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Junge Welt : Un anniversaire nécessaire (03.05.2025)

Pour l’historien Leopold Ranke, c’était « le plus grand événement naturel de l’État allemand », pour Friedrich Engels, « la première grande révolution qui ait eu lieu sur terre ». Pourtant,la Guerre des Paysans de 1525,honorée en RDA par des centaines de rues et places Thomas Müntzer ainsi que par le portrait du théologien sur le billet de cinq marks,s’est estompée dans la culture du souvenir. Les raisons sont multiples. Les deux confessions chrétiennes se méfient encore aujourd’hui de ce soulèvement anticlérical avec ses nombreuses destructions d’images et de monastères.La RFA préfère également se souvenir de la révolution bourgeoise et académique de Paulskirche de 1848 plutôt que de ce soulèvement démocratique de base, si l’on peut dire, survenu plus de trois cents ans auparavant. Il faut donc un jubilé pour rappeler la Guerre des Paysans à la mémoire. Les maisons d’édition S. Fischer, C.H. Beck et Propyläen ont saisi cette occasion et ont chacune présenté un gros volume. Avec 336 pages, « der Bauernkrieg » de Christian Pantle chez propyläen est, en termes de volume, la tentative la plus modeste de maîtriser le sujet. « Der Bauernkrieg » de Gerd Schwerhoff (C. H. Beck) nécessite 720 pages, « Für die Freiheit » de Lyndal Roper (S. Fischer) tout de même 676.

Il est compréhensible que les historiens se frottent encore les yeux avec étonnement lorsqu’ils reviennent sur l’événement de la Guerre des Paysans et se posent encore la question,même après 500 ans : qu’est-ce que c’était au juste ? Pour la professeure d’Oxford Roper,le soulèvement des paysans et des simples citoyens les plus opprimés par le servage,les corvées et les impôts arbitraires des princes visait rien de moins qu’« un nouvel ordre impérial ». Les rebelles auraient rêvé d’« un pays sans seigneurs monastiques, sans princes-évêques ». Elle cite à l’appui des écrits de paysans dans lesquels il est dit que les oiseaux devraient « manger la chair des princes » et boire leur sang. Dans les habitudes des paysans de se tutoyer et de forcer chacun dans le cortège à descendre « de son haut cheval », donc à marcher à pied, elle voit l’intention de créer une société égalitaire sans seigneurs.

La présentation de Gerd Schwerhoff s’y oppose. L’historien de l’Université technique de Dresde a présenté le plus académique des trois livres. L’annexe avec la bibliographie et les notes de bas de page comprend à elle seule environ 120 pages. Le travail acharné de Schwerhoff aboutit à la conclusion opposée, selon laquelle les paysans n’auraient « pas fondamentalement remis en question » l’ordre existant. Dans la lignée des historiens ouest-allemands, il voit dans la Guerre des Paysans un prolongement de la Réforme. Cela se reconnaîtrait déjà au fait que les soulèvements avaient leur center régional dans le sud-ouest de l’Empire, en Franconie et en Thuringe, tandis que le nord, où la Réforme n’avait pas encore pénétré, n’y avait pas participé. Pour lui,la Guerre des Paysans est davantage un prolongement de la théologie de Martin Luther,elle n’aurait pas eu de « potentiel transformateur » et n’aurait donc pas été une « véritable révolution ». Schwerhoff ne peut reconnaître qu’une « fureur anticléricale ». La domination d’un prince séculier n’aurait en revanche « presque jamais été remise en question ». Le sous-titre de son livre est néanmoins « Histoire d’une action sauvage ».

Christian Pantle, journaliste et auteur de best-sellers historiques, s’abstient quant à lui de telles interprétations globales. Sa description riche en anecdotes introduit d’abord le lecteur dans les temps modernes, balaye les préjugés, par exemple que les gens à l’époque ne savaient pas lire ou croyaient encore que le monde était un disque. Il explique que les paysans, souvent appelés à la défense du pays, étaient donc très bien entraînés militairement et armés de arquebuses et de cuirasses, au lieu de fléaux et de fourches, comme le laissent souvent croire les représentations populaires. Pantle donne également une orientation sur le nombre de personnes réellement impliquées dans les soulèvements : il devait y en avoir des centaines de milliers, tout de même deux tiers de la population masculine des régions concernées, estime-t-on. De plus,il comprime les récits confus des événements en une mesure gérable et dresse le portrait des figures essentielles,le « Bauernjörg » (Georg III. Truchsess von Waldburg-Zeil) du côté des princes par exemple ou Thomas Müntzer de l’autre.

lyndal Roper passe en grande partie sur les événements de guerre proprement dits. De l’experte en histoire sociale, nous apprenons en revanche beaucoup sur le quotidien paysan. Sur les rotations de cultures, comment le grain était stocké ou quand les semis avaient lieu. Sa présentation se structure selon les saisons et décrit par exemple un système rotatif dans lequel les paysans se relaient mutuellement dans les troupes insurgées afin de pouvoir gérer parallèlement le travail des champs. En bref, chez elle, les paysans apparaissent comme des révolutionnaires à temps partiel.

Schwerhoff contredit également cette présentation. Le simple fait que le soulèvement ait culminé en avril et mai 1525,alors que les paysans étaient particulièrement nécessaires dans les champs,serait en contradiction avec la thèse d’une « synchronisation de la rébellion et de la charge de travail paysanne ». Schwerhoff, qui, malgré le fait que les paysans aient temporairement pris des villes comme Fribourg, Stuttgart, Mayence, Heilbronn ou Wurtzbourg, rasé des centaines de châteaux et pillé des monastères, doute que leur mouvement ait jamais eu les « moyens politico-puissants » de modifier durablement l’ordre dans l’Empire, minimise également l’importance de certains protagonistes de la Guerre des Paysans.Thomas Müntzer,selon son jugement,ne pourrait « guère se voir attribuer un rôle majeur ». Le prédicateur ne se serait par exemple rendu dans la région de soulèvement du Haut-Rhin que lorsque la révolte y était déjà en cours depuis longtemps.

Les caractérisations d’autres figures de proue de la Guerre des Paysans sont également difficiles à comprendre. ainsi, le margrave Casimir de Brandebourg-Kulmbach, que Schwerhoff

La Guerre des Paysans de 1525 : Un événement oublié ?

Questions Fréquentes sur la Guerre des Paysans

Q : Qu’était la Guerre des Paysans ?

R : Un soulèvement massif de paysans allemands en 1525, motivé par des conditions de vie difficiles et des injustices.

Q : Quelles étaient les causes principales de la guerre des Paysans ?

R : Servage, corvées, impôts arbitraires, et aspirations à un ordre politique plus égalitaire.

Q : Quel était le but des paysans selon Lyndal Roper ?

R : Établir “un nouvel ordre impérial” sans seigneurs monastiques ni princes-évêques.

Q : Quelle est l’interprétation de Gerd Schwerhoff sur la Guerre des Paysans ?

R : Il la considère comme une extension de la Réforme, avec une “fureur anticléricale” plutôt qu’une véritable révolution.

Q : Qui était Thomas Müntzer ?

R : Un prédicateur impliqué dans la Guerre des Paysans, bien que Schwerhoff minimise son rôle.

Q : Comment Christian Pantle aborde-t-il la Guerre des Paysans ?

R : Il donne un récit riche en anecdotes, remettant en question certains préjugés et présentant les figures clés.

Q : Qu’a apporté Lyndan Roper dans son étude ?

R : Une analyze du quotidien paysan, de la vie, des rotations de cultures et de l’organisation des paysans.

Q : Pourquoi la Guerre des Paysans est-elle tombée dans l’oubli ?

R : Méfiance religieuse, préférence pour d’autres événements historiques, et complexité de l’événement.

Comparaison des ouvrages sur la Guerre des Paysans

| Auteur | Titre | Nombre de pages | Approche |

|—————-|—————————–|—————–|———————————————–|

| Christian Pantle | Der Bauernkrieg | 336 | Récit riche en anecdotes,démystification |

| Gerd Schwerhoff | Der Bauernkrieg | 720 | Académique,souligne l’aspect religieux |

| Lyndal Roper | Für die Freiheit | 676 | Histoire sociale,quotidien des paysans |

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