La mort de Mahsa Amini, 22 ans, détenue par la police morale en Iran en raison d’un “hijab négligemment plié”, a déclenché une vague de protestations à travers le pays et dans le monde, qui se poursuit depuis plusieurs jours.
Les Iraniens ont allumé des feux dans les rues, jeté des objets et retiré des affiches représentant les autorités religieuses. Des femmes du monde entier ont coupé leurs cheveux en signe de protestation, les États-Unis ont sanctionné la police des mœurs du pays asiatique et le président Ebrahim Raisi a attaqué Washington lors d’une réunion de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York. Des manifestations ont déjà lieu dans au moins 80 villes et au moins 17 personnes sont mortes dans la plus grande vague de troubles civils depuis des années.
Une femme a déclaré à BBC Persian que son quartier avait été transformé en “champ de bataille” et que les Iraniens étaient partis en guerre. Ces derniers jours, dans la capitale Téhéran, c’est effrayant – des citoyens ont attaqué des bâtiments de police et des voitures de patrouille. Il y a aussi un certain nombre de détenus. La police fait même irruption dans les maisons des gens, montrent des images des réseaux sociaux.
Il y a quelques jours, des manifestants ont même envahi un bâtiment administratif, grimpant sur le balcon et commençant à casser divers objets. Une femme est montée dans une voiture, a enlevé son hijab de manière démonstrative et a commencé à l’agiter pour protester contre la police des mœurs qui a arrêté Amini la semaine dernière. La femme d’origine kurde de la ville de Sakez, dans le nord-ouest du pays, est décédée vendredi dernier dans un hôpital de Téhéran après trois jours de coma.
Le président Raisi a réitéré l’affirmation des autorités selon laquelle la jeune Mahsa Amini n’a pas été battue par la police mais a subi une “crise cardiaque soudaine”. Les manifestants rejettent ces conclusions et soulignent la preuve que les policiers ont frappé la femme à la tête.
Raisi a déclaré aux manifestants que cet “acte de chaos” était inacceptable. Le président iranien a déclaré à l’Assemblée générale des Nations unies qu’il avait ordonné une enquête sur la mort d’Amini. “Il y a la liberté d’expression en Iran (…) mais les actes de chaos sont inacceptables”, a-t-il déclaré.
Les gardiens de la révolution iraniens ont appelé le pouvoir judiciaire à poursuivre “ceux qui répandent de fausses nouvelles et rumeurs” – une tentative apparente de désamorcer les tensions lors des manifestations nationales.
Le groupe kurde de défense des droits de l’homme Hengaw a publié une vidéo montrant des tirs nourris lors d’une manifestation et a accusé les forces de sécurité “d’utiliser des armes lourdes et semi-lourdes contre des civils” dans la ville d’Oshnavieh, dans le nord-ouest du pays. L’administration du président américain Joe Biden a sanctionné la soi-disant police de la moralité iranienne pour des abus et des violences présumés contre des femmes et des manifestants iraniens. Sept des dirigeants des organisations de sécurité iraniennes ont également été sanctionnés – selon le Département d’État, ils “utilisent régulièrement la violence pour réprimer les manifestants pacifiques et les membres de la société civile iranienne, les dissidents politiques, les militants des droits des femmes et les membres de la communauté bahá’íe iranienne. “
“Mahsa Amini est une femme courageuse dont la mort en garde à vue morale est un nouvel acte de brutalité des forces de sécurité du régime iranien contre son propre peuple”, a déclaré la secrétaire au Trésor Janet Yellen dans un communiqué. “Nous condamnons cet acte inadmissible dans les termes les plus forts et appelons le gouvernement iranien à mettre fin à la violence.”
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