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Sarcelles : des étudiants en urbanisme découvrent le Grand Ensemble

Sarcelles : des étudiants en urbanisme découvrent le Grand Ensemble

La place de France inspirée de la place Saint-Marc à Venise, des immeubles construits avec de la pierre de Saint-Maximin (Oise), celle-là même utilisée pour édifier le château de Chantilly (Oise) ou la place des Vosges à Paris, des références à l’architecture de Le Corbusier… C’est ça aussi Sarcelles. Si les étudiants en master II d’urbanisme de l’université Paris-Ouest-Nanterre (Hauts-de-Seine) doutaient de la richesse patrimoniale de la ville, les membres du collectif « Made in Sarcelles » leur ont démontré la valeur de celui-ci. Ils ont organisé mardi avec leur enseignante, sociologue-urbaniste Marie-Hélène Bacqué, une visite du Grand Ensemble, un des premiers réalisés en France, après l’appel de l’Abbé Pierre, en février 1954.

« Notre but est de valoriser notre ville, montrer son potentiel et sa richesse patrimoniale. Ces étudiants sont amenés à devenir des urbanistes. Ce que l’on fait là aura peut-être une incidence dans leur travail », explique Nabil Koskossi, cofondateur du collectif Made in Sarcelles, intarissable sur l’histoire du Grand Ensemble. « Cette ville nouvelle a été conçue par l’architecte Jacques-Henri Labourdette dans son ensemble avec les immeubles, les rues, les plantations d’arbres, les écoles, les centres commerciaux de quartier », explique-t-il. Avec 12 300 logements, soit 40 000 habitants, adossée à la ville déjà existante qui recense 8 000 habitants, elle concentre sur 20 % du territoire communal 65 % de la population. « C’est vraiment une ville mosaïque de cultures, de langues avec plus de 90 nationalités représentées », indique Frédéric Meynard, directeur général adjoint aménagement et politique de la ville.

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« La durée de vie des logements sociaux est aujourd’hui très inférieure à ceux du départ »

Au cours de leur visite guidée, les étudiants s’interrogent sur la suffisance de places de stationnement, l’existence de pistes cyclables, s’étonnent de la quiétude du parc Kennedy, îlot de fraîcheur avant l’heure, ou encore des maisons Castors, celle des pionniers du quartier, qui font face à des immeubles dont certains ont été réhabilités et agrandis intelligemment sans dénaturer le bâtiment, découvrent l’état dégradation des copropriétés. « On les reconnaît avec les volets mal entretenus », explique Nabil.

Ils constatent l’aberration de certaines démolitions reconstructions. Certains bâtiments en pierre de taille ont été détruits au profit de constructions de moins bonne qualité. « Aujourd’hui, nous sommes incapables de construire des logements aussi grands, aussi lumineux et de telle qualité. C’est un vrai problème que les urbanistes ont pointé du doigt », souligne Marie-Hélène Bacqué. « La durée de vie des logements sociaux est aujourd’hui très inférieure à ceux construits au départ », renchérit Nabil Koskossi.

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« Il ne faut pas reproduire les mêmes erreurs »

Une opération qui semble avoir séduit les étudiants. « Il y a beaucoup d’appréhension quand on entend parler de Sarcelles, mais sur place ce n’est absolument pas le cas », analyse Camélia, étudiante en master II urbanisme et aménagement. « On a tous cette image négative des grands ensembles. On se dit que c’est moche et qu’il ne faut pas reproduire les mêmes erreurs, confie Gaëlle, étudiant également. Là, on nous montre autre chose, une autre manière de faire avec des choses qui fonctionnent et d’autres pas. Il y a peut-être des clés à trouver ici dans ce qui existe. J’ai vu un mini Central Park et je ne m’y attendais pas. »

Sarcelles, mardi 21 septembre 2022. Les copropriétés sont particulièrement dégradées. LP/V.B.

Avec d’autres de leurs camarades, elles auront l’occasion de passer à l’action. « Sept étudiants vont travailler pendant quatre mois sur la réhabilitation et l’embellissement de la partie haute du Grand Ensemble, l’entrée de ville de l’avenue du 8 mai 1945, les copropriétés dégradées. Pour nos étudiants, c’est une façon de rentrer dans l’opérationnel directement », explique Marie-Hélène Bacqué.

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Le collectif « Made in Sarcelles » va continuer à prendre son bâton de pèlerin pour valoriser la ville. Il prévoit d’organiser d’autres visites. D’ici là, il participera le 11 octobre à une exposition à la maison de l’architecture à Marseille (Bouches-du-Rhône). « On assume ce chauvinisme sarcellois au même titre que Marseille », lâche avec un grand sourire Nabil.

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