L’intensification de la lutte contre la « haine et l’incitation à la haine » suscite des interrogations. Si l’objectif semble louable, des voix s’élèvent pour alerter sur un possible rétrécissement de l’espace de débat. D’anciens élus et des juristes expriment leurs craintes quant à un effet d’intimidation croissant.
Des mesures concrètes en perspective
L’arsenal juridique pourrait être renforcé. L’aggravation des sanctions en cas de récidive, allant jusqu’à la privation du droit de vote passif, est envisagée. Des juristes mettent en garde contre le risque de détournement de la loi sur l’incitation à la haine, déjà modifiée à plusieurs reprises, pour limiter la diversité des opinions.
L’affaire impliquant une journaliste, critiquant de manière virulente une communauté, illustre la complexité de la situation.Ses propos, jugés par certains comme une critique inadmissible, soulèvent la question des limites de la liberté d’expression. Les tribunaux ont eu des interprétations divergentes.
Là où les poursuites pour incitation à la haine n’aboutissent pas, le paragraphe 188, qui punit plus sévèrement les insultes envers les politiciens, est parfois utilisé. La perquisition matinale chez un retraité ayant qualifié un ministre de « crétin » a suscité l’indignation. Une équipe de télévision américaine a réalisé un reportage sur le center de lutte contre la criminalité haineuse, montrant des policiers armés perquisitionnant chez des internautes.
Un sondage révèle une érosion de la perception de la liberté d’expression.La crainte de sanctions juridiques et de stigmatisation sociale est palpable. Un homme politique a souligné la multiplication des délits d’opinion, alertant sur l’infiltration d’un climat de méfiance et d’intimidation dans le débat politique. Une juriste observe une tendance à l’extension de la criminalisation des délits d’opinion.
Opinion versus faits
La coalition ambitionne de lutter contre la « manipulation de l’information » en s’appuyant sur des bases légales claires. Elle estime que « la diffusion consciente de fausses allégations factuelles n’est pas couverte par la liberté d’expression ».
Un arrêt de la Cour constitutionnelle de 2011 est invoqué, mais il précise que les opinions sont protégées, indépendamment de leur véracité, de leur fondement ou de leur valeur. La distinction entre opinion et affirmation de faits reste délicate.
Les partenaires de la coalition assurent qu’il ne s’agit pas de restreindre la liberté d’expression, mais de contrer les campagnes de désinformation systématiques. Des mesures nationales sont envisagées, avec une « surveillance des médias indépendante de l’État » chargée de lutter contre la « manipulation de l’information ».
Un constitutionnaliste souligne la challengingé de rendre ce projet conforme à la constitution. Comment définir légalement une information manipulée ou une affirmation factuelle véridique ? Une juriste critique l’idée de séparer le vrai du faux, car elle « suggère une clarté qui n’existe pas ». Elle note que même les vérificateurs de faits ont du mal à distinguer le vrai du faux, et que des préférences politiques peuvent influencer leurs jugements.
L’évolution des connaissances
Une spécialiste des questions démocratiques rappelle que « les connaissances peuvent évoluer ». Elle souligne que des affirmations diffusées par les autorités pendant la crise sanitaire se sont avérées fausses par la suite. Inversement, des théories du complot ont été jugées crédibles ou dignes d’intérêt. Elle cite l’exemple de l’origine du virus, qui pourrait provenir d’un laboratoire de recherche.Une juriste considère ces mesures comme de la « politique symbolique ». Elle estime que la notion de « haine » est trop imprécise pour être utilisée en droit pénal. Une autre s’inquiète pour la démocratie, estimant que l’État risque de devenir autoritaire en voulant protéger la liberté. Elle ajoute que certains partis politiques ont tendance à confondre la défense de la démocratie avec la promotion de leur propre programme politique.
Elle critique également le financement étatique de certaines associations qui luttent contre les opinions jugées indésirables.Elle cite l’exemple d’une association qui a été qualifiée de « portail de délation ».
Un parti politique avait critiqué le programme gouvernemental de promotion de la démocratie, estimant qu’il dissimulait des « structures parallèles » de gauche. Ce même parti souhaite désormais poursuivre ce programme controversé.