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Les maladies et les soins en Corse au XVIIIe siècle

Les maladies et les soins en Corse au XVIIIe siècle

Grâce aux témoignages de médecins comme Thion de la Chaume ou Jean Stephanopoli

Les maladies et les soins en Corse au XVIIIe siècle

Grâce aux témoignages de médecins comme Thion de La Chaume ou Jean Stephanopoli, nous connaissons mieux les pathologies qui affectaient nos compatriotes à la fin du XVIIIe siècle. On lira à ce sujet l’ouvrage de Gherardi P. : Histoire des Médecins en Corse édité par La Marge édition en 1987.

La généralisation de la syphilis

La syphilis s’est largement répandue en Corse depuis l’arrivée des soldats français. En fait, cette maladie vénérienne existait sur le pourtour méditerranéen depuis son importation par les conquistadores. Les Corses l’appelaient comme les Napolitains le mal français tandis que les Français parlaient du mal anglais. Selon Thion de la Chaume qui exerça son métier de médecin militaire à partir de 1765 les « maladies dites de la galanterie » touchaient toutes les couches sociales de la population jusqu’aux membres du clergé. Le principal vecteur outre la liberté des mœurs était la multiplication des bordels et une forte hausse de la prostitution notamment dans les deux principales villes. Les principaux remèdes étaient alors le Sublimé corrosif ou les dragées du Dr Keyser composées de terre foliée mercurielle, de sucre, de gomme arabique, de guimauve en poudre et d’amidon expérimentées dans les hôpitaux militaires de la Corse.

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Les premiers vaccins

Si la rougeole était répandue elle était rarement mortelle et pourtant confondue dans ses prémisses avec la variole aussi appelée petite vérole, qui elle quand elle ne tuait pas marquait durablement les visages. Or depuis le règne de Louis XV, on connaît la vaccination qu’on appelle l’inoculation. La méthode a été introduite en Corse, en 1766, par le docteur Jean Stephanopoli, né à Ajaccio en 1733. Cela consistait à pratiquer une petite incision sur le bras et y apposer un tissu imprégné de sang variolique. Faute de savoir doser ce vaccin, beaucoup de sujets succombaient à l’expérience, mais d’autres y survivaient. Ce fut un autre membre de la famille Stephanopoli, Michel, qui initia en Corse la vaccination jennérienne, découverte par le Britannique Jenner en 1796 et introduite en France peu après par le duc de la Rochefoucald-Liancourt et qui est considérée de nos jours comme le premier succès de la médecine scientifique moderne.

Les vers et la gale

Nombreuses sont les incantations de magies blanches en Corse pour chasser les vers qui affectaient à peu près tous les habitants de l’île. Pour les combattre, les docteurs faisaient ingurgiter des mictions aux patients.

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Chirurgien et naturaliste renommé, né à Ajaccio le 28 novembre 1729, Dimo Stephanopoli fit toute sa carrière professionnelle dans le corps de santé français et nous le retrouvons en 1780 en qualité de chirurgien-major à l’hôpital militaire d’Ajaccio, en compagnie de Thion de La Chaume. Il mit au point des poudres à base de la mousse ou coraline de Corse.
Autre plaie : la gale qui est monnaie courante à Bastia, à Ajaccio et vraisemblablement dans tous les villages de l’île. L’officier du régiment de Picardie, qui participa à la conquête de la Corse, écrivait en 1777 que « chez le peuple, et surtout dans l’intérieur, ils sont tous recouverts d’une croûte de gale qui disparaît en hiver pour renaître au printemps assez régulièrement ». Napoléon Bonaparte, alors lieutenant d’artillerie, en fut lui-même atteint et qu’il fut soigné pour cette affection à l’hôpital militaire de Bastia pendant tout le mois d’août 1790. Le remède de l’époque pour détruire le petit acarien responsable de cette affection consistait en des bains presque quotidiens, du petit lait nitré, des tablettes d’onguent citrin, des décoctions de chicorée et de patience. Clin d’œil de l’histoire : c’est un médecin corse, le docteur Simon Renucci de Cozzano, qui découvrira en 1835 l’acarien à l’origine de la gale.

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Le paludisme en Corse

Les médecins insistent sur le mauvais air (la malaria) qui provoque le paludisme partout où se trouvent des eaux stagnantes. Or la plaine orientale et la région ajaccienne sont parsemées d’étangs où pullule l’anophèle femelle, vecteur du parasite responsable du paludisme. Ils notent que pour les combattre il existe dans la nature trois facteurs : le vent de la mer, celui de la terre et les saisons. Ils notent toutefois qu’il existe un autre facteur de maladies : le manque d’hygiène. Dans l’arrière ville d’Ajaccio les bouchers jettent les carcasses qui ne tardent pas à entrer en putréfaction. Les fossés de la citadelle sont remplis d’excréments. Enfin, on a la regrettable habitude d’enterrer des cadavres dans le sol de la cathédrale ce qui occasionne des odeurs pestilentielles, mais aussi des maladies qu’on met trop souvent sur le compte du paludisme. Fort heureusement, la vague hygiéniste de la fin du XIXe siècle va pourvoir à une situation qui en tous points comparables à celle qui existe dans toute l’Europe.

GXC

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