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Où vivent les personnes les plus pauvres en France ?

Où vivent les personnes les plus pauvres en France ?

« La France qui va mal, on la retrouve partout », souligne Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités. Son rapport annuel sur la pauvreté en France, dévoilé ce mardi, décrit en effet une géographie de la pauvreté assez éclatée. Celle-ci montre que les 4,8 millions de personnes les plus défavorisées (qui touchent moins de 940 euros par mois pour une personne seule*) vivent dans les grandes villes (36,5 %), ou à proximité  en banlieue (26,4 %). Viennent ensuite ceux qui résident en zone périurbaine (30,7 %) et en zone rurale (6,4 %).

Si les grandes villes abritent une forte proportion de personnes défavorisées, c’est notamment dû au fait qu’elles sont dotées de nombreux logements sociaux : « A partir des années 1960, les grandes villes qui avaient les moyens ont fait un effort massif pour construire des grands ensembles qui ont attiré les catégories les plus défavorisées », souligne Louis Maurin. Par ailleurs, la loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU), promulguée en 2000, a imposé aux grandes communes de se doter de 25 % de logements sociaux sur leur territoire. Ce qui a eu un impact sur la composition sociale de ces villes. « Certaines, qui n’avaient pas fait ce travail en faveur de la mixité sociale, ont rattrapé leur retard », souligne Louis Maurin.

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Cinq villes de La Réunion très touchées par la pauvreté

Certes, les Français les plus défavorisés n’ont pas tous accès à un logement social. Et même si la flambée des loyers dans le parc privé a touché de plein fouet les grandes villes, beaucoup de personnes pauvres continuent à y vivre. Mais elles ont accès à des logements plus petits et de moins bonnes qualité qu’il y a vingt ans. « L’emploi très concentré dans les grandes villes draine de nombreux jeunes à la recherche d’un travail », commente Louis Maurin. De nombreux immigrés pauvres qui arrivent en France s’y établissent aussi. « Car ils y rejoignent souvent une communauté », souligne le directeur de l’Observatoire des inégalités.

Les villes de plus de 20.000 habitants concentrant le plus de pauvres sont situées en outre-mer. Cinq villes de La Réunion arrivent en tête des villes où le taux de pauvreté est le plus élevé (44 ou 45 %) : Saint-Benoît, Le Port, Saint-Louis, Saint-André et Saint-Joseph. « Ces territoires sont minés par un taux de chômage très élevé et par le syndrome de la vie chère », souligne Louis Maurin. Mais on compte aussi Roubaix (Nord), qui accuse un taux de pauvreté de 43 %. Et ce en raison de la désindustrialisation de la ville, qui y a fait exploser le chômage.

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Des quartiers particulièrement défavorisés

Cette géographie de la pauvreté montre aussi que la pauvreté est concentrée dans certains quartiers des grandes villes. Comme le quartier « résidence sociale Nicéa » de Nice, celui baptisé « Pous du Plan » à Carprentras, ou encore au « Bas Vernet ancien Zus », situé à Perpignan. Des quartiers où les jeunes, les familles monoparentales et les immigrés sont surreprésentés. Et où la part des habitants sans diplôme dépasse parfois les 50 %. Le chômage et le travail précaire y sont donc plus répandus.

Concernant les villes de banlieue, celles d’Ile-de-France sont très touchées par la pauvreté : c’est le cas de Grigny (Essonne), Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) et La Courneuve (Seine-Saint-Denis). « Le manque d’emplois et de services publics ou privés compliquent encore les conditions de vie de ces personnes », constate Louis Maurin.

Les effets néfastes de la concentration de la pauvreté

Dans les zones rurales, si la pauvreté est moins forte, « elle y est parfois plus durable », constate l’Observatoire des inégalités. Notamment car elle est vécue par des retraités aux maigres ressources, qui ont peu d’espoirs de voir leur situation financière s’améliorer.

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Au final, ce tableau montre que si la pauvreté se distille dans de nombreux territoires français, elle se concentre souvent dans certaines poches. Une concentration qui est néfaste :  « Elle pèse notamment sur la réussite des enfants car la scolarisation de nombreux élèves de niveau faible qui cumulent les difficultés sociales rend plus difficile leurs apprentissages », souligne Louis Maurin. Une manière de souligner à nouveau l’importance des politiques de la ville.

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