Zimbabwe : Mnangagwa promeut un pilier controversé au rang de major-général

Le président zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa, continue de consolider son pouvoir. Dans une décision qui suscite de vives réactions, il a promu le général de brigade Asher Walter Tapfumaneyi au rang de major-général. Cette promotion intervient peu après le retour de Tapfumaneyi à l’armée, après un passage à l’Organisation Centrale du Renseignement (CIO).

Une promotion qui interroge

Cette élévation rapide de grade, annoncée lors d’une cérémonie officielle au siège des Forces de Défense du Zimbabwe (ZDF) à Harare, alimente les critiques concernant la militarisation croissante de la politique civile dans le pays.

Asher Walter Tapfumaneyi, figure controversée, est surtout connu pour avoir fondé et dirigé “Forever Associated Zimbabwe” (FAZ). Cette entité liée au CIO est accusée d’intimidation des électeurs et d’opérations électorales parallèles visant à assurer la réélection d’Emmerson Mnangagwa.

Le rôle controversé de FAZ

Des agents de FAZ auraient été déployés massivement dans les zones rurales du Zimbabwe pour surveiller les électeurs, contraindre les communautés et compromettre l’intégrité du scrutin. Le groupe opérait en dehors du contrôle de la Commission Électorale du Zimbabwe (ZEC), en violation des protocoles électoraux constitutionnels.

Les observateurs de la SADC (Communauté de Développement d’Afrique Australe) et de l’Union Européenne ont sévèrement condamné les activités de FAZ. Leurs rapports indiquent que les centres de commandement de FAZ, situés à proximité des bureaux de vote, ont compromis le secret des votes et facilité la coercition systématique des électeurs dans les bastions du Zanu-PF, le parti au pouvoir.

Malgré ces accusations, le gouvernement zimbabwéen a toujours défendu FAZ, la présentant comme un groupe de bénévoles patriotiques.

Réintégration et récompense

La promotion de Tapfumaneyi au rang de major-général marque sa réintégration dans le commandement militaire officiel et est perçue comme une récompense pour sa loyauté envers l’élite dirigeante.

“Félicitations,Major Général Tapfumaneyi,et bienvenue au sein des ZDF. Nous sommes impatients de collaborer avec vous”, a déclaré le Commandant Général des Forces de Défense, Philip Valerio Sibanda, lors de la cérémonie d’investiture.

Tapfumaneyi a exprimé sa gratitude envers le président Mnangagwa pour cette promotion,promettant sa loyauté et son engagement envers les objectifs de sécurité nationale du président. “je suis déterminé à soutenir la vision du président et le plan du commandant pour défendre ce pays et assurer sa sécurité. Je remercie Son Excellence de m’avoir promu”, a-t-il déclaré.

Auparavant, Tapfumaneyi occupait le poste de secrétaire permanent au Ministère des Anciens Combattants de la Lutte de Libération et a joué un rôle central dans les mécanismes électoraux répressifs du Zanu-PF après 2017.

Contrer les menaces internes

Des analystes estiment que cette promotion est une contre-mesure stratégique face aux menaces internes, notamment ce que certaines sources décrivent comme une “insurrection de Geza bénie”, faisant référence au mécontentement croissant au sein du parti au pouvoir, alimenté par des éléments soupçonnés d’être alignés sur des vétérans de guerre et des factions anti-Mnangagwa.

“Mnangagwa renforce son cercle intérieur avec des agents de confiance intégrés dans les organes de sécurité”,souligne un observateur.

Depuis 1980, le parti au pouvoir s’appuie fortement sur les forces militaires et de renseignement pour conserver le pouvoir, une tendance qui s’est accentuée lors des élections de 2008 et a été consolidée par la transition assistée par l’armée en 2017, qui a évincé robert Mugabe. Les élections de 2018 et 2023 ont renforcé la fusion du parti et de l’État,avec un rôle de plus en plus direct de l’armée et des agences de renseignement dans les affaires politiques.

Avec cette dernière promotion, Mnangagwa semble déterminé à protéger sa présidence des menaces internes et externes, en s’assurant que les structures de commandement des militaires restent fermement entre les mains de loyalistes, dans un contexte de tensions sociales, économiques et politiques.

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Avertissement : Cet article fournit des informations générales sur la situation politique au Zimbabwe et ne constitue pas un conseil juridique ou financier. Consultez toujours un professionnel pour obtenir des conseils adaptés à votre situation.