- Par Valdya Baraputri et Lara Owen
- à Jakarta et à Londres
il y a 2 heures
Nasya, quatre ans, a été soignée à l’hôpital pendant trois semaines mais est décédée plus tard
Les parents dont les enfants sont morts ou ont été blessés par du sirop contre la toux contaminé ont pleuré de soulagement après qu’un tribunal indonésien ait autorisé un recours collectif.
“La lutte de mon enfant n’a pas été vaine”, a déclaré Nur Asiah, dont la fille de quatre ans est décédée l’année dernière.
Sa famille et les proches de 24 autres victimes ont porté plainte contre le gouvernement indonésien et huit sociétés pharmaceutiques.
Plus de 200 enfants indonésiens sont morts d’une lésion rénale aiguë depuis 2022.
L’Indonésie n’est pas le seul pays touché par le sirop contre la toux contaminé. Une centaine de décès ont été signalés en Gambie et en Ouzbékistan.
Une enquête se poursuit en Indonésie, mais les autorités locales affirment qu’à ce jour, aucune preuve ne montre de liens avec des cas dans d’autres pays. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a émis des avertissements concernant six sirops contre la toux fabriqués en Inde et en Indonésie.
“Je ne savais pas que ce que j’avais donné à mon enfant était du poison”, a déclaré Nur Asiah à la BBC Indonésie avant la décision du tribunal.
Sa fille Nasya s’est vu prescrire du sirop contre la toux après avoir développé de la fièvre l’année dernière. Elle est tombée très malade après avoir consommé le médicament et est décédée trois semaines plus tard à l’hôpital.
Le procès demande une indemnisation de 195 000 $ pour chaque enfant tué et d’environ 130 000 $ pour chaque enfant blessé. D’autres parents seront autorisés à se joindre au procès, a déclaré leur avocat.
“Aucune indemnisation ne compensera ce qui s’est passé. Cela ne ramènera pas mon enfant”, a déclaré Nur Asiah en larmes.
BBC Indonesia a tenté de contacter les huit sociétés poursuivies, mais toutes n’ont pas répondu avant mardi.
“Ce n’est pas approprié si la responsabilité incombe uniquement à l’industrie pharmaceutique”, a déclaré l’avocat de PT Afi Farma, dont le sirop contre la toux a été utilisé par la majorité des enfants dans cette affaire, ajoutant que le gouvernement devrait également être tenu responsable.
Une autre société, PT Universal Pharmaceutical Industries, a déclaré qu’elle utilisait le même système certifié par la Food and Drug Authority (FDA) indonésienne depuis environ 30 ans pour sa marque de sirop contre la toux et qu’elle avait acheté les ingrédients auprès d’un fournisseur approuvé par la FDA.
“Honnêtement, les entreprises pharmaceutiques sont aussi des victimes – des victimes d’un crime commis par les fournisseurs de matières premières”, a déclaré son avocat.
Un porte-parole du ministère de la Santé a déclaré qu’il travaillait sur un programme d’indemnisation.
“Nous avons fait de notre mieux en trouvant rapidement les causes, en échangeant des informations avec d’autres pays, l’OMS et en apportant des antidotes pour traiter les substances toxiques.”
Les autorités indonésiennes ont découvert que les entreprises chimiques locales utilisaient des solvants de qualité industrielle – l’éthylène glycol et le diéthylène glycol – dans le sirop au milieu d’une pénurie mondiale de solvants de qualité pharmaceutique. Les deux substances sont généralement utilisées dans les solutions antigel pour les climatiseurs et les réfrigérateurs.
