Selon trois hauts responsables informés des discussions à la suite de la dernière menace de Moscou, les responsables américains et européens pensent que Vladimir Poutine n’a pas l’intention de déployer des armes nucléaires en Biélorussie de si tôt.
Poutine a annoncé samedi qu’il prévoyait d’expédier des armes à travers la frontière pour les stocker dans une installation en construction qui sera prête en juillet. Si cela se produit, pour la première fois depuis les années 1990, les armes nucléaires de la Russie seront en dehors du territoire du pays. Poutine n’a pas donné de délai précis, mais les responsables occidentaux ont déclaré qu’ils n’avaient aucune preuve suggérant qu’il prévoyait des missions dans un proche avenir.
“Il y a des indications que le président russe a menacé d’essayer d’intimider les Ukrainiens et de détourner l’attention des pertes du Kremlin sur le champ de bataille”, ont déclaré les responsables, cités par Politico.
Des responsables des deux côtés de l’Atlantique, qui se sont exprimés sous couvert d’anonymat, ont déclaré qu’ils n’avaient vu aucun signe – comme des images satellites ou d’autres informations – que la Russie allait de l’avant avec un plan immédiat de développement d’armes nucléaires.
Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, a fait des commentaires similaires aux journalistes lundi. “Nous n’avons vu aucun mouvement d’armes nucléaires tactiques ou quoi que ce soit de ce genre depuis cette déclaration, et nous n’avons certainement vu aucune indication que M. Poutine ait pris la décision d’utiliser des armes de destruction massive, encore moins des armes nucléaires sur le sol de l’Ukraine », a-t-il dit.
Les évaluations et les commentaires des responsables américains et européens semblent minimiser les déclarations de Poutine, bien qu’ils aient précédemment mis en garde contre l’utilisation possible d’armes nucléaires par le président russe.
La Biélorussie est l’un des alliés les plus proches de la Russie et soutient l’invasion russe de l’Ukraine. Les dirigeants des deux pays ont déjà évoqué le déploiement d’armes avancées, notamment nucléaires, en Biélorussie.
Une distraction pour Bahamut
Les derniers commentaires du président russe interviennent alors que les deux parties se battent pour le contrôle de la ville de Bakhmut. Tous deux ont perdu un nombre important de soldats et de munitions au cours des dernières semaines.
Les menaces de Poutine d’envoyer des armes nucléaires en Biélorussie “visent à détourner l’attention des échecs de la Russie sur le champ de bataille”, a déclaré le responsable.
Un conseiller du ministère ukrainien de la Défense a déclaré que les services de renseignement du pays surveillaient de près les actions de Moscou, mais a déclaré que les troupes ukrainiennes continueraient de concentrer leurs efforts sur la lutte contre les forces russes dans l’est du pays.
La Russie affirme que la capture de Bakhmut ouvrira la voie au contrôle total du reste de la région industrielle stratégique du Donbass, frontalière de la Russie, qui est l’une des principales cibles de l’invasion. L’Ukraine affirme que Bakhmut a une valeur stratégique limitée, mais résiste toujours farouchement. Tout le monde en Ukraine n’est pas convaincu que la défense de Bakhmut puisse continuer indéfiniment.
La bataille pour Bakhmut a commencé il y a environ sept mois, mais ces dernières semaines, les avancées russes de trois côtés ont laissé les défenseurs avec une seule sortie vers l’ouest. Une éventuelle défaite russe dans la région aurait de graves conséquences sur le moral des deux armées, la bataille pour le contrôle de la ville – la plus longue et la plus meurtrière d’Europe depuis la Seconde Guerre mondiale – prenant une grande importance symbolique à la mesure du nombre élevé des pertes infligées et des deux côtés. Cependant, le ministère britannique de la Défense a averti qu’il existe toujours une menace d’encerclement des forces ukrainiennes par les Russes. De plus, dans sa dernière évaluation du cours des hostilités, il a souligné que ces derniers jours, les Russes avaient remporté des succès dans d’autres parties du front, plus au nord et au sud de Bahamut.
Les menaces constantes de Poutine
Au cours de l’année écoulée, Poutine a menacé d’utiliser l’arme nucléaire à plusieurs reprises. Dans un discours prononcé en septembre, il a déclaré que l’OTAN et l’Occident se livraient à un “chantage nucléaire”.
“A ceux qui osent faire de telles déclarations contre la Russie, je voudrais rappeler que notre pays possède également divers moyens de destruction”, a-t-il déclaré. “Et si l’intégrité territoriale de notre pays est menacée, nous utiliserons certainement tous les moyens à notre disposition pour protéger la Russie et notre peuple. Ce n’est pas un bluff.”
Depuis lors, les avertissements concernant l’utilisation possible d’armes nucléaires par la Russie se sont estompés et les inquiétudes des responsables occidentaux concernant les menaces de Moscou se sont également dissipées. L’un des responsables européens a alors déclaré que “c’est une autre tactique d’intimidation de la part de Poutine”.
