Le système de guide intelligent Clotild (Sensome), qui utilise intelligence artificielle (IA) pour fournir des informations en temps réel sur la composition des caillots, se révèle très prometteur dans la première étude CLOT OUT sur l’homme, selon Hal Rice (Gold Coast University Hospital, Southport, Australie). Rice a parlé de cette nouvelle technologie et du potentiel qu’elle offre dans procédures de thrombectomie endovasculaire utilisant la spectroscopie d’impédance électrique au LINNC Paris 2022 (30 mai-1er juin, Paris, France).
Le présentateur a commencé par noter que l’effet de premier passage est “très important” dans cet espace, augmentant la probabilité d’un score de thrombolyse dans l’infarctus cérébral (TICI) 3 et un “excellent résultat clinique” pour le patient. Rice a noté que des études récentes ont également confirmé que la composition du caillot a également une incidence significative sur les résultats des patients. Les thrombus riches en globules rouges, par exemple, sont plus sensibles à l’embolisation distale, tandis que les thrombi riches en fibrine et riches en plaquettes peuvent être plus difficiles à éliminer mais ont également moins de chance d’emboliser de manière distale.
Passant à la discussion sur la technologie Clotild, Rice a noté son microcapteur unique et “très intelligent”, qui mesure 2 mm et effectue des mesures d’impédance qui sont transmises à la tablette Cloviz via un émetteur Bluetooth, fournissant un aperçu en temps réel de ce que le caillot ressemble, et la longueur de l’occlusion. Cela se traduit par le fait que le capteur fournit des mesures d’impédance plus élevées dans les caillots riches en globules rouges et des mesures d’impédance plus faibles pour les caillots riches en fibrine, a-t-il ajouté, signalant une “très bonne différenciation” entre les deux.
Rice a déclaré que, grâce aux neuf capteurs de l’appareil, disposés en trois rangées, il est également capable d’identifier les caillots qui ont une composition “mixte” – qui peuvent contenir des quantités substantielles de globules rouges, de fibrine et de plaquettes dans leur composition – ceci étant signifié par différentes lectures d’impédance entre les différents groupes de capteurs.
Il a ensuite précisé que le dispositif Clotild utilise une base de données centrée sur des caillots de composition connue. Cette base de données a été utilisée pour former un modèle d’apprentissage automatique capable de reconnaître différentes compositions, qui est ensuite capable de prédire la composition dans des caillots inconnus, a rapporté Rice. Il a également affirmé que cette utilisation de la spectroscopie d’impédance électrique présente un nouveau moyen de caractériser les occlusions lors d’un AVC, les données ayant montré une cohérence continue à travers ex vivola recherche animale et les premières recherches sur l’homme jusqu’à présent.
La prochaine partie de la présentation de Rice a porté sur l’essai CLOT OUT, qui est la première étude sur l’homme évaluant la sécurité du système de fil de guidage intelligent Clotild. La formation et la validation du modèle de prédiction susmentionné via une base de données est également un objectif clé de CLOT OUT, a-t-il noté. L’étude multicentrique à un seul bras commencé fin 2021, se déroule à travers l’Australie et l’Europe et a l’intention de recruter environ 100 patients atteints d’un AVC ischémique aigu d’origine M1 afin de collecter un total de 60 caillots. Fournissant une mise à jour sur le statut de CLOT OUT, Rice a déclaré que l’essai avait recruté 11 patients à ce jour, aucune complication liée au dispositif n’ayant été observée dans ces cas terminés, et la première réunion du comité de surveillance de la sécurité des données a récemment recommandé la poursuite de l’étude.
Concluant son discours, Rice a déclaré que cette technologie “excitante” s’apparente à d’autres innovations en matière de soins de l’AVC comme la robotique et l’administration de thrombolytiques après la thrombectomie. “En plus de ce que nous voyons sur un angiogramme ou que nous ressentons en termes de résistance lors d’une procédure, ce fil signifie que nous obtenons désormais également des informations physiologiques incroyables”, a-t-il poursuivi. “Il s’intègre également très bien dans nos flux de travail actuels de thrombectomie mécanique, avec très peu de retard pour ces procédures urgentes.” Ici, il a signalé que le déploiement du dispositif Clotild ajoute moins de cinq minutes au flux de travail global de la thrombectomie.
Rice a également fait brièvement allusion à de futures applications au-delà de la composition et de la longueur des caillots, comme dans l’analyse de la paroi vasculaire pour élucider d’autres caractéristiques clés d’occlusion comme le contenu des muscles lisses et le cholestérol, identifiant peut-être des caillots qui sont en fait des lésions d’athérosclérose intracrânienne (ICAS), et non des occlusions thromboemboliques.
“Ces paramètres peuvent vraiment aider à guider la procédure de thrombectomie mécanique et potentiellement augmenter l’effet de premier passage à l’avenir”, a-t-il déclaré. “Nous n’en sommes qu’au début, avec 11 patients sur 100 inscrits, mais la technologie est définitivement très prometteuse.” Le dispositif Clotild et son potentiel ont été bien accueillis au LINNC, Jacques Moret (Hôpital universitaire Bicêtre, Paris, France) notant qu’il s’agit d’une utilisation “fascinante” de la haute technologie qui peut aider à répondre aux questions concernant ce qui se passe distalement à un caillot suite à sa suppression. Ce point a été repris par Vitor Pereira (St Michael’s Hospital, Toronto, Canada), qui a ajouté que le dispositif a le potentiel d’améliorer les taux de recanalisation de premier passage en « apportant la médecine personnalisée au monde de la thrombectomie ».
