Face à la Russie, menace la plus directe sur la sécurité des alliés occidentaux
, l’Otan se renforcec’est une certitude. En témoigne l’apport militaire cumulé des futurs membres suédois et finlandais : 28 500 soldats d’active, 2 300 blindés, 1 000 pièces d’artillerie, 220 chars, 175 navires et 158 avions.
En témoignent aussi les récentes déclarations allemandes, le chancelier social-démocrate Scholz promettant de bâtir la plus grande armée conventionnelle européenne au sein de l’Otan
après la mise en place d’un fonds exceptionnel de 100 milliards d’euros visant à moderniser la Bundeswehrl’armée allemande.
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L’oncle Sam à la rescousse
Joe Biden, pour sa part, a annoncé un nouveau renforcement des forces américaines en Espagne, en Pologne, en Roumanie, dans les États baltes, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Italie. Deux frégates lance-missiles en Espagne pour renforcer les quatre déjà sur place ; deux escadrons de chasseurs F-35 au Royaume-Uni pour remplacer des F-15 redéployés en Pologne ; une brigade de combat en Roumanie ; un état-major permanent de Corps d’armée en Pologne ; davantage d’artillerie, d’aviation, de défense antiaérienne et de forces spéciales dans les trois pays baltes ; des moyens de défense antiaérienne en Italie et Allemagne…
Mais ni la Maison Blanche ni le Pentagone n’ont voulu dévoiler combien de militaires américains supplémentaires allaient être, au total, déployés pour renforcer les 100 000 soldats américains déjà en Europe. En Allemagne, (635 soldats de plus) et en Italie (65), le coup de pouce n’a rien d’un coup de poing.
Du chiffre et des limites
L’arithmétique mérite toutefois d’être manipulée avec précaution, Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, le sait bien. Pourtant, il continue, lui aussi, de vouloir faire du chiffre, annonçant le 27 juin que la Force de réaction otanienne, forte de 40 000 soldats, sera portée bien au-dessus
de 300 000 militaires !
Effectivement, ce renforcement a des limites. D’une part, le saupoudrage de forces, même puissantes, induit de la vulnérabilité et réduit la réactivité. D’autre part, de telles forces ont besoin de carburant, de munitions, de pièces de rechange et de stocks conséquents ; or la situation, sur ce plan-là, n’est guère satisfaisante, étant dégradée par les livraisons massives à l’Ukraine.
Enfin, l’étalage de moyens occidentaux, surtout aussi considérables, a de quoi rappeler le (pas si bon) vieux temps de la Guerre froide. On comprend alors pourquoi la Russie n’est pas intimidée
par ce renforcement militaire, en particulier américain, en Europe, et qu’elle a déjà précisé que ce qui se passe actuellement mènera sans aucun doute, en réponse, à des mesures
de sa part.