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Le clash autour de Tim et les nouveaux conflits internationaux selon Polillo

Le clash autour de Tim et les nouveaux conflits internationaux selon Polillo

Peut-être inévitable, l’invasion russe de l’Ukraine déclenche un effet domino. Aux sanctions en vigueur depuis un certain temps, s’opposent aujourd’hui d’éventuelles tentatives d’utiliser les migrants comme force de choc contre toute l’Europe. Alors que sur le front des technologies les plus avancées, il y a une confrontation ouverte non seulement avec la Russie Vladimir Poutinemais de la Chine elle-même Xi Jinpingcoupable de se livrer, bien que de manière alambiquée et non transparente, aux objectifs connexes.

L’Europe, sous la pression américaine, se réveille. Les Pays-Bas, mais aussi le Japon, ont mis sous embargo les livraisons à Pékin d’imprimantes pour la production des micropuces les plus avancées. Ainsi, non seulement Taïwan continuera à défendre sa suprématie, mais, en investissant aux États-Unis eux-mêmes, il contribuera au succès du Chips Act : le programme lancé par le président américain Joe Bidenavec un budget de 280 milliards de dollars, pour les ramener chez eux fabs (entreprises qui fabriquent des produits électroniques) auparavant dispersées dans le sillage de la mondialisation.

En Europe, en revanche, il y a une chasse à la 5G de fabrication chinoise. En Allemagne notamment, l’objectif est de démolir les infrastructures rachetées par Huawei et ZTE, pour les remplacer par des produits occidentaux. Les rations de Pékin sont dures. “L’Occident dirigé par les Etats-Unis”, a déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères Gang Qin, lors de sa première conférence de presse, « mène contre nous un confinement, un encerclement et une répression tous azimuts, posant des défis sans précédent au développement de notre pays ». Puis, via la presse d’accompagnement, la réponse encore plus dure. Au lieu des technologies 5G, la Chine se spécialisera dans la 6G, qui est la nouvelle frontière technologique du grand monde de la communication.

A tout cela s’ajoutent les limites imposées à la diffusion de TikTok : environ 2 milliards de followers, une domination quasi absolue dans le monde des jeunes, le soupçon qu’il s’agit d’un “malware”, comme initialement dénoncé par les hacktivistes Anonymous, aux mains de le gouvernement chinois, engagé « dans une colossale opération de surveillance de masse ». Le fait est que plusieurs gouvernements occidentaux, comme les Britanniques et les États-Unis, ont interdit son utilisation par les fonctionnaires. Alors que dans d’autres cas, comme l’Inde, l’application a été interdite, par crainte de son utilisation par le gouvernement chinois, à des fins de renseignement évidentes.

Enfin, le dernier élément d’analyse est celui relatif à l’éventuel soutien militaire que la Chine apporterait à la Russie dans la guerre en Ukraine. Si les soupçons sur la fourniture d’armes s’avéraient fondés, la situation pourrait devenir explosive. Et l’affrontement, déjà en cours, prendrait des formes bien plus inquiétantes. Mais même indépendamment de cette dernière éventualité, les faits mentionnés ci-dessus démontrent la forte accélération qui s’est produite dans la crise. L’invasion de l’Ukraine a conduit à un conflit beaucoup plus vaste. Une guerre hybride, comme on dit, où les armes se taisent heureusement, mais où les foyers de tension semblent s’accroître avec le temps.

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Parmi les éléments de tension, la possession et la maîtrise des technologies de demain occupent une place de plus en plus centrale. Que vous parliez de l’informatique, et de l’intelligence artificielle la plus futuriste. L’importance de ces technologies a énormément grandi en cette année de guerre aux frontières de l’Europe. Si la “mission militaire spéciale” de Poutine n’a pas pu atteindre ses objectifs, dans les délais prévus, c’est sans doute en raison de l’héroïsme et de l’abnégation du peuple ukrainien. Cependant, peu aurait pu être fait si ces combattants n’avaient pas été aidés par la technologie de guerre occidentale, qui leur a permis de résister, malgré la disproportion existante dans les armements conventionnels et dans le nombre de combattants.

En d’autres termes, la guerre a mis en évidence l’importance du contrôle de ces technologies et a incité, comme cela a déjà été dit, tant les États-Unis que d’autres pays européens à agir en conséquence. Leur faisant rapidement dépasser la vieille conception mercantiliste qui avait été à la base du développement de la mondialisation. Cette attitude qui voyait le seul intérêt digne de mention dans la maximisation des profits. Alors qu’aujourd’hui on commence à prendre acte de la nécessité de défendre et de protéger une primauté technologique, quitte à enfreindre les anciennes règles de l’Organisation mondiale du commerce. C’est juste dommage que, dans cette nouvelle bataille, l’Italie soit complètement désarmée.

Ces dernières années, l’inattention des forces gouvernementales à tout type de politique industrielle avait été maximale. Encore plus pour l’informatique et ses effets induits. Selon l’indice de numérisation de l’économie et de la société (Desi), l’Italie, toujours en 2022, occupait la 18e position parmi les 27 pays de l’Union européenne. Pire que le Bel Paese, seul le groupe des anciens pays communistes avec l’ajout de Chypre et de la Grèce. Dans les quatre secteurs où se répartissent les enquêtes de la Commission européenne (capital humain, connectivité, intégration des technologies numériques, services publics numériques), la position italienne présente des hauts et des bas, mais globalement les résultats sont décevants.

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La somme des notes obtenues dans chaque secteur est en effet inférieure à la moyenne européenne, malgré les progrès réalisés au cours des cinq dernières années. Ce qui n’a cependant pas entraîné de remaniement du classement. Ainsi, l’année dernière encore, l’Allemagne, la France et l’Espagne avaient un meilleur classement. Tandis que pour l’Italie, le plus grand handicap se trouve dans les politiques en faveur du capital humain (près de 10 points de différence par rapport à la moyenne de l’UE) et dans le secteur des services publics numériques (plus ou moins la même différence). Alors que dans le domaine de la connectivité, les anomalies d’un système subsistaient, comme celui de l’Italie, qui n’avait pas d’égal dans le panorama occidental. Avec un nombre excessif de challenger (défis) contre Tim, qui n’avait certainement pas les caractéristiques dutitulaire. A savoir : ancien monopoleur en position dominante, comme ce fut le cas en France avec Orange, en Allemagne avec Deutsche Telekom et en Espagne avec Telefónica.

Une anomalie, l’italienne, qui était fille d’une histoire ancienne, avec son système de télécommunications, de temps en temps, pillé par des aventuriers de toutes sortes : à commencer par les « braves capitaines », pour finir par la recherche d’un pape étranger : dans l’ordre espagnol et donc français. Et un gouvernement absent, sinon complice de ce grand désastre. Palais Chigi ? Le seul Banque d’affaires qui ne parle pas anglais, selon la définition de Guido Rossiqui a été plusieurs fois président de Telecom Italia.

Face aux nouveaux défis imposés par l’évolution de la conjoncture internationale, ce système résiste de moins en moins. Au point que le marché lui-même, avec sa logique spécifique, avait envoyé des signaux sans équivoque. Comme en témoigne, depuis l’an dernier, le nouveau plan industriel lancé par Tim. Avec son articulation sur 4 axes stratégiques. Dont un en particulier, le NetCo, a pris une valeur paradigmatique.Dans cette entité, telle qu’elle avait été définie, auraient convergé les câbles sous-marins de Sparkle, une partie de colonne vertébrale (l’épine dorsale des lignes qui permettent les interconnexions longue distance aux réseaux locaux), le réseau primaire et secondaire de Fibercop. Afin de constituer à terme le noyau de l’éventuel futur réseau public de télécommunications.

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En effet, lors du Capital Market Day qui a suivi, il a été précisé que « la combinaison du réseau de Tim avec celui d’Open Fiber reste(nt) l’option prioritaire/préférée pour débloquer des synergies considérables et permettre la pleine exploitation du réseau infrastructurel. Mais seulement s’il est exécuté à des conditions avantageuses pour les actionnaires et les créanciers. Option, à son tour, destiné à souligner l’une des nombreuses contradictions de la politique industrielle italienne. En effet, Cassa Depositi e Prestiti est actionnaire à la fois de Tim (9,81% du capital) et d’Open Fiber (60%, tandis que 40% sont entre les mains du fonds australien Macquarie). Il s’agissait donc de fusionner les deux holdings en un seul projet, dans le but d’arriver enfin à ce réseau public de télécommunications, qui pendant des années avait représenté une sorte de phénix pour l’Italie.

Il a fallu des mois pour que le projet prenne forme. Et ce sont d’autres qui ont profité du retard : une offre sans engagement de rachat de NetCo pour un montant de 20 milliards d’euros. Une décision qui avait poussé Cassa Depositi e Prestiti à accélérer le processus, avec une contre-proposition plus ou moins équivalente, mais avec une plus grande liquidité en faveur de Tim. Opération destinée à promouvoir l’intention du gouvernement dirigé par Giorgia Melonqui s’était déjà prononcée en faveur d’un réseau national sous contrôle public.

La situation s’est encore compliquée avec la réaction ultérieure de Vivendi, principal actionnaire de Tim (19,88% du capital). Le PDG Arnaud de Puyfontaine il avait fait savoir qu’il considérait les deux propositions (tant de Kkr que de Cdp) comme totalement insuffisantes. Selon lui, la valeur de NetCo aurait été égale à au moins 30 milliards d’euros, contre les 18-20 proposés. On verra dans les prochaines semaines quel sera le point de chute, compte tenu également des perplexités européennes. En attendant, cependant, cela vaut la peine d’être réfléchi. Le gouvernement Meloni s’est donné l’ensemble de la législature comme horizon programmatique. Une longue période, si on la compare à la succession des différents gouvernements dans l’histoire italienne. Mais extrêmement court par rapport aux catastrophes du passé et à l’accélération de la situation internationale. Il faut donc le faire vite et bien. A condition que l’opposition ne mette pas la queue.

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