Football NOS•aujourd’hui, 11:54
Samira Jadir
correspondant Maroc
Samira Jadir
correspondant Maroc
Au Maroc, cela fait des semaines que l’on attend avec impatience l’international amical contre le Brésil, qui se jouera ce soir (23h00 heure néerlandaise) au stade Ibn Batouta de Tanger. Les Divins Canaris contre les Lions de l’Atlas. La première grande compétition internationale après le succès de la Coupe du monde l’hiver dernier au Qatar.
Lorsque les demi-finales ont été atteintes en battant le Portugal, tout le pays était dans une course victorieuse qui revient un peu à chaque fois que l’équipe nationale joue.
Mais pour les Marocains, il n’y avait pas que la joie d’une quatrième place inattendue au Qatar. Le succès de la Coupe du monde a notamment beaucoup changé l’image des joueurs marocains à double nationalité.
“Chaque fois qu’un joueur marocain avec un double passeport choisit de jouer pour le Maroc, des discussions sur la loyauté surgissent. Le choix de Hakim Zyech en 2015 de jouer pour le Maroc en est un exemple”, explique l’anthropologue Soukaina Chakkour.
“Avant la Coupe du monde, on entendait régulièrement dire que l’engagement de ces joueurs était mis en doute. ‘Leurs maillots ne se mouillent jamais’, disait-on. Il y avait aussi des discussions sur les réseaux sociaux sur les raisons pour lesquelles ces joueurs ne parlent pas le darija ou le tamazight.”
Selon Chakkour, c’est désormais un péché mortel de douter de la loyauté des joueurs ayant la double nationalité au Maroc. Ce sont précisément ces acteurs que l’on retrouve désormais partout dans la scène de rue marocaine sur les panneaux d’affichage des marques automobiles et des sociétés de télécommunications. Et ils sont aussi utilisés comme modèles. Selon le journaliste sportif Hamza Hachlaf, c’est une bonne chose.
“Les joueurs de football marocains sont désormais utilisés pour des œuvres caritatives. Ils ont récemment visité une prison à Salé et un foyer pour enfants à Tanger. C’est inhabituel. Auparavant, cela n’était pas fait par les joueurs”, a déclaré Hachlaf.
Soutien pour Hakimi
Le fait que les footballeurs soient immensément populaires se reflète également dans la manière dont le Maroc a réagi à l’affaire de viol intentée contre le joueur vedette Achraf Hakimi en France. Chakkour : “Bien que l’enquête soit toujours en cours, il peut compter sur un soutien considérable du public marocain. De nombreux Marocains sont convaincus qu’il s’agit d’un complot forgé par la France.”
L’entraîneur national Walid Regragui a également déclaré après l’acte d’accusation qu’il soutenait Hakimi : “Nous le soutenons jusqu’à preuve du contraire”. Hakimi fait donc tout simplement partie de la sélection qui affrontera le Brésil. Cependant, il n’est pas certain que le joueur du PSG jouera car il se remet encore d’une blessure.
Selon Chakkour, l’importance du succès de la Coupe du monde pour la population marocaine ne doit pas être sous-estimée. “Vous avez vu un pays qui s’était libéré pendant un moment des contrecoups de la pandémie de corona, des hausses de prix, du chômage et des soucis quotidiens. La joie était non seulement intense, mais surtout sincère.”
Le stade de Tanger affiche complet. Il y a encore des billets en circulation sur le marché noir entre 500 et 1 000 euros. Il n’est pas clair s’il y a des supporters qui sont prêts à dépenser des sommes aussi exorbitantes. En tout cas, ce n’est pas une option pour Hachlaf. Lui-même était trop tard pour obtenir un billet.
Pendant ce temps, le gouvernement marocain utilise des bus dans un certain nombre de villes pour emmener gratuitement les supporters à Tanger. Chose qui se faisait rarement avant le championnat du monde. Le Maroc veut être pris au sérieux en tant que pays de football et s’est associé au Portugal et à l’Espagne pour organiser la Coupe du monde en 2030. En cas de succès, un rêve longtemps caressé du Maroc deviendra réalité.