Caféine et cerveau : un impact complexe, surtout pour les jeunes
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MONTREAL – 8 Mai 2024 – une récente étude de l’Université de Montréal met en lumière les effets de la caféine sur le cerveau, notamment pendant le sommeil. L’équipe de chercheurs, dirigée par Philipp Thölke et Karim Jerbi, a utilisé l’intelligence artificielle et l’électroencéphalographie pour analyser l’impact de la caféine sur l’activité cérébrale. Les résultats montrent que la caféine augmente la complexité des signaux cérébraux, favorisant un état de “criticité” qui peut perturber le repos nocturne. Cette recherche met en évidence des conséquences importantes, en particulier pour les jeunes adultes. Pour en savoir plus, plongez dans les détails de cette étude passionnante.
Le Café : Un Double Tranchant pour le Cerveau, Surtout chez les Jeunes
Une étude récente de l’Université de Montréal, publiée dans Nature Communications Biology, révèle comment la caféine affecte le sommeil et la régénération cérébrale nocturne.L’étude met en lumière les effets complexes de cette substance largement consommée.
L’Équipe de recherche
Philipp Thölke, du Laboratoire de sciences cognitives et informatiques, a dirigé la recherche. Karim Jerbi, directeur du laboratoire et chercheur à Mila – Institut québécois d’intelligence artificielle, a co-dirigé l’étude. Julie Carrier, professeure de psychologie du sommeil et du vieillissement, et l’équipe de recherche en médecine du sommeil de l’UdeM ont également collaboré.
Méthodologie : IA et EEG au Service du Sommeil
L’intelligence artificielle et l’électroencéphalographie (EEG) ont été utilisées pour examiner l’impact de la caféine sur le sommeil. Les résultats ont montré que la caféine augmente la complexité des signaux cérébraux et renforce la “criticité” du cerveau pendant le sommeil,particulièrement chez les jeunes adultes.
Le saviez-vous ? La caféine est l’une des substances psychoactives les plus consommées au monde. Son impact sur le cerveau et le sommeil est un sujet de recherche vital.
La Criticité Cérébrale : Un Équilibre Délicat
Karim Jerbi explique :
La criticité décrit l’état du cerveau qui se situe à mi-chemin entre l’ordre et le chaos. C’est comme un groupe de musique : si c’est trop calme, il ne se passe rien, mais si c’est trop fort, c’est la cacophonie. La criticité est le juste milieu,où l’activité cérébrale est à la fois organisée et flexible. Dans cet état, le cerveau fonctionne de manière optimale : il est capable de traiter efficacement l’information, de s’adapter rapidement, d’apprendre et de prendre des décisions agiles.
Karim Jerbi, Directeur du Laboratoire de sciences cognitives et informatiques
Julie Carrier ajoute :
La caféine stimule le cerveau et le repousse dans un état de criticité, où il est plus alerte, plus attentif et réactif. Bien que cela soit utile pendant la journée, cela peut facilement perturber le repos nocturne : le cerveau ne se détend pas et ne se régénère pas correctement.
Protocole de l’Étude
Pour étudier l’impact de la caféine sur le cerveau endormi, l’équipe de Carrier a enregistré l’activité cérébrale nocturne de 40 adultes sains à l’aide d’un électroencéphalogramme. L’activité cérébrale de chaque participant a été comparée lors de deux nuits différentes : une nuit où ils consommaient une capsule de caféine trois heures avant de se coucher et une autre nuit où ils prenaient un placebo aux mêmes heures.
Conseil pratique : Évitez de consommer de la caféine au moins trois heures avant de vous coucher pour favoriser un sommeil réparateur.
Résultats : Complexité Cérébrale et Ondes Ralenties
Selon Thölke :
Des analyses statistiques avancées et l’intelligence artificielle ont été utilisées pour identifier de fines modifications de l’activité neuronale.Les résultats ont montré que la caféine a augmenté la complexité des signaux cérébraux, ce qui reflète une activité neuronale plus dynamique et moins prévisible, en particulier pendant la phase de sommeil non paradoxal, qui est essentielle à la consolidation de la mémoire et à la récupération cognitive.
Philipp Thölke, Laboratoire de sciences cognitives et informatiques
Les chercheurs ont également observé que la caféine atténue les oscillations lentes, comme les ondes thêta et alpha, associées au sommeil profond et relaxant, tout en stimulant l’activité des ondes bêta, plus typiques de l’éveil et de l’activité mentale.
Jerbi explique :
Ces changements suggèrent que le cerveau reste encore plus activé pendant le sommeil et se détend moins avec la caféine. Cette modification de l’activité rythmique du cerveau peut aider à expliquer pourquoi la caféine affecte l’efficacité de la régénération nocturne du cerveau, ce qui peut avoir des conséquences importantes sur le traitement de la mémoire.
Les Jeunes Plus Sensibles
L’étude a révélé que l’impact de la caféine sur la dynamique cérébrale était significativement plus important chez les jeunes adultes (20-27 ans) que chez les participants d’âge moyen (41-58 ans), en particulier pendant le sommeil paradoxal. Cette différence pourrait être due à une plus forte densité de récepteurs d’adénosine chez les jeunes. L’adénosine est une molécule qui s’accumule progressivement dans le cerveau au cours de la journée et provoque la fatigue.
Question pour les lecteurs : Avez-vous remarqué une différence dans votre sensibilité à la caféine avec l’âge ? Partagez votre expérience !
carrier précise :
Les récepteurs d’adénosine diminuent naturellement avec l’âge, ce qui réduit la capacité de la caféine à les bloquer et à améliorer la complexité du cerveau, ce qui peut expliquer en partie l’effet réduit de la caféine observé chez les participants d’âge moyen.
Julie Carrier, Professeure de psychologie du sommeil et du vieillissement
Ces différences liées à l’âge suggèrent que les jeunes cerveaux pourraient être plus sensibles aux effets stimulants de la caféine. Les chercheurs soulignent l’importance de comprendre les effets complexes de la caféine sur l’activité cérébrale dans différents groupes d’âge et états de santé, compte tenu de sa consommation mondiale répandue.
Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour clarifier comment ces changements nerveux affectent la santé cognitive et le fonctionnement quotidien, et pour déterminer des indications personnalisées pour la consommation de caféine.
