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Qu’est-ce que le dispositif Cœur de Ville donne ?

Qu’est-ce que le dispositif Cœur de Ville donne ?

Cœur de Ville s’inscrit aussi dans le projet Thionville 2030, qui vise à replacer la Moselle au centre des aménagements urbains. Photo Ville de Thionville – Stéphane Thévenin

Depuis 2018, la municipalité de Thionville s’appuie sur le dispositif national Cœur de Ville pour redonner dynamisme et attractivité à son hypercentre en misant sur cinq axes : l’habitat, le commerce, la mobilité, le cadre de vie et la proximité des services publics. La recette semble fonctionner. Explications.

Cœur de Ville, un bien joli nom pour un dispositif qui a su redynamiser Thionville. En quelques années, son hypercentre s’est métamorphosé. Les échafaudages sont apparus à chaque coin de rue, et les cellules commerciales longtemps délaissées se sont effacées les unes après les autres. Le cœur de Thionville s’est donc remis à battre. Or, c’est là tout l’objectif du programme gouvernemental. « Il facilite les partenariats, les financements, les investissements privés et vise à mettre en lumière un quartier en y développant des initiatives », résume Maryline Di Nardo, en charge de sa mise en application.

Pour l’heure, il regroupe 82 actions mais en verra peut-être encore d’autres prochainement. « L’État a décidé de le prolonger jusqu’en 2026 », annonce d’ores et déjà la chargée de mission. Avec la municipalité, elle va prochainement tirer le bilan de cette première phase : « Nous allons faire le point sur le plan d’actions, voir leurs avancées et ce qu’il reste à faire. Nous pourrons aussi en ajouter car on a un centre-ville en réflexion permanente ». Le prolongement de Cœur de Ville est de bon augure puisqu’il garantit le soutien financier de l’État. « Six milliards ont été engagés pour les 234 villes concernées sur la première phase et cinq autres milliards vont être débloqués pour la seconde. » Le périmètre ciblé reste celui de l’opération de revitalisation du territoire (ORT) : l’hypercentre élargi, le quartier de la gare, ainsi que la zone du Couronné artisan.

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Habitat : du neuf et de la rénovation

Pour jauger de la santé d’une ville, il faut notamment se référer à son habitat. En la matière, l’hypercentre a repris des couleurs. « Depuis 2016, 800 nouveaux logements privés et publics ont été construits ou réhabilités sur le périmètre », note avec satisfaction Maryline Di Nardo. En parallèle, la Ville a mis en place un accès à un dispositif d’Opération programmée d’amélioration de l’habitat (Opah), qui débloque des subventions pour les propriétaires et bailleurs sur tout ce qui est travaux en lien avec la précarité énergétique, la perte d’autonomie, l’habitat indigne ou très dégradé. Une aide variable qui dépend du montant estimé des travaux, ainsi que du niveau de ressources des demandeurs. Sur cet axe, la municipalité travaille avec un prestataire de services : le Calm. « C’est lui qui va à la rencontre des foyers, analyse les projets et monte les dossiers, etc. » Depuis 2020, quatre dossiers seulement ont été instruits. « Le dispositif a du mal à prendre », concède Maryline Di Nardo. Les raisons ? « Quand vous faites des travaux avec l’Anah (Agence nationale de l’habitat), le loyer doit être plafonné à un niveau plus bas que ce que permet aujourd’hui le marché privé, ce qui généralement décourage les propriétaires bailleurs. »

Les dispositifs de prime à la sortie de vacance (bien inoccupé depuis deux ans et remis sur le marché) et d’aide au ravalement de façade proposés par la municipalité ont, eux, plus de succès. « Nous avons presque atteint nos objectifs avec 78 dossiers en cours sur 100 pour la prime à la sortie de vacance », confirme Maryline Di Nardo. Autre source de satisfaction, les biens placés en état d’abandon manifeste vont être rénovés. Deux bâtisses retenaient l’attention de la municipalité : Lions Frères situé rue de Paris, qui s’est vendu au cours de l’année 2022 et fait l’objet d’un projet de réhabilitation pour accueillir logements et commerces, et l’ancien café Streiff, rue de l’Ancien-Hôpital, lui aussi revendu à un privé.

Depuis 2018, le centre-ville compte onze fermetures de commerce contre 89 ouvertures. Photo Ville de Thionville – Stéphane Thévenin

Ça bouge également du côté du centre commercial City Center – anciennement îlot Schmitt – qui va retrouver une vocation après 25 ans… de vide. « Les propriétaires ont décidé de créer 68 logements avec des patios et des terrasses offrant une vue sur le Beffroi », se réjouit Roger Schreiber, adjoint à l’urbanisme. « Le permis est purgé et les travaux vont bientôt débuter », complète Maryline Di Nardo. Un développement de l’offre en habitat qui viendra répondre à une demande croissante. « De plus en plus de jeunes Luxembourgeois et de Belges (dans une moindre mesure) cherchent à habiter à Thionville car ils ne peuvent plus se loger de manière raisonnable dans leur pays. Un phénomène qui, si on en croit les projections, ne va pas aller en s’améliorant… », glisse Roger Schreiber.

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Commerce : le retour des beaux jours

Du côté du commerce aussi, les indicateurs sont au vert. « Nous arrivons à une vacance dite structurelle de 8 %. Depuis 2018, il y a eu 89 ouvertures pour onze fermetures », constate la chargée de mission de Cœur de Ville. Thierry Ghezzi, l’adjoint au commerce, voit plusieurs raisons à ce redémarrage de l’attractivité commerciale. « L’un des gros leviers a été la création de l’Office du commerce qui permet d’avoir un guichet unique pour toutes les demandes. Il réunit les chambres de commerce et de l’artisanat, l’association des commerçants Apecet et les services dédiés au commerce de la Ville. C’est un gain de temps pour les porteurs de projets. » Il note aussi le retour des enseignes comme Starbucks et bientôt Miss Cookies, de véritables locomotives pour densifier l’offre. La problématique s’est désormais inversée. Les sollicitations des marques se poursuivent mais le centre-ville ne dispose pas de grands espaces… ce qui peut être un frein pour certaines. Récemment, c’est Esprit qui n’a pas trouvé chaussure à son pied. « L’enseigne recherchait des locaux de 300 m2, nous n’en avons pas en hypercentre », souligne Thierry Ghezzi. L’arrivée de la passerelle de l’Europe a elle aussi changé les habitudes pour l’adjoint au commerce, qui constate de plus en plus de flux en centre-ville.

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Cadre de vie : un plateau piétonnier bientôt plus fluide

Pour poursuivre sur cette voie, la Ville mise sur un meilleur cadre de vie. Elle s’y emploie à travers le développement de mobilités plus douces (bus à haut niveau de service, création de la passerelle de l’Europe, expérimentations de la piétonnisation) mais aussi d’espaces végétalisés pour rendre la ville agréable. « Nous travaillons sur la préparation du jardin éphémère. Il y a une vraie attente sur ces îlots de fraîcheur », souligne Maryline Di Nardo. Un jardin qui doit encore s’étendre de la place aux Bois aux rues de Paris, du Luxembourg et du Four Banal. L’îlot Brûlé est lui aussi en cours d’acquisition par la Ville afin de devenir un espace végétal. « L’un des axes forts de Cœur de Ville est de recréer deux lignes de vie afin de restructurer l’espace public, sécuriser la ville et la rendre plaisante pour les piétons. » La première partirait de Puzzle, puis emprunterait la rue du Vieux-Collège et la place Turenne jusqu’au quartier de la gare ; la seconde débuterait du Théâtre municipal, irait rue du marché, place Grommerch, pour se terminer au Couronné. Des études opérationnelles vont être réalisées au cours de l’année et les Thionvillois seront concertés sur ce projet. « L’objectif est de faire tomber les barrières mentales en reconnectant le plateau piétonnier à l’ensemble du territoire. »

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