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“Les valeurs du luxe en chute sur fond de dégradation des perspectives économiques en Chine et aux Etats-Unis”

“Les valeurs du luxe en chute sur fond de dégradation des perspectives économiques en Chine et aux Etats-Unis”

[Article publié le 25 mai à 19h, mis à jour le 26 mai, 14h, avec actualisation des cours]

Cette semaine, les valeurs du luxe ont subi des baisses brutales de leurs cours de Bourse, alors qu’on les croyait invincibles. Le CAC 40 a perdu 3,1% depuis le début de la semaine, tandis qu’Hermès et LVMH ont corrigé de plus de 6 % depuis le début de la semaine. Cependant, la spirale baissière a marqué une pause ce vendredi à 14h. Hermès a repris 0,81% tandis que LVMH a augmenté de 1,31% en séance.

Les champions français du luxe ont engrangé des records successifs ces derniers temps, tel que l’Oréal avec une augmentation de 30% sur un an, LVMH de 48% et Hermès avec près de 85% d’augmentation !

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« Il y a eu un véritable engouement des marchés sur les valeurs du luxe car elles ont délivré des résultats trimestriels très positifs et ont affiché une constante croissance liée à la réouverture de l’économie et du tourisme », interpète Alexandre Hezez, stratégiste chez la banque Richelieu. Cependant, récemment les perspectives de ces valeurs ont quelque peu été assombries.

Dégradation des perspectives économiques en Chine et aux Etats-Unis

La publication de deux banques sur le secteur du luxe, Morgan Stanley et Deutsche Bank, a été à l’origine de la chute des cours boursiers. Elles soulignent l’absence de rebond sur le marché en Chine et les risques de récession aux Etats-Unis, qui font naître des doutes quant à la poursuite de la croissance du secteur. Ces constats ont provoqué un fort courant vendeur sur le secteur.

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« L’Asie et les États-Unis sont des marchés importants pour les sociétés de luxe européennes. L’Asie hors Japon représentait 30 % des ventes de LVMH en 2022, tandis que les États-Unis en représentaient 27 %. On considère que d’ici 2025, la moitié des achats d’articles de luxe devrait être effectuée par des clients chinois et 28% du chiffre d’affaires mondial sera réalisé en Chine continentale, contre 11% actuellement », confirme John Plassard, directeur chez la banque Mirabaud.

Des valeurs chères qui servent de variable d’ajustement aux investisseurs

Deutsche Bank souligne également que le secteur est fortement valorisé. LVMH et Hermès affichent des ratios cours sur bénéfices (Per), de respectivement de 26 et 52 ! « Swatch, par exemple, a une valorisation beaucoup moins chère avec un Per de 12. Donc on pourrait avoir un rattrapage de ces valeurs moins chères sur leurs concurrents qui enchaînent les plus hauts historiques. Mais il va falloir attendre les prochains résultats », avance Antoine Fraysse-Soulier, analyste chez le courtier eToro.

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« Historiquement, le luxe fait mieux que le marché en période de hausse et de baisse. Mais ces dernières semaines, on était en apesanteur sur ces valeurs. La note de Deutsche Bank a fait office de prétexte pour revenir à des niveaux plus bas », ajoute-t-il.

La baisse importante de ces valeurs est également due au poids qu’elles ont sur l’indice parisien. « Elles sont devenues des valeurs incontournables (près d’un tiers de la valeur du Cac 40, ndlr), tout le monde en a en portefeuille donc quand il y a un phénomène de mini-krach comme on a eu cette semaine dû aux tensions sur la dette américaine, les investisseurs les utilisent comme valeurs d’ajustement », analyse Alexandre Hezez.

Les investisseurs qui ont engrangé des gains importants ces derniers mois sur LVMH, Hermès et autres L’Oréal ont profité de cette période de baisse pour vendre ces valeurs et prendre leurs profits.

Toujours de belles perspectives à moyen et long terme

Pour le stratégiste de Richelieu, il n’y a pas de panique à avoir néanmoins : « Les résultats sont très bons et nous savons que la reprise de la croissance chinoise est attendue au deuxième semestre ». John Plassard partage également cet optimisme sur le secteur. Les chiffres de Bain & Compagny montrent que les consommateurs “millennials” représentent 35 % du marché du luxe en 2019, un chiffre qui pourrait atteindre 45% en 2025. De plus, il anticipe que la base de clientèle du marché du luxe pourrait atteindre 450 millions de clients en 2025, contre 390 millions en 2019. Tous ces chiffres rassurent sur la croissance future du secteur.

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Les actions plombées par les craintes sur la dette américaine

Le temps n’est pas favorable aux indices boursiers mondiaux tels que le Cac40 (-3,1% depuis lundi), l’eurostoxx 600 (-2,1%) ou le S&P500 (-1,8%), qui sont franchement orientés à la baisse. L’absence de la reprise de la consommation en Chine et les craintes de récessions en Europe et aux Etats-Unis sont également à l’origine de cette forte aversion au risque. Cependant, les discussions autour du rehaussement du plafond de la dette américaine ont surtout contribué à une forte baisse des marchés, les investisseurs craignant qu’aucun accord ne soit trouvé et que les Etats-Unis fassent défaut sur leur dette », explique Antoine Fraysse-Soulier.