Bataille juridique sur le climat : Un agriculteur face à RWE
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Changement climatique : Un agriculteur péruvien a perdu son procès contre le géant de l’énergie RWE, mais le tribunal allemand reconnaît une responsabilité historique des pollueurs. Ce verdict, rendu à Hamm, concerne une action en justice initiée par Saúl Luciano Lliuya, inquiet de la fonte des glaciers. L’affaire mettait en lumière les conséquences du changement climatique et le rôle des grandes entreprises. Malgré le rejet de la plainte, le tribunal a ouvert la voie à de futures actions en justice. Pour en savoir plus sur les implications de ce jugement, continuez votre lecture.
VILLE – 8 Mai 2024 –
Bataille juridique sur le climat : Un agriculteur péruvien face à un géant de l’énergie
Il y a dix ans, Saúl Luciano Lliuya, un agriculteur et guide de montagne péruvien, a observé avec inquiétude le lac de barrage au-dessus de sa maison gonfler avec l’eau de fonte des glaciers. Craignant pour ses biens et la vie des 50 000 habitants de Huaraz, la ville située en aval, il a intenté une action en justice, avec le soutien de l’ONG allemande Germanwatch, contre RWE, l’un des plus grands pollueurs climatiques d’Europe. Il exigeait que l’entreprise contribue financièrement aux mesures de protection contre les inondations.
Le verdict : une victoire en demi-teinte
L’affaire a suscité une attention considérable. Récemment, le tribunal supérieur de Hamm, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, a rejeté la plainte. Le tribunal a estimé que le risque d’inondation glaciaire menaçant sérieusement la maison de l’agriculteur était trop faible. Plus précisément, le tribunal a évalué à environ 1 % la probabilité que l’eau atteigne la maison du plaignant dans les 30 prochaines années. Les experts du tribunal,qui s’étaient rendus au Pérou,sont parvenus à une conclusion différente de celle d’autres climatologues,qui ont qualifié le danger de très réel.
Le saviez-vous ? La fonte des glaciers andins est une conséquence directe du réchauffement climatique, menaçant les communautés qui dépendent de ces sources d’eau.
Pourquoi les plaignants se considèrent-ils toujours comme des gagnants ?
Le tribunal a établi une distinction importante entre ce cas spécifique et la responsabilité générale.Il a affirmé de manière détaillée et sans équivoque que les entreprises qui émettent de grandes quantités de CO₂, nuisibles au climat, peuvent être tenues responsables des risques climatiques en vertu du droit allemand. Cela s’applique même si les risques se manifestent loin, comme au Pérou dans ce cas. Les plaignants, autour de l’agriculteur péruvien, soulignent que cette reconnaissance explicite du tribunal est nouvelle et extrêmement importante, et célèbrent le jugement comme un grand succès, même si le Péruvien ne recevra pas d’argent de RWE dans ce cas précis.
Conseil pratique : Soutenez les organisations qui luttent contre le changement climatique et sensibilisent le public aux risques environnementaux.
le bilan climatique de RWE
Le groupe énergétique, basé à Essen, exploite encore cinq centrales au charbon et plus de vingt centrales à gaz. Il fait partie des 100 plus grands émetteurs de CO₂ au monde, responsables d’environ 70 % des émissions de gaz à effet de serre. RWE a toutefois réduit de moitié ses émissions de CO₂ au cours des cinq dernières années, à un peu plus de 60 millions de tonnes par an. C’est environ une fois et demie ce que toute la suisse émet. RWE affirme dans un communiqué que l’entreprise est la seule entreprise allemande à sortir du lignite d’ici 2030 et à devenir climatiquement neutre d’ici 2040.
Vers une jurisprudence climatique ?
La décision du tribunal allemand pourrait influencer d’autres affaires climatiques à travers le monde. Les conditions juridiques étant similaires dans de nombreux pays, il est fort possible que les plaignants et les tribunaux dans la soixantaine de procédures similaires en cours ou nouvelles se réfèrent au jugement allemand. Il est également très probable que la pression sur les entreprises qui gagnent de l’argent avec le charbon, le pétrole et le gaz augmente, car ce commerce est désormais manifestement associé à des risques juridiques. En fin de compte, il serait probablement dans l’intérêt tant des victimes du changement climatique que des responsables si les politiques mettaient à contribution tous les grands pollueurs climatiques selon les mêmes principes et utilisaient l’argent pour se protéger des conséquences du changement climatique et réparer les dommages.
comme le souligne un expert :
Il est crucial que les entreprises comprennent que leurs actions ont des conséquences et qu’elles peuvent être tenues responsables des dommages causés par le changement climatique.
Un analyste juridique spécialisé dans le droit de l’environnement
Question pour les lecteurs : Selon vous, quelle est la meilleure façon d’obliger les entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre ?