Souverains en première mi-temps, les joueurs catalans ont ensuite traversé un trou d’air avant de résister héroïquement jusqu’à la fin du match (victoire 14-10).
On comprend le public catalan d’Aimé-Giral, plein d’enthousiasme lorsqu’il s’agit d’encourager cette équipe de l’USAP, version 2021-22. Elle joue avec ses tripes, son cœur, pour livrer des batailles d’une folle intensité. Celle de ce samedi, face aux Castrais, derniers finalistes du Top 14, a fait chavirer de bonheur les 12 212 spectateurs présents. Ils n’ont pas été déçus de la prestation livrée par Mathieu Acebes et ses copains, auteurs d’une première période parfaite dans sa gestion, sa construction et sa réalisation. 14-0 à la mi-temps, l’USAP maîtrisait son sujet, jouait le même registre que la semaine dernière face à Toulon. Et puis la mécanique se grippa. L’arrivée en force d’un banc de touche complet, les sept remplaçants appelés à jouer d’un seul coup (45e), où les armes de destruction massive ne manquaient pas (Barlot, Staniforth, Delaporte, Hounkpatin) fit passer un frisson sur l’échine des supporters catalans. Le combat, soudain, changea de physionomie. Labouteley repoussa une première fois l’échéance en chipant un ballon à l’alignement tarnais, dix mètres à peine devant la ligne catalane (58e). Mais l’USAP, réduite à défendre, reculait, souffrait, poussée à la faute par les assauts répétés des avants du Castres Olympique. Et ce qui devait arriver arriva. À vingt minutes de la fin de la rencontre, le demi de mêlée uruguayen Santiago Arata trouva l’ouverture dans la défense catalane, parvint à servir l’un des entrants, le centre fidjien Andrea Cocagi qui fila entre les poteaux perpignanais. Avec la transformation de Dumora, l’écart se réduisait (14-10). Il aurait même pu se chiffrer à un tout petit point si la pénalité suivante de l’arrière castrais n’avait pas fui les poteaux perpignanais (62e). On voyait se profiler à l’horizon de ce match un scénario similaire à celui de 2020-21, lorsque Castres coiffa l’USAP dans les dernières secondes du match (19-20). Mais l’équipe sang et or a du caractère. Elle s’accrocha, s’arc-bouta en défense, repoussa la menace, pour finalement empêcher Castres de repartir d’Aimé-Giral avec la victoire.
Goutard gagne le dernier duel
“Je suis fier de ce qu’a réussi cette bande de copainsavouait le numéro 8 du soir, Lucas Velarte, au cœur du combat tout au long de la rencontre. Cet état d’esprit nous a permis de ne pas craquer. On ne lâchera rien, et on se battra jusqu’à la fin, comme la saison dernière.” Mathieu Acebes, son capitaine, jouait la même partition. “La différence s’est faite sur l’état d’espritdisait-ilface à une équipe à fort caractère. Si nous avons eu peur quand tous leurs remplaçants sont rentrés ? Le staff avait anticipé, et nous avait prévenus de la stratégie que Castres allait mettre en place. Quand tu vois ces mecs, mes coéquipiers, s’entraîner comme ils le font toute la semaine, tu te dis qu’ils méritent d’être récompensés de leurs efforts.” Et Acebes de conclure par une petite pique. “On nous envoie déjà en Pro D2, on entend beaucoup de critiques sur notre équipe, mais elles vont resserrer notre groupe.”
Castres tire sa dernière cartouche. La sirène a retenti lorsque Dumora sert Nakosi sur son aile. Mais Boris Goutard, le jeune arrière arrivé de Narbonne cet été, rentré sur la pelouse cinq minutes auparavant, expédie le puissant Fidjien en touche sans se poser de questions. “J’ai pensé à cette action auparavantavoue Goutard. Je me suis dit qu’ils allaient jouer dans cette zone de marque, et j’ai navigué entre Dumora et Nakosi.” C’est fini. Aimé-Giral explose, fière de son équipe et du caractère qu’elle démontre à chaque sortie. Exemplaire.
