On connaît plusieurs centres régulateurs de l’appétit dans le cerveau. D’abord, il y a l’hypothalamus, le grand chef d’orchestre qui s’occupe de la faim, du sommeil et de la température corporelle, bref de notre survie. Ensuite, le noyau du tractus solitaire, qui se trouve dans le tronc cérébral, à la base de l’encéphale. Ces deux là régulent directement la prise alimentaire en fonction du besoin nutritionnel en gros j’ai besoin de manger, j’ai faim donc je mange.
Un cerveau bombardé d’hormones
Et puis, il y a une troisième région cérébrale qui implique le circuit de la récompense… et donc le plaisir et le goût ! Ces trois centres communiquent ensemble, et reçoivent des signaux pour prévenir que la prise alimentaire est sur le point d’arriver – et ces messagers prennent la forme d’hormones. Giuseppe Gangarossa est Professeur en neurosciences à l’université Paris Cité et membre de l’Institut Universitaire de France : « … » FILS 1
Dès qu’on commence à manger, le cerveau doit être mis au courant pour lancer les étapes pour que cela s’arrête… mais quelles sont les étapes successives ? Quelle est la dynamique de ces informations dans le cerveau ? Et puis quels sont les neurones impliqués?
Regarder les neurones d’une souris en train de manger
Pour le découvrir, cette nouvelle étude a été menée chez la souris, en se focalisant sur un seul et unique centre : le noyau du tractus solitaire – pour la simple et bonne raison que c’est le premier centre à recevoir les informations du tractus intestinal soit de la bouche, l’estomac et l’intestin. En nourrissant ces souris tantôt avec du gras, du sucré, du salé ou de l’eau, les scientifiques ont analysé l’activation dans leur cerveau de deux populations de neurones. Et c’est la première fois qu’on peut observer, en image, l’activation de neurones d’un animal éveillé et en train de manger. Giuseppe Gangarossa « … »
La vitesse d’ingestion des aliments et le goût ont une influence sur la régulation de la satiété – et le premier à agir, c’est le goût ! Une démonstration qui paraît simple mais qui aurait été impossible à mener sans le recours à énormément d’outils d’ingénierie – et donc il aurait été difficile d’investiguer cette question dans un autre être vivant que chez la souris. Chez l’humain, il n’y a pas d’instruments qui nous permette ainsi d’explorer tout le panel des populations neuronales, du moins pas encore. Donc oui, ce n’est qu’un modèle murin, pas totalement transposable à notre espèce.
L’enjeu à présent est de comprendre ce qu’il se passe dans un cadre pathologique, si ces neurones ne fonctionnent plus… pour décortiquer les mécanismes et tenter d’établir des parallèles avec la régulation de l’appétit chez nous, humains – et dans certaines maladies, comme l’obésité, le diabète ou des troubles du comportement alimentaire.
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2023-12-01 09:11:15
