Un Hommage Ému et une Disparition

Le monde de la photographie est en deuil. Sebastião Salgado, né en 1944 à Aimorés, Minas Gerais, Brésil, est décédé à Paris à l’âge de 81 ans. Le président brésilien Lula a exprimé son chagrin,le qualifiant de l’un des plus grands et meilleurs photographes que le monde ait connu. Salgado succomba à une leucémie sévère, une complication d’une forme de malaria contractée en Indonésie en 2010, lors de la réalisation de son projet Genesis (2013).

L’Œuvre d’une Vie : Migration, Famine et Travail

Avant de se tourner vers l’écologie avec Genesis, Salgado s’est fait connaître pour ses reportages poignants sur la migration, la famine et le travail. Ses images, souvent en noir et blanc, ont immortalisé des scènes marquantes au Sahel et dans la mine d’or de Serra Pelada, en Amazonie. Son travail a été largement exposé et publié,avec le soutien constant de son épouse et collaboratrice,Lélia Wanick Salgado.

• Migrations : Documentant les déplacements massifs de populations à travers le monde.
• Famine : Révélant les conséquences dévastatrices de la malnutrition et de la pauvreté.
• Travail : capturant la dure réalité des travailleurs dans des conditions extrêmes.

La Controverse Esthétique : Beauté et Souffrance

L’œuvre de Salgado n’a pas échappé aux critiques. Certains lui reprochent d’esthétiser le travail et la souffrance humaine, transformant la misère en images saisissantes mais potentiellement dérangeantes. L’essayiste américaine Susan Sontag a résumé cette critique en parlant de l’inauthenticité du beau et l’esthétisation du malheur. Ses clichés de Serra Pelada et du Koweït, où le pétrole, la boue et la sueur sublimaient ses sujets, ont particulièrement suscité le débat.

En 2008, le philosophe italien Maurizio Ferraris a pris la défense de Salgado :

S’il fallait toujours séparer souffrance et esthétique, on en viendrait à interdire la tragédie grecque.
Maurizio Ferraris, Philosophe

Incohérences Environnementales : Entre Reforestation et Bilan Carbone

À partir de 2010, les contradictions environnementales de Salgado ont été mises en lumière. Alors que le documentaire le Sel de la terre (2014) de Wim Wenders célébrait son projet de reforestation du domaine familial, le projet genesis, avec ses nombreuses expéditions, a été critiqué pour son bilan carbone désastreux.

Un Hybride Controversé : Écologie, Volontarisme et Financement Minier

En 2013, lors de l’exposition Genesis au Musée de l’Elysée à Lausanne, il a été suggéré que Salgado était devenu un hybride entre l’écolo-hélico Yann Arthus-Bertrand et Bono, pour le volontarisme apolitique et le fundraising décomplexé. Le financement de Genesis par Vale, une multinationale minière brésilienne, a également soulevé des questions éthiques.

l’œuvre de Sebastião Salgado, comme toute grande œuvre, est complexe et paradoxale. Il a célébré le clair, mais aussi une part d’obscur.

FAQ sur Sebastião Salgado

1. Quel était le projet Genesis de Sebastião Salgado ?

   Genesis était un projet photographique visant à documenter les lieux et les peuples préservés de l’influence de la société moderne.

2. Quelles étaient les principales critiques adressées à son travail ?

   Les critiques portaient sur l’esthétisation de la souffrance et les incohérences environnementales liées à ses projets.

3. Quel est l’héritage de Sebastião Salgado ?

   Salgado laisse derrière lui une œuvre puissante et controversée, qui continue de susciter le débat sur la photographie, l’éthique et l’environnement.