations, et, surtout, j’espère qu’une jeune génération, comme je l’ai été autrefois, découvrira son travail et en sera émue et que cela transformera qui ils sont, parce que c’est ce qui m’est arrivé, et je pense que le travail est intemporel.