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“L’Europe doit rester impliquée dans la mission de l’ONU au Mali”

“L’Europe doit rester impliquée dans la mission de l’ONU au Mali”

PNA

Les pays européens se détournent de la mission de l’ONU au Mali, mais il est important que l’Europe reste impliquée dans le pays. C’est ce qu’affirme le lieutenant-général Kees Matthijssen, qui jusque récemment dirigé la composante militaire de la mission de l’ONU au Mali.

“Il est bon de se rendre compte que la situation humanitaire se détériore rapidement”, déclare Matthijssen. “Au Mali, nous avons affaire à plus de 450 000 personnes déplacées, dans toute la région du Sahel plus de 3 millions. Ce nombre augmente rapidement. Si nous continuons à ce rythme à la fin de l’année, nous aurons 650 000 au Mali”.

De cette façon, une grande jeune génération grandit avec peu ou pas de perspective, dit Matthijssen. “Ils chercheront d’autres moyens d’avoir encore une perspective dans la vie. Il est tout à fait possible que nous soyons touchés par cela en Europe par le biais de la migration.”

De plus, ce groupe de jeunes vulnérables est de plus en plus sensible aux groupes djihadistes qui pourraient leur fournir des moyens de subsistance s’ils se battent avec eux, explique Matthijssen.

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Lieutenant-général Kees Matthijssen

Avec la mission MINUSMA, les Nations unies tentent de ramener la stabilité dans le pays et de surveiller les droits de l’homme. Mais cette mission est en danger. D’importants pays partenaires comme la Suède, le Royaume-Uni, la Côte d’Ivoire et l’Allemagne se sont retirés ou partent plus tôt que prévu. L’Egypte, également un partenaire important, est toujours dans le doute. Deux autres missions ont également pris fin au début de l’année dernière : la mission française Barkhane et la mission européenne Takuba.

Je pense que les Russes font tout ce qu’ils peuvent pour réduire ou contrecarrer l’influence occidentale. Et ça marche.

Lieutenant-général Kees Matthijssen

Les autorités maliennes rendent le travail de la mission de plus en plus difficile, par exemple en interdisant aux troupes de l’ONU de voler sans autorisation. Ils pensent que le mandat de la mission n’est pas assez fort et veulent que l’armée soit plus active dans la traque et l’élimination des djihadistes. En même temps, ils ont des problèmes avec les objectifs de la mission en matière de droits humains.

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“Ils veulent être respectés dans leur souveraineté, les choix qu’ils font et les intérêts vitaux du pays”, explique Matthijssen. “Dans ces conditions, toute aide est la bienvenue, mais si vous ne souhaitez pas vous y conformer, vous n’êtes pas le bienvenu.”

Un autre problème pour de nombreux partenaires de la mission onusienne est la relation de plus en plus étroite entre le régime malien et la Russie. Des mercenaires du tristement célèbre groupe russe Wagner seraient présents dans le pays avec environ un millier de soldats. Les autorités espèrent que les Russes auront plus de succès contre les djihadistes, bien qu’elles disent qu’il n’est question que de livraisons d’armes et d’entraînements militaires.

Violations des droits humains

Mais il y a un prix à payer pour cette présence : les mercenaires wagnériens seraient coupables de violations des droits de l’homme. L’armée française images publiées qui montrerait des soldats de Wagner en train d’enterrer les corps de Maliens morts. Les mercenaires russes seraient impliqués dans plus d’un tiers des 2 000 morts civiles causées par la violence.

D’un point de vue politique, cela pose évidemment des problèmes aux Maliens de choisir un tel partenaire, estime Matthijssen. “Mais je comprends très bien pourquoi les Maliens cherchaient un partenaire pour assister, conseiller et formation sur le tas offres, parce que la communauté internationale ne les a jamais proposées », déclare Matthijssen. « L’ONU ne peut pas le faire à cause de son mandat. La mission de formation de l’UE a également échoué. Les Maliens ont donc cherché un partenaire pour les aider dans ce domaine.”

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gagner de l’argent

Il est bon de distinguer l’intérêt russe de celui du groupe Wagner, dit Matthijssen. “Il y a aussi la coopération russo-malienne. Le Mali achète des trucs russes, ils ont aussi formé des officiers en Russie, par le passé. Je pense que les Russes ont un intérêt au Mali pour des raisons économiques, pour les matières premières qu’on peut y trouver, aussi simplement pour gagner de l’argent. Et je pense que les Russes font tout ce qu’ils peuvent pour réduire ou contrer l’influence occidentale. Et ils réussissent.

Le chef de la mission MINUSMA présentera prochainement un rapport d’évaluation au Conseil de sécurité de l’ONU, qui comprendra plusieurs scénarios pour l’avenir de la mission. Dans une version préliminaire du rapport divulguée dit ça la mission n’est pas viable sans personnel militaire supplémentaire, ce qui indique que l’arrêt de la mission est une option réaliste.

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