Nouvelles Du Monde

moins fréquentées, les salles cherchent un nouveau rôle

moins fréquentées, les salles cherchent un nouveau rôle

Selon les exploitants, le nombre global de spectateurs n’a pas baissé, mais ils espacent leurs sorties dans les salles obscures. « Pourquoi les Français vont-ils moins souvent au cinéma ? » s’est interrogé le CNC début mai, dans une enquête conduite avec l’institut Vertigo auprès d’un millier de personnes. Quatre raisons surnagent : la perte d’habitude (38 %), le prix du billet (36 %), le souhait de ne pas porter le masque (33 %), la préférence pour le visionnage de films sur d’autres supports (26 %).

1 Trop chère, la place ?

Les exploitants fixent librement ce tarif. Il est perçu comme élevé, car il dépasse souvent les dix euros dans les salles de centre-ville en métropole. Mais entre ce prix maximal et le prix ordinaire, il y a un écart : une entrée au cinéma s’élève en moyenne, selon les données du CNC, à 6,70 euros, beaucoup de spectateurs bénéficiant de tarifs réduits, d’abonnements… « La place paraît chère, alors qu’elle l’est bien moins que pour d’autres sorties culturelles. Mais les gens comparent, dans leur évaluation, aux offres des plateformes », note Vincent Erlenbach, gérant de l’Utopia à Bordeaux. « Il faut continuer de monter en puissance sur les abonnements et les tarifs préférentiels pour les familles » préconise François Aymé, patron du Jean-Eustache à Pessac (Gironde) et président de l’Afcae, Association française des cinémas d’art et d’essai.

Lire aussi  Nouvelle clinique pour fournir un traitement de prévention COVID-19 aux patients immunodéprimés

Certains suggèrent de moduler les tarifs en fonction de l’affluence, à la manière de ce qui se pratique pour les concerts : rabais possibles en cas de non-remplissage.

« Le prix est forcément un frein dans le contexte actuel de forte tension sur le pouvoir d’achat. Mais une baisse n’aura que des effets limités, selon Youen Bernard, directeur du cinéma de Saint-André-de-Cubzac (Gironde). Ici, nous proposons depuis quatre ans des tarifs réduits le lundi, qui reste, malgré cela, notre jour le plus faible. »

Le sujet est sensible car le billet que vous payez est la petite pierre sur laquelle est bâti, en grande partie, le financement du septième art. 40 % va à la salle, 40 % au distributeur (Pathé, Disney, Paramount etc), 5 %, via la TVA, à l’État, 1 % à la Sacem, et 10 % au CNC, pour alimenter le fonds de soutien à l’ensemble du secteur.

2 Trop de séances chaque semaine ?

« En 2019, nous comptions 25 entrées en moyenne par séance. À présent, autour de 15… La fréquentation a sensiblement baissé, et on continue de proposer vingt à trente séances hebdomadaires pour chaque film, constate François Aymé. Les salles sont souvent vides ou clairsemées, ce qui a un coût de fonctionnement, énergétique, et nous pénalise en termes d’images : les gens disent « personne ne va plus au cinéma ». On gagnerait à organiser moins de séances mais à les programmer mieux, au bon moment, pour le bon public. »

« On gagnerait à organiser moins de séances mais à les programmer mieux, au bon moment, pour le bon public »

Les exploitants partagent en général cet avis. Pas les distributeurs, persuadés que plus il y a de séances, plus il y aura d’entrées pour un long métrage. Or pour obtenir les droits d’exploitation d’un film, une salle doit signer avec le distributeur un contrat qui impose un nombre minimum de séances.

Lire aussi  Suspect en garde à vue en lien avec des menaces proférées contre la communauté juive de San Antonio, selon l'ADL

3 Des lieux à transformer ?

« Avec le streaming, les gens peuvent voir le film qu’ils veulent, où ils veulent, quand ils veulent. Mais le cinéma conserve de sérieux atouts : l’exclusivité d’une grande partie des productions, le confort, la dimension collective. Tout cela est indispensable mais n’est plus suffisant : il faut augmenter la valeur ajoutée de la salle », estime François Aymé.

À quoi concrètement peut ressembler cette « valeur ajoutée » ? Selon quelques exploitants sondés dans la région : des locaux accueillants, un bar ou un café conviviaux, une offre soutenue en conférences, avant-premières, toujours plus de travail en réseau avec les écoles, comités d’entreprise, centres de loisirs, une relation incarnée, chaleureuse avec le public, qui passe par le conseil. « Un peu comme dans une bonne librairie », note-t-on à l’Utopia. « Il faut que les gens soient heureux de se retrouver au cinéma », résume François Aymé.

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT