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Le transfert d’un joueur de squash vers l’Angleterre montre l’exode des athlètes égyptiens

Le transfert d’un joueur de squash vers l’Angleterre montre l’exode des athlètes égyptiens

CAIRE: Le joueur de squash égyptien Mohamed el-Shorbagy a été traité de traître et de vendu lorsqu’il a annoncé ce mois-ci qu’il avait rejoint l’équipe nationale anglaise.

Pourtant, l’athlète n’est pas le premier Égyptien à concourir sous un drapeau étranger, les experts affirmant que ce choix illustre un problème omniprésent d’athlètes se sentant sous-payés et sous-équipés.

“Il n’y a que le football et quelques sports d’équipe” qui recueillent des soutiens, a déclaré à l’AFP Hossam Hamed, ancien lutteur et entraîneur de l’équipe nationale d’Egypte.

D’autres sportifs, notamment ceux des sports individuels, doivent composer avec des “réglementations obsolètes” et des “rémunérations minimes, même après des médailles et des victoires internationales”.

Il dit que les athlètes égyptiens qui rejoignent d’autres équipes nationales « se rebellent contre une réalité douloureuse ».

Expliquant son choix, el-Shorbagy a déclaré que “l’Angleterre m’a apporté tout le soutien dont j’avais besoin”, contrairement à son pays d’origine, où “personne ne lui a prêté attention” pendant des années.

Actuellement numéro 3 mondial, le natif d’Alexandrie est l’un des joueurs de squash les plus décorés d’Égypte, passant 50 mois en tant que numéro un mondial dans un pays qui domine constamment le sport au niveau mondial. Cinq des 10 meilleurs athlètes masculins du monde sont égyptiens, en plus d’el-Shorbagy, ainsi que les trois meilleures athlètes féminines.

Un moyen de sortir de la pauvreté

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Mais le champion est loin d’être le premier à échanger le drapeau égyptien, avec une histoire d’athlètes en haltérophilie, lutte, équitation, boxe et handball faisant de même.

En 2018, après avoir affronté la Fédération égyptienne de lutte, le lutteur Mahmoud Fawzy a rejoint l’équipe des États-Unis après plusieurs médailles d’or arabes et africaines.

Aux Jeux olympiques de Tokyo en 2020, Fares Hassouna a remporté l’une des premières médailles d’or du Qatar en haltérophilie. Après le contrecoup des médias sociaux en Égypte, son père a remis les pendules à l’heure.

Ibrahim Hassouna, lui-même champion d’haltérophilie égyptien et ancien entraîneur de l’équipe nationale, a expliqué que c’était lui qui avait quitté le pays après son propre affrontement avec la fédération, et avait entraîné son fils au Qatar depuis qu’il était enfant.

Dans les deux sports, explique Fathi Zariq, ancien trésorier de la Fédération d’haltérophilie, “les athlètes viennent généralement de familles pauvres”.

Dans un pays où les deux tiers de la population vivent en dessous ou juste au-dessus du seuil de pauvreté, le sport peut être une porte de sortie.

Les haltérophiles et les lutteurs qui commencent à s’entraîner dans des centres de jeunes barebones dans des quartiers défavorisés, a expliqué Zariq, “se tournent vers les nationalités étrangères à la recherche d’argent et d’un meilleur statut social”.

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“Comment la récompense pour une médaille d’or olympique peut-elle être d’un million de livres (54 000 dollars), après toutes les années d’entraînement et de préparation qui ont été nécessaires ?”

En Egypte, où le football règne en maître et Mohamed Salah porte la couronne, d’autres sportifs sont verts de jalousie. “Dans le football, certains joueurs gagnent jusqu’à un million de dollars par an, sans même avoir à gagner une compétition”, a ridiculisé Zariq.

Après la retraite

Le handball a connu un rare renversement de tendance, selon Yasser Labib, ancien capitaine de l’équipe nationale et chef de l’équipe de handball du Al-Ahly Club, qui, avec son rival Zamalek, domine la Ligue des champions africaine.

Dans les années 1990, a-t-il expliqué, il s’agissait de joueurs en hémorragie, les athlètes égyptiens jouant partout dans le monde sauf en Égypte.

“Ce n’est plus le cas”, a-t-il déclaré à l’AFP. “Les salaires ont augmenté, les contrats se sont professionnalisés, et les joueurs ne veulent plus d’une autre nationalité, mais uniquement jouer dans les championnats européens”, tout en restant dans l’équipe nationale égyptienne.

La clé, dit-il à l’AFP, est de mettre fin aux querelles paroissiales au sein des fédérations, et d’augmenter les fonds dédiés aux sportifs.

C’est un défi de taille pour le gouvernement égyptien, actuellement pris entre une inflation à deux chiffres et une dévaluation paralysante.

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En 2019-2020, seuls 21,3 millions de dollars ont été affectés par le gouvernement à l’ensemble des fédérations sportives d’un pays de 103 millions d’habitants, selon les chiffres officiels. En revanche, le budget d’un pays comme la France tourne autour du milliard de dollars.

Mais les experts disent que la solution peut venir des sponsors, même si le soutien doit être soutenu. Trop souvent, dit Hamed, les sponsors voient un joueur comme “juste un produit dont ils peuvent tirer profit pour des revenus ou de la publicité, mais dès qu’il est blessé, tout est fini”.

Amir Wagih, ancien champion de squash et entraîneur de l’équipe nationale, pense que le soutien doit se poursuivre après la retraite des athlètes, notamment par le biais d'”offres d’emploi”.

Les joueurs de squash, contrairement aux haltérophiles et aux lutteurs, sont généralement issus de communautés à revenu élevé, formés dans des clubs sportifs de quartier d’élite et tirant parti de leurs victoires pour obtenir des bourses d’études dans des universités américaines et européennes de premier plan.

Wagih dit que ce n’est pas l’argent que ces athlètes recherchent dans leur carrière à l’étranger, mais des opportunités pour “un meilleur avenir après la retraite” qu’ils n’auraient pas dans leur pays d’origine. -AFP

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