Ôn le savait, les chauves-souris ne sont pas des mammifères comme les autres. Elles volent, se guident et chassent aux ultrasons, affichent une longévité unique et un système immunitaire sans pareil, qui leur permet de vivre avec quantité de virus. Quant à leur reproduction, les quelque 1 400 espèces de chiroptères connues offrent à ceux qui s’y intéressent un véritable festival de bizarreries. « Les femelles ont la capacité de stocker le sperme des mâles pendant des mois, de retarder l’ovulation, la fécondation, l’implantation du fœtus, le développement embryonnaire. Elles sont incroyables »s’émerveille Nicolas Fasel, chercheur à l’université de Lausanne et spécialiste de la reproduction des chauves-souris. Les mâles ne sont pas en reste, avec des sexes de taille et de forme d’une variété là encore inégalée, que le chercheur et ses collègues passent en revue depuis plusieurs années. « On est habitués à être surpris »confie-t-il.
Pourtant, la découverte des attributs des sérotines, que lui et ses collaborateurs décrivent pour la première fois dans une correspondance publiée le 20 novembre dans la revue Biologie actuellel’a cette fois étonné. Chez cette habituée des granges et greniers européens, les mâles disposent d’un pénis de 1,6 à 2 cm, entre un quart et un cinquième de leur taille. Tout aussi impressionnant, ils présentent à l’extrémité un renflement de 7,5 mm de large en forme… de cœur, et garni de petits poils. Or la vulve de la femelle mesure moins de 2 mm. « Nous avions là un problème », dit sobrement Nicolas Fasel.
Longue durée
Pour le résoudre, il a profité des installations développées par Jan Jeucken, un naturaliste amateur, à Horst-sur-Meuse, dans le Limbourg néerlandais. Une colonie de sérotines communes (Sérotine d’Eptesicus) y a investi une église, que le chercheur a truffée de caméras. De quoi surveiller, aussi attentivement que possible, les amours de ces chers mammifères volants. Il y a ajouté des observations réalisées dans un centre de soin animal ouvert à Kharkiv, en Ukraine. En tout, 97 couples ont vu leurs ébats enregistrés. Avec des résultats étonnants.
D’abord la durée : longue, indiscutablement. Typiquement, le mâle passe environ cinquante minutes sur la femelle. Mais un des couples est resté en position pendant plus de douze heures. Ladite position, « dorso-ventrale », consiste pour le mâle à monter sur le dos de la femelle, et à lui mordre le cou pour éviter qu’elle bouge. Et le pénis, alors ? Une des hypothèses voulait que son engorgement intervienne après la pénétration, bloquant les deux participants par ce que l’on nomme joliment un « verrou copulatoire ». Les images n’ont rien montré de tel. Elles ont au contraire établi que le mâle utilisait son organe « comme un bras », énonce l’article. Il écarte ainsi la membrane qui unit la queue et les pattes arrière de la femelle et s’ouvre la voie pour un contact direct du bout de son pénis sur la vulve.
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