Nouvelles Du Monde

Vêtements serrés, danses et questions sur l’amour qui “offensent la morale”

Vêtements serrés, danses et questions sur l’amour qui “offensent la morale”

La pression exercée par les États les plus conservateurs du Moyen-Orient sur les réseaux sociaux s’est traduite ces dernières années par des dizaines d’arrestations et de condamnations, de la prison aux coups de fouet, et une succession de fermetures de chaînes et de profils sur des plateformes telles que YouTube ou TikTok. La raison, toujours, est que son contenu porte atteinte à la moralité du pays, un « danger » que ces gouvernements ne veulent pas courir.

  1. Amir Mohammad Ahmadi et Astiaj Haghighi
    L’Iran

    Une décennie de prison pour une danse qui dure 16 secondes



Au milieu des protestations contre la mort de Mahsa Amini en septembre 2022 aux mains de la police morale iranienne pour avoir prétendument porté le voile mal placé, une vidéo a commencé à tourner où un couple a été vu en train de danser – elle avec la tête découverte – à côté de L’emblématique tour Azadi (Liberté, quel paradoxe) de Téhéran. Un enregistrement de seulement 16 secondes qui a condamné ses protagonistes, les blogueurs Amir Mohammad Ahmadi et Astiaj Haghighi, à dix ans et demi de prison chacun. La justice a considéré l’action de ces vingtenaires, également fiancés, comme une provocation pour “trouble à la sécurité nationale et diffusion de propagande” qui ne pouvait être ignorée. La vague de manifestations pour la mort d’Amini qui a déferlé sur le pays, et reçu un écho international, a également conduit le gouvernement iranien à lever les ciseaux de la censure pour couper internet et limiter l’accès à WhatsApp ou Instagram.

  1. Hassan Samama
    Irak

    Le youtuber qui parlait de relations



Le youtubeur Hassan Sajamah avait l’habitude de sortir dans la rue, micro à la main, pour sonder les autres enfants. Il les a interrogés sur sa vie amoureuse, ses relations avec sa compagne ou son garçon ou sa fille idéale jusqu’à ce qu’il y a quelques semaines, un tribunal correctionnel de Bagdad l’envoie en prison -deux ans, précisément- pour le contenu “indécent” de ses vidéos. Un autre Irakien, connu sous le nom d’Om Fahad sur TikTok, où il comptait 23 000 abonnés, a été envoyé en prison pendant six mois pour la même raison après être devenu populaire pour avoir dansé devant la caméra. Pas du tout, oui, mais avec des vêtements moulants. Les deux condamnations sont intervenues quelques jours après que le gouvernement du pays a annoncé la création d’un comité d’éthique pour trouver et juger les publications « décadentes » qui parsèment les réseaux sociaux et qui vont à l’encontre des valeurs conservatrices. En Irak, ils sont tellement convaincus de la nécessité de « nettoyer » Internet qu’ils ont même créé une plate-forme où les utilisateurs peuvent eux-mêmes déposer leurs plaintes.

  1. Omar Kamal et Hamo Beeka
    Egypte

    Un clip contre les “valeurs familiales”



Derrière le ‘mahraganat’, un mélange musical d’accords électroniques et de paroles accrocheuses, quelque chose comme du reggaeton égyptien, se cachent des chanteurs comme Omar Kamal et Hamo Beeka et cela les rendait déjà suspects aux oreilles du président Al Sisi. Mais c’est une vidéo passée de mobile en mobile des plus jeunes qui a fait tomber la justice sur eux en 2022 avec une peine d’un an de prison et une amende pécuniaire d’environ 500 euros. Dans l’enregistrement, ils sont apparus à côté d’une femme qui bougeait au son de la danse du ventre, vêtue d’une longue robe, assez pour qu’un juge conclue qu’ils étaient coupables de “violation des valeurs familiales”. Les autorités égyptiennes n’ont pas non plus apprécié le fait que les tiktokers Mohamed Hossam et Basma Hijazi parodiaient la situation des prisons du pays à travers l’écran de leurs mobiles, et eux-mêmes se sont retrouvés emprisonnés il y a quelques semaines.

  1. Salma al-Shehab
    Arabie Saoudite

    Le risque de suivre et de retweeter des militants



La censure est amorcée de ce côté de la carte avec ceux qui utilisent Internet pour aborder des questions politiques. La preuve en est ce qui est arrivé à Salma al-Shehab, étudiante à l’université de Leeds, lorsqu’elle est revenue en Arabie saoudite l’été dernier. Suivre et retweeter les commentaires de certains militants des droits était sa peine. Les vacances de cette jeune femme se sont soldées par une condamnation à son encontre pour avoir soutenu d’un simple clic “ceux qui tentent de troubler l’ordre public, de déstabiliser la sécurité et de porter atteinte à la stabilité de l’Etat”, des faits, selon un tribunal spécialisé dans le terrorisme, qui sont méritant 34 ans de prison et autant d’interdiction de voyager.

  1. Hatam Selahhor
    Afghanistan

    La fête des 20 000 abonnés qui s’est mal terminée

Il n’est pas facile pour un créateur de contenu en ligne de gagner du terrain dans un pays comme l’Afghanistan, où de nombreux jeunes ont effacé toute trace de leur présence en ligne pour échapper aux talibans après leur retour au pouvoir. Pour cette raison, Hatam Selahshor a décidé à la fin de l’année dernière d’organiser une fête à Kaboul pour célébrer l’atteinte des 20 000 abonnés sur sa chaîne YouTube. Le rassemblement s’est terminé brusquement lorsque les autorités ont pris d’assaut l’événement, arrêtant l’hôte et certains de ses amis et interrogeant quelques invités. Plus d’un des participants a perdu l’envie de continuer sur les réseaux sociaux et a opté pour l’autocensure, un autre exploit pour ce régime qui connaît très bien la puissance d’Internet.

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT