Cisjordanie : Israël relance l’enregistrement des terres, menace pour les Palestiniens
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RAMALLAH – 13 Juin 2024 – La récente décision d’israël de relancer l’enregistrement des terres en Cisjordanie soulève d’importantes préoccupations. cette initiative autorise quiconque à enregistrer des propriétés, mettant en péril les droits fonciers des Palestiniens. Cette mesure, prise dans la zone C, remet en question les titres de propriété palestiniens et pourrait faciliter l’annexion.L’analyse approfondie de cette situation controversée révèle des enjeux majeurs pour l’avenir de la Cisjordanie. Restez connectés pour en savoir plus sur les implications de cette décision.
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Cisjordanie : Israël relance l’enregistrement des terres, une menace pour les palestiniens
En Cisjordanie, une récente décision israélienne concernant l’enregistrement des terres suscite de vives inquiétudes. Jusqu’à récemment, les Palestiniens conservaient leurs titres fonciers dans l’espoir de protéger leurs biens contre les revendications israéliennes. Désormais, le gouvernement israélien permet à quiconque, y compris les colons, d’enregistrer des propriétés en Cisjordanie. Les Palestiniens doivent donc faire reconnaître leurs droits par l’État israélien, sous peine de voir leurs terres transférées à des mains israéliennes.
la reprise du registre foncier : un tournant majeur
Début juin, le gouvernement israélien a approuvé la reprise du processus d’enregistrement foncier dans la zone C de Cisjordanie, après des décennies de suspension. Cette décision a des conséquences graves pour la propriété palestinienne, car elle met fin au traitement de ces terres comme territoire occupé, les considérant de facto comme faisant partie d’Israël.
Cette initiative est perçue par certains comme une annexion rampante, modifiant le statut juridique des terres et affectant directement les droits des Palestiniens.
Contexte historique de l’enregistrement foncier
Après l’occupation de la Cisjordanie en 1967, les autorités israéliennes ont gelé le processus d’enregistrement des biens fonciers. Ce processus avait connu une phase importante après l’annexion de la Cisjordanie par la Jordanie, lorsque les autorités jordaniennes avaient permis l’enregistrement foncier. Les palestiniens ont conservé ces titres de propriété jordaniens pendant des décennies.
les accords d’Oslo dans les années 1990 ont divisé la cisjordanie en zones A, B et C. La zone A est sous contrôle civil et de sécurité palestinien, mais les forces israéliennes y effectuent régulièrement des arrestations. La zone B est sous contrôle civil palestinien, mais la sécurité est assurée par l’armée israélienne. La zone C, représentant plus de 60% de la Cisjordanie, est cruciale pour l’agriculture, les ressources en eau et les colonies israéliennes.
L’Autorité palestinienne (AP) a repris l’enregistrement foncier dans les zones A et B, mais a également produit des titres de propriété dans la zone C, bien qu’elle n’y ait aucun contrôle. Israël a maintenu le gel de l’enregistrement foncier palestinien dans la zone C, laissant ces terres sous administration militaire israélienne.
Implications juridiques de la décision israélienne
La décision de reprendre l’enregistrement foncier considère tous les titres de propriété de l’AP comme “nuls et non avenus”. Les propriétaires palestiniens n’ont donc aucune preuve légale de leur propriété devant les autorités israéliennes, à l’exception de leurs anciens titres jordaniens, souvent incomplets en raison des générations successives d’héritiers.
Cette mesure a également une implication politique majeure, car Israël ne traite plus les terres palestiniennes comme un territoire sous administration militaire, mais place l’enregistrement foncier entre les mains d’organismes gouvernementaux civils, ce qui constitue une annexion de facto.
Plus critically important encore, cela ouvre la voie à la légalisation du contrôle des colons israéliens sur ces terres.
Selon Abdallah Hammad, directeur du plaidoyer au Jerusalem Legal Aid Center (JLAC), les Palestiniens sont désormais obligés de prouver leur propriété devant des tribunaux israéliens, qu’il considère comme biaisés.
La plupart des terres en Cisjordanie sont des propriétés privées avec des documents jordaniens prouvant le paiement des impôts fonciers, mais le processus d’enregistrement n’a pas été achevé avant l’occupation de 1967. L’occupation a restreint l’accès aux terres de la zone C et a dévalué l’économie agricole palestinienne, rendant ces terres susceptibles d’être déclarées “d’usage public”. De plus, certaines terres étaient déjà des terres d’État sous le gouvernement jordanien.
la nouvelle décision permet d’enregistrer les terres inutilisées et les terres d’État jordaniennes comme terres d’État israéliennes. Auparavant,le gouvernement israélien déclarait une terre “d’usage public” et le propriétaire palestinien s’y opposait devant les tribunaux. Désormais, les terres sans titres de propriété récents ou classées comme “terres publiques” seront enregistrées comme terres d’État israéliennes, facilitant leur utilisation pour l’expansion des colonies et la légalisation des avant-postes de colons.
Hammad souligne que cette situation constitue une annexion en cours.
Conséquences pour les Palestiniens
Pour les Palestiniens, cette décision réduit encore leurs espoirs de conserver leurs terres.
Un propriétaire foncier palestinien de Taybeh, à l’est de Ramallah, témoigne sous couvert d’anonymat : “Nous avions gardé l’espoir de sauvegarder nos terres jusqu’à une solution politique, mais il semble que le seul scénario à venir soit la perte complète de nos terres.”
Il se souvient de son enfance, où sa famille cultivait le blé et d’autres céréales sur les terres à l’est de la ville, surplombant la vallée du Jourdain. Après 1967, leur travail de la terre a diminué en raison de la perte de valeur de leurs produits. Beaucoup ont commencé à travailler en Israël comme ouvriers du bâtiment, tandis que d’autres ont cherché une éducation à l’étranger.
Des familles bédouines de la vallée du Jourdain ont commencé à utiliser leurs terres pour le pâturage, ce qui a permis de protéger les terres de la confiscation par les autorités israéliennes, en particulier après leur classification en zone C dans les années 1990.
Le résident de Taybeh explique que les autorités israéliennes traitaient déjà les actes de propriété de l’AP comme de valeur secondaire bien avant octobre 2023.
En 2020, des colons israéliens ont commencé un petit avant-poste sur leurs terres orientales, classées en zone C, et ont commencé à y faire paître des vaches, repoussant les Bédouins. Lorsque des propriétaires fonciers, dont lui-même, se sont rendus sur place avec les Bédouins et ont présenté leurs actes de propriété, la police israélienne leur a dit que leurs actes de propriété palestiniens étaient inutiles et qu’ils devaient en obtenir de nouveaux israéliens.
En novembre 2020, la Direction de l’administration civile de l’armée israélienne avait déjà conseillé au gouvernement d’ouvrir l’enregistrement des biens fonciers dans la zone C de la Cisjordanie. Le quotidien israélien *Israël Hayom* rapportait que l’ancien chef des colonies israéliennes décrivait les conseils de l’administration civile comme “un moyen d’imposer la souveraineté israélienne sur toute la Cisjordanie et pas seulement dans la vallée du Jourdain”. le média israélien décrivait la proposition comme “l’étape la plus importante pour légaliser les colonies”, avec “des implications dramatiques sur le conflit sur la propriété foncière entre les Palestiniens et les colons israéliens, en faveur des colons”.
Abdallah Hammad du JLAC souligne que les conséquences de cette décision sont très sombres pour l’avenir. Elle inverse la situation, car les colons israéliens n’auront plus à demander la légalisation de leurs avant-postes, qui seront légalisés presque immédiatement, tandis que les Palestiniens seront transformés en étrangers, obligés de justifier leurs droits sur les terres de leurs familles et de leurs ancêtres.
“Quand j’entends des gens parler du risque d’annexion, je leur dis : ceci *est* l’annexion. Elle a déjà commencé et elle avance.”
Le propriétaire foncier de