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Nouvelle réglementation rapatriements UE : Migration et asile

by Sophie Bernard

Rapatriements : L’Europe Redéfinit Sa Politique Migratoire

PARIS – 9 juin 2024 – L’Union Européenne reconsidère sa politique en matière de rapatriements, une décision qui remodèle la gestion des flux migratoires. Cette proposition, présentée récemment, vise à accroitre l’efficacité des retours et à renforcer la coopération avec les pays tiers, tout en suscitant des interrogations sur les impacts sur les droits fondamentaux. Les experts analysent les stratégies européennes,alors que la mise en œuvre de cette politique promet de grands changements et risque fort d’attiser les débats à l’avenir.



Rapatriements : L’Union Européenne Redéfinit Sa Politique Migratoire

La question des rapatriements est de nouveau au center des préoccupations européennes. Une nouvelle proposition de réglementation de l’Union Européenne, présentée le 10 mars, relance le débat sur la gouvernance migratoire. ce texte vise à compléter le pacte sur la migration et l’asile,resté jusqu’à présent incomplet.

Un Nouveau Départ après Un Blocage Prolongé

La proposition précédente de refonte de la directive sur les rapatriements (2008/115/CE), avancée en 2018, a été officiellement retirée. L’objectif d’intégrer cette refonte dans le pacte n’a jamais été atteint. L’impasse entre le Parlement et le Conseil Européen a bloqué cette proposition pendant des années,illustrant la difficulté de trouver un consensus politique sur ce sujet sensible.

L’Externalisation : Pilier de la Stratégie européenne

Même sans réglementation actualisée, la Commission Européenne a clairement affiché sa stratégie politique : externaliser la gestion des flux migratoires. La création du poste de coordinateur des retours, occupé par Maritsch Maritsch, et l’attitude ambiguë envers des modèles controversés comme celui de l’Italie en Albanie, en sont des exemples.

Malgré les critiques des organisations de défense des droits de l’homme concernant l’accord Rome-tirana et sa nature extraterritoriale, ni l’ancien commissaire Johansson, ni son successeur brunner ne se sont ouvertement opposés à ce “modèle Albanie”. Ils ont insisté sur le fait que l’accord ne viole pas le droit de l’UE car il se déroule “à l’extérieur”. Cette position,bien que formellement neutre,a légitimé des expériences d’externalisation sans cadre juridique européen clair.

Mémorandums et “Soft Law” : L’Influence des Accords Informels

Les États membres pourraient s’appuyer sur des outils de “soft law” comme les mémorandums d’entente (MOU) pour gérer les rapatriements.ces outils, qui échappent à la participation démocratique du Parlement Européen et au contrôle juridique de la Cour de Justice de l’UE, pourraient avoir des conséquences néfastes pour les droits de l’homme des personnes cherchant une protection en Europe.

La nouvelle proposition de réglementation encourage cette tendance. Elle accorde aux grands États membres la possibilité de conclure des accords bilatéraux pour établir des “centres de retour” en dehors des frontières européennes, même dans des pays sans lien avec les personnes à rapatrier. Des citoyens de pays tiers pourraient ainsi être expulsés vers des lieux avec lesquels ils ne partagent ni langue, ni culture, ni lien juridique, créant de véritables “trous noirs” de protection juridique.

Accélérer les Rapatriements : Une Priorité du Pacte

La volonté de faire des rapatriements une priorité opérationnelle est confirmée par la proposition de la Commission, datée du 16 avril, d’anticiper l’application de deux règles importantes du pacte avant son entrée en vigueur en juin 2026 :

  • La possibilité d’appliquer des procédures frontalières et accélérées aux demandeurs d’asile originaires de pays avec un taux de reconnaissance moyen inférieur à 20 %.
  • La définition flexible du “pays tiers sûr” et du “pays d’origine sûr”, permettant aux États membres d’exclure des régions ou des catégories de personnes.

La Commission a également proposé une première liste commune de pays d’origine sûrs, incluant le Kosovo, le Bangladesh, la Colombie, l’Égypte, l’Inde, le Maroc et la Tunisie. Ces pays ont un taux de reconnaissance des demandes d’asile en Europe inférieur à 5 %. Cette décision favorise des pays comme l’Italie, qui a déjà inclus l’Égypte et le Bangladesh sur sa liste nationale pour faciliter le transfert des migrants en Albanie.

Si le Conseil et le Parlement Européen approuvent cette proposition, la liste de l’UE deviendrait contraignante, sans empêcher les États membres d’établir des listes plus longues. Les États membres seraient tenus d’appliquer des procédures accélérées ou frontalières pour les citoyens des pays désignés par Bruxelles. Les demandes d’asile seraient évaluées en trois mois maximum, au lieu de six, et les personnes migrantes pourraient être retenues pendant toute la procédure.

Les pays candidats à l’UE sont considérés comme aptes à être désignés comme pays d’origine sûrs, car ils travaillent à stabiliser leurs institutions et à garantir la démocratie, l’état de droit, les droits de l’homme et la protection des minorités.

Un Signal Positif de la Cour de Justice de l’UE

Malgré cette situation préoccupante, la Cour de Justice de l’UE a envoyé un signal positif. en avril dernier, l’avocat Richard de la Tour a déclaré que la simple désignation législative d’un pays comme “sûr” ne suffit pas. Elle doit être accompagnée d’un contrôle judiciaire approfondi, vérifiant la solidité des sources sur lesquelles cette évaluation est fondée. Cette position pourrait freiner la diffusion aveugle des listes de pays sûrs,en plaçant le principe de légalité au centre de la politique migratoire européenne et en limitant les rapatriements sans scrupules.

Un Pacte Menacé de Déséquilibre

Si l’objectif est de maintenir un système européen commun d’asile, le pacte ne doit pas être sacrifié au profit des rapatriements et de l’externalisation. L’architecture européenne des droits d’asile risque d’être érodée par les dérogations et les exceptions que les États membres multiplient, avec l’assentiment tacite de la Commission.

Dans ce contexte, il est légitime de se demander quel est l’intérêt d’investir des ressources, du personnel et du temps dans la construction d’un système commun, si la tendance dominante est à la détention systématique, à l’accélération au détriment des garanties et à la délégation aux pays tiers ? La réponse à cette question déterminera l’avenir du pacte, mais aussi celui des valeurs sur lesquelles l’Union Européenne et son système d’asile sont fondés.

Tableau Récapitulatif des Pays d’Origine Sûrs Proposés par l’UE

Pays Taux de Reconnaissance des Demandes d’Asile en Europe Remarques
Kosovo Inférieur à 5% Pays candidat à l’UE
Bangladesh Inférieur à 5% Figure déjà sur la liste italienne
Colombie Inférieur à 5%  
Égypte Inférieur à 5% Figure déjà sur la liste italienne
Inde Inférieur à 5%  
Maroc Inférieur à 5%  
Tunisie Inférieur à 5%  

Comprendre les Enjeux des Rapatriements en Europe

La politique de rapatriement est un sujet complexe qui soulève de nombreuses questions éthiques, juridiques et politiques. Elle est au cœur des débats sur l’immigration et l’asile en Europe. Comprendre les enjeux de cette politique est essentiel pour se forger une opinion éclairée et participer au débat public.

Les différentes Procédures de Rapatriement

Il existe différentes procédures de rapatriement, allant du retour volontaire au renvoi forcé. Le retour volontaire est encouragé par les États membres, qui proposent souvent une aide financière et logistique aux personnes souhaitant retourner dans leur pays d’origine. Le renvoi forcé est mis en œuvre lorsque les personnes en situation irrégulière ne quittent pas le territoire de l’UE de leur propre gré.

Le Rôle des Agences Européennes

Plusieurs agences européennes jouent un rôle dans la politique de rapatriement, notamment frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, et l’Agence de l’Union Européenne pour l’asile (EUAA). Frontex coordonne les opérations de retour et apporte une assistance technique et opérationnelle aux États membres. L’EUAA fournit une expertise en matière d’asile et de protection internationale.

Avertissement : Cet article fournit des informations générales sur la politique de rapatriement de l’UE et ne constitue pas un avis juridique. Pour des conseils juridiques spécifiques, veuillez consulter un avocat spécialisé en droit de l’immigration.

FAQ : Tout Savoir sur la Nouvelle Réglementation des Rapatriements

Quels sont les objectifs principaux de cette nouvelle réglementation sur les rapatriements ?

L’objectif principal est d’harmoniser et d’accélérer les procédures de renvoi des personnes en situation irrégulière dans l’Union Européenne.

Comment la notion de “pays d’origine sûr” est-elle définie dans ce contexte de rapatriements ?

Un “pays d’origine sûr” est un pays où, en principe, il n’y a pas de risque de persécution ou de traitement inhumain. La Commission Européenne propose une liste commune, mais les États membres peuvent établir des listes plus longues.

Quelles sont les conséquences pour les demandeurs d’asile originaires de pays considérés comme “sûrs” en matière de rapatriements ?

Leurs demandes d’asile peuvent être traitées plus rapidement, avec des procédures accélérées et une possible détention pendant la durée de l’évaluation.

Quel est l’impact de l’externalisation des rapatriements sur les droits fondamentaux des migrants ?

L’externalisation peut poser des problèmes de respect des droits fondamentaux si les pays tiers ne garantissent pas des conditions d’accueil et de traitement conformes aux normes internationales.

Comment la Cour de Justice de l’UE intervient-elle dans le processus de rapatriements ?

La Cour de justice de l’UE veille à ce que les procédures de rapatriement respectent le droit européen et les droits fondamentaux. elle peut être saisie en cas de litige.

Que pensez-vous de cette nouvelle approche de l’UE en matière de rapatriements ? Est-ce une solution viable pour gérer les flux migratoires ? Partagez votre opinion et cet article !

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