Etait-ce la dernière journée de manifestation contre la réforme des retraites ? A Chartres, le cortège départemental a réuni moins d’un millier de personnes (700 selon la préfecture d’Eure-et-Loir, 800 selon notre comptage et près de 1.000 selon les syndicats), ce mardi 6 juin, dans les rues du centre-ville, pour la 14e journée nationale d’action des syndicats.
Une mobilisation en forte baisse par rapport au précédent défilé, qui avait réuni 3.000 personnes à Chartres, le 1er mai. Très loin des 10.000 manifestants enregistrés dans la capitale beauceronne, les 19 et 31 janvier derniers.
“On n’abandonne pas le combat” : moins d’un millier de manifestants à Chartres contre la réforme des retraites
Un drapeau à la main, Rémy Delépine, adhérent de l’union départementale CGT Santé d’Eure-et-Loir, constate cette faible affluence :
Il y a moins de monde ; ça sent les vacances et la fin du mouvement. La publication des deux premiers décrets d’application de la réforme des retraites, dimanche, au Journal officiel, en a sans doute démotivé plus d’un.
Dans le cortège, des participants semblent partagés entre lassitude et colère. “Il y a une vraie usure. Le gouvernement a joué le pourrissement du mouvement en refusant de nous entendre avec mépris et autoritarisme. Mais on n’abandonne pas le combat”, déclare Pierre Licout, co-secrétaire de la FSU en Eure-et-Loir et l’un des leaders du mouvement dans le département. “J’ai encore 20 ans à travailler, j’espère que je pourrai prendre ma retraite à 60 ans.”
Plus de 3.000 personnes à la manifestation du 1er mai à Chartres
Marie, éducatrice spécialisée, a débrayé trois heures pour venir rejoindre le défilé. Cette habitante de Lèves confie :
“J’ai l’impression que c’est le dernier souffle. La grève coûte cher. J’ai la chance de ne pas être obligée de perdre toute une journée de salaire. Je suis prête à continuer à me mobiliser, mais autour de moi, des gens perdent espoir.”
Marie (éducatrice spécialisée, habitante de Lèves)
Eric Jarry, secrétaire départemental du syndicat FO, ne semble pas étonné de voir la mobilisation s’effriter. “Je ne me faisais pas d’illusion. On a loupé le coche de la grève générale, en mars dernier”, estime le syndicaliste. “Si on n’a pas gagné pour l’instant sur la réforme des retraites, on a réussi à unir l’ensemble des travailleurs. C’est déjà une belle victoire qui donne de l’espoir pour les futures mobilisations.”
Près de 10.000 personnes ont manifesté en Eure-et-Loir contre la réforme des retraites
Certains se projettent déjà vers la rentrée sociale, en septembre, et même un peu plus loin. “Les braises du feu, il faut toujours s’en méfier. Le gouvernement devrait le savoir. Cela peut repartir”, lâche Chantal Lefèvre, secrétaire générale de l’Union départementale CGT. “Il y a les Jeux olympiques qui arrivent à Paris, en 2024. Cela pourrait mal se passer si la réforme n’est pas retirée.”
Hélène Bonnet
2023-06-06 19:36:00
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