2023-10-22 23:08:26
Bleu vif, avec une ligne pointillée bleuâtre qui s’étend dorsalement le long de son très long corps, flanquée de deux lignes jaunes. C’est le dangereux ver néon.
Ce serait son nom familier, attribué parce que sa morphologie et sa couleur rappellent les lettres tordues d’une publicité lumineuse. Mais nous, zoologistes, n’aimons pas trop les noms communs, ils ne sont pas très spécifiques. Selon l’endroit où nous nous trouvons, nous pouvons commander un sandwich de Verdel, Rincha, Albacore, Sarda… et ainsi de suite jusqu’à 47 noms différents pour la même espèce, Maquereau, Scomber scombrus nom scientifique. Si je prononce ensemble ces deux mots latins, ce binôme avec lequel nous désignons les espèces, toute personne dans ce monde, quelle que soit la langue qu’elle parle, peu importe où elle vit, sait à quel poisson je fais référence.
Un pont vers le royaume des dieux nordiques
Il faut donc utiliser un binôme pour désigner le nouveau ver. Nous avons donné à notre joli ver néon un nom mythologique : bifrost Tétranemertes. Le premier terme, Tétranemertescorrespond au genre et nous donne déjà une idée du groupe auquel appartient le ver : c’est un Némertin. Le deuxième, bifrostfait référence au pont arc-en-ciel lumineux du mythologie nordique, qui s’étend entre la terre habitée par les humains et le royaume des dieux. Un chemin aussi resplendissant que le corps de la Némertine.
Les Némertins et l’animal vivant le plus longtemps sur Terre
Les némertines sont un phylum d’invertébrés comptant environ 1 300 espèces, principalement marines, même si certaines ont colonisé les rivières et les terres.
Ils ne sont pas rares parmi les algues ou sous les pierres de la côte, mais en général ils ont tendance à passer assez inaperçus. Beaucoup ne mesurent que quelques centimètres, bien qu’il existe une espèce, Une très longue file d’attentequi apparaît dans le Livre Guinness des Records de 1995 comme l’animal vivant le plus longtemps sur Terreavec jusqu’à [60 metros de longitud].
Leur caractéristique la plus distinctive est la présence d’une trompe ou d’une trompe avec laquelle ils chassent leurs proies. Le ver néon, Bifrost Tétranemertes, et toutes les espèces de leur classe, les hoplonémertines, sont de véritables « couteaux » qui transpercent leurs proies. La trompe possède un poinçon, avec sa lame et son manche – stylet et socle, pour reprendre les termes zoologiques. Avec ce stylet, ils transpercent leurs victimes, généralement d’autres vers ou de petits crustacés.
Dans ces attaques, ils peuvent perdre le stylet et dans la même trompe ils ont des poches avec des stylets de réserve, une sorte de « tiroir à couteaux ».
Puisque les piqûres seules peuvent s’avérer insuffisantes pour tuer la proie, la piqûre est généralement empoisonnée. Et il s’avère que les Némertines ont développé une importante industrie toxique, cocktails de substances mortelles.
Leurs poisons ne sont pas seulement utilisés pour attaquer, ils sont également défensifs. Les poissons adorent les vers, et s’ils en voient un marcher sur le fond marin (ou sur l’hameçon d’un pêcheur), ils s’y rendent. Mais s’il s’avère que le ver est un némertin, ils le jettent du menu et ne l’essayent pas non plus. S’ils les mangent par erreur, ils les recrachent rapidement.
Parce que? Cela a à voir avec les couleurs vives qu’ils affichent, celles qui donnent l’impression d’un festival.
Attention : je suis dangereux
Quelles sont ces couleurs vives qui donnent l’impression d’un festival ? De nombreux animaux, notamment les guêpes et les salamandres, utilisent des combinaisons de couleurs qui les rendent particulièrement attrayants. Ils ont une coloration aposématique et d’avertissement. Et que préviennent-ils ? Eh bien, ils sont dangereux.
Certaines sont toxiques, comme les némertines. D’autres, comme le poisson-clown, ne le font pas, mais vivent avec une anémone piquante. Et enfin, il y a ceux qui se montrent « arrogants », qui prétendent être dangereux, alors qu’en réalité ils sont inoffensifs. J’ai vu une femme courir d’une terrasse, terrifiée par les guêpes… au vol d’une mouche qui les imite, une syrphe. Cet acte consistant à prétendre être quelqu’un que l’on n’est pas est connu sous le nom de mimétisme batesien, en l’honneur d’Henry Walter Bates, qui l’a observé au 19e siècle chez les papillons amazoniens.
Sept d’un seul coup
Le titre vous semble familier ? Vient de Le courageux petit tailleur, le conte des frères Grimm. Le petit tailleur a brodé cette phrase sur sa ceinture pour commémorer son exploit en tuant les mouches : « Sept d’un seul coup ». Il ne s’agit pas raconte l’histoiremais c’est une bonne devise pour présenter notre travail, puisque nous avons décrit sept nouvelles espèces de némertines.
Parmi eux, le plus frappant est le ver néon (bifrost Tétranemertes), qui vit dans les Caraïbes. Les six autres ont été découverts dans des endroits aussi éloignés que le golfe du Mexique, Oman ou le Japon. Dans les eaux espagnoles de la mer d’Alboran, nous avons collecté les espèces typiques du genre, Tétranemertes antoninaqui pouvait traverser un long fil rougeâtre épais et dont l’étude moléculaire a permis de l’attribuer au genre Tétranemertes la nouvelle espèce.
Bien qu’il puisse sembler que cette fin ait la touche seuillienne du « Je vais parler de mon livre », ceux d’entre nous qui se consacrent aux « bizarres » doivent s’efforcer d’enseigner quelque chose de plus sur les espèces les moins connues. Pour approfondir notre faune némertine, vous trouverez de nombreuses informations dans le Thèse de doctorat d’Alfonso Herrera-Bachilleroù toutes les espèces de nos eaux sont représentées.
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