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“Un orage parmi les plus exceptionnels”, deux chasseurs d’orages du Var racontent leur expérience après la nuit du 16 août

“Un orage parmi les plus exceptionnels”, deux chasseurs d’orages du Var racontent leur expérience après la nuit du 16 août

Après les épisodes pluvio-orageux qui ont touché les départements du Var et des Bouches-du-Rhône, deux chasseurs d’orages, des photographes fascinés par ces événements météorologiques, racontent cette nuit marquante et reviennent sur leur passion.

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Pendant que certains étaient effrayés par les violents orages qui ont zébré le ciel du Var et des Bouches-du-Rhône, d’autres se réjouissaient de pouvoir prendre des clichés exceptionnels et foudroyants. Ils sont ce qu’on appelle plus communément des chasseurs d’orages.

Ce météorologue de Brignoles dans le Var a déjà “près d’une quinzaine d’années” de chasse d’orages derrière lui, à seulement 26 ans. “J’étais passionné depuis tout petit par les orages donc dès que j’ai eu un peu de matériel, je me suis lancé”se souvient-il.

Malgré ses nombreuses années d’expérience derrière lui, cette nuit du 16 au 17 août 2022, il a vécu une “expérience phénoménale”. Il avait préparé son plan de chasse depuis quelques jours : “Le but c’est d’intercepter l’orages et d’anticiper les axes routiers à prendre pour ne pas être sur des routes inondées.”

Sa longue nuit a commencé à plus de 150 km de chez lui dans la “petite Camargue”, près du Grau-du-roi. Arrivé vers 21h45, il sait rapidement où se placer pour capturer les premiers impacts de foudre : un endroit avec une vue dégagée, hors de la pluie. “Je connais bien le secteur comme c’est près de chez moi”, explique-t-il.

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Etre du coin ne fait pas tout ! Sur place, dans un rayon d’une dizaine de kilomètres, il retrouve une vingtaine de chasseurs d’orages. “Et pas que des Français !, ajoute-t-il, jel y avait aussi des Allemands et des personnes venues du nord de l’Europe.” Ces passionnés n’hésitent pas à conduire des heures durant pour prendre les photos les plus spectaculaires. Cette fois, c’était un orage à ne pas manquer.

C’était une situation extrêmement propice pour les chasseurs d’orages. La mer Méditerranée a été surchauffée par les vagues de canicule, elle est donc beaucoup plus chaude que d’habitude. Quand de l’air froid arrive de l’altitude, ça crée un différentiel thermique qui contribue à faire des orages qui vont exploser très violemment.

Le chasseur d’orages est impressionné par le nombre d’impact au sol. Mais pas le temps de s’attarder, il ne faut pas prendre de retard sur l’orage qui se déplace ! Contraint de passer à travers la cellule de l’orage, il essuie quelques (grosses) gouttes de pluie sur la route.

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Au milieu de la nuit, le voilà posté à Fos-sur-Mer. “Là, on a vu le roi des orages, un orage appelé surpercellulaire, capable de produire des tornades et des grelons extrêmement gros”, se souvient-il. Près du dépôt pétrolier de la ville, Yohan a assisté à “un déluge de foudre”.

J’ai rarement vu ça ! Quasiment toutes les 5 secondes, un coup de foudre !

A une cinquantaine de mètres devant lui, un arbre se prend un impact. “Il y a eu un flash terrible et un fracas énorme”, raconte le chasseur d’orages. La tension monte dans les rangs des photographes. “On n’avait pas vraiment peur mais ça devenait oppressant”, explique-t-il.

Yohan Laurito se remet en route pour arriver au petit matin à Hyères dans le Var. “Le but était d’arriver au lever du jour, indique-t-il. La région de Hyères est propice aux tornades et au petit matin, en général, c’est d’une puissance plus marquée.”

Mission accomplie, le chasseur d’orages décroche plusieurs clichés dont il est très fier. “Il y a eu des grappes de foudre terrible, ça tombait partout il n’y avait pas de règle ! Au lever du soleil, on a vu des couleurs fantastiques en jaune vif très puissant”, raconte-t-il.

Après cette nuit de chasse, l’orage est reparti vers le large de la mer, laissant les photographes se remettre de leurs émotions. Pour Yohan, c’est certain, il a vécu “un orage particulier comme on en voit pas souvent”.

A peine après avoir rattrapé quelques heures de sommeil et partagé ses meilleurs clichés sur les réseaux sociaux, le chasseur d’orages varois repart déjà : “Je dois vous laisser, il y en a un qui gronde à moins de 20 km de chez moi !” Même si ce n’est pas “le mastodonte” de la nuit du 16 au 17 août, Yohan reste enthousiaste à l’idée de faire de nouvelles photos.

Olivier Foucaud sillonne depuis plus de treize ans sa région, la Provence-Alpes-Côte-D’Azur, pour photographier les orages. Ce n’est pas son métier, même s’il aurait aimé que cela le soit, mais bien une passion dont il ne se lasse pas.

“Dès l’âge de huit ans, je montais sur le toit de notre maison pour observer les phénomènes météorologiques. J’étais curieux de comprendre”, se rappelle le chasseur d’orages. Aujourd’hui, à 44 ans, il n’escalade plus son toit mais roule des dizaines de kilomètres pour voir la foudre au plus près.

Ce qu’il aime c’est la diversité des orages, leurs couleurs, leurs structures. Et pour observer cela, il le reconnait : “Parfois on a tendance à se mettre en danger”. Cette passion n’est pas de tout repos et sans risque. Il se souvient : “jel y a quelques années, la foudre est tombée à 500 mètres de moi et je suis tombé par terre, j’étais conscient mais sonné“.

Cet incident ne l’a pourtant pas empêché de continuer, mais il met en garde les amateurs qui veulent se lancer : “Il faut s’intéresser à la météo et rester humble. Et toujours garder en tête que la foudre fait des morts“.

Quasiment chaque matin, il regarde météo ciel pour avoir toutes les prévisions orageuses et suit les précisions jour par jour. Pour se déplacer, il ne part jamais sans ses trois sacs : “L‘un me sert pour vivre : j’ai une tente, un réchaud, des vivres, car je passe de longs moments, voire des nuits, dehors“, explique t-il.

Les deux autres servent à mettre ses vêtements et tout son matériel avec ses deux appareils photos, sa Gopro et ses trépieds. Il doit être capable de déployer tout son matériel en moins d’une minute, car “c’est parfois une histoire de seconde pour photographier les éclairs“, quand d’autres fois, il faut attendre plusieurs heures, jusqu’à parfois revenir bredouille. Il a appris sur le tas et avec les années.

L’orage qui l’a le plus marqué remonte à 2015, sur la côte varoise, son département d’origine. “Il avait une forme en V, j’étais très impressionné par l’impact de sa puissance et par la luminosité“, détaille t-il. Mais l’épisode orageux qui a sévi de la Camargue jusqu’à Saintes-Maries-de-la-Mer, ce 16 août l’a particulièrement marqué. Il compte parmi “les plus exceptionnels“, qu’il ait jamais vu. Comme Yohan, Olivier s’en souviendra longtemps.

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