Lamotrigine : Le récit d’une vie bouleversée par un médicament

E., une philologue et fonctionnaire contractuelle, brise le silence sur les souffrances causées par l’iatrogénie, ces dommages provoqués par les systèmes de santé. Son témoignage, poignant, révèle une vie brisée par la lamotrigine, un médicament censé contrôler l’épilepsie et stabiliser l’humeur, mais qui l’a plongée dans un véritable cauchemar physique et psychologique, que le corps médical peine à reconnaître.

“On m’a volé ma jeunesse”, confie E.

E. a contacté l’auteur de cet article, poussée par une amie, car son “niveau d’indignation et d’impuissance a dépassé le limite”.Elle est en arrêt maladie depuis si longtemps qu’elle a épuisé ses droits et attend l’avis du tribunal médical.Après de nombreux mois, elle a enfin rencontré une médecin qui a identifié la cause de ses maux : la lamotrigine, un antiépileptique.

Et après avoir réduit la dose, il semble bien que ce soit ça.

E. décrit une série de symptômes dévastateurs : une prise de poids de plus de 30 kilos sans raison apparente, une chute massive de cheveux, de la fièvre, des diarrhées quotidiennes avec expulsion de longues fibres, un épuisement extrême (dormant jusqu’à 20 heures par jour), une transpiration excessive et une odeur corporelle inhabituelle.

Elle raconte qu’elle ne mangeait pas,car elle n’avait pas faim,mais qu’elle continuait à grossir. Les médecins étaient déconcertés et l’ont orientée vers des spécialistes des maladies infectieuses, des maladies tropicales, de l’endocrinologie et de la psychologie, sans parvenir à un diagnostic clair.

J’ai dû prendre des photos de ce que j’expulsais, car l’un d’eux m’a dit que j’exagérais.

L’incompréhension et le mépris de certains professionnels de santé ont été la norme. Certains endocrinologues lui ont suggéré de “fermer la bouche et de s’injecter de l’Ozempic” pour perdre du poids, malgré ses explications sur son manque d’appétit et ses vomissements en cas de forcing.

Son épuisement était tel qu’elle s’est effondrée au travail et était incapable d’ouvrir les yeux. Un médecin a même suggéré que ses problèmes étaient d’ordre psychologique.

Effets secondaires reconnus et silence institutionnel

L’expérience de E. n’est pas un cas isolé. La lamotrigine est associée à une longue liste d’effets secondaires, incluant la diarrhée, la perte d’appétit, la somnolence, les difficultés de concentration, la fièvre, les éruptions cutanées graves et, dans des cas extrêmes, des réactions immunitaires potentiellement mortelles.

Le syndrome de Stevens-Johnson,la nécrolyse épidermique toxique et le syndrome DRESS sont des avertissements explicites dans les notices et les fiches techniques. La FDA a documenté des hospitalisations, des séquelles graves et même des décès liés à ce médicament.

E. a dû attendre des années et consulter de nombreux médecins avant qu’une professionnelle de santé ne fasse enfin le lien entre ses symptômes et la lamotrigine. La réduction de la dose a entraîné une amélioration immédiate :

Je peux sortir, je commence à faire plus de choses, mes diarrhées terribles ont cessé, je n’expulse plus ces fibres, je comprends ce que je lis (avant, je ne comprenais rien, je ne pouvais me concentrer sur rien) et j’ai perdu 7 kg sans rien faire.

Le préjudice psychologique et social

Son cas révèle l’une des facettes les plus sombres de l’iatrogénie : la difficulté à faire reconnaître les dommages, la tendance à attribuer les symptômes à des causes psychologiques et la solitude du patient face à un système qui privilégie la protection des intérêts corporatifs à la santé individuelle.

Le préjudice n’est pas seulement physique.E.a été contrainte d’abandonner le travail de sa vie et de s’enfermer chez ses parents pendant trois ans. Elle a le sentiment qu’on lui a volé sa jeunesse et qu’elle a passé trois ans enfermée chez ses parents, incapable de sortir.

Elle craint que le tribunal médical ne la renvoie au travail avant qu’elle ne soit complètement rétablie. Le récit de E. dénonce également la corruption structurelle du système de santé :

La médecine est un organisme démagogue, aller voir des médecins qui vous font traîner les visites, qui demandent des examens que vous avez faits récemment pour que vous continuiez à dépenser de l’argent et qui transforment ainsi un cabinet médical en machine à sous.

E.est très déçue par le fonctionnement de la médecine.Elle pense que les médecins “se couvrent les uns les autres parce qu’au final, ils vivent tous de la même chose” et dénonce le manque d’honnêteté professionnelle.

Elle reconnaît qu’il peut y avoir des erreurs et des confusions, et elle apprécie l’honnêteté des médecins privés qui lui ont dit de ne pas revenir, car ils ne savaient pas ce qu’elle avait et qu’elle dépenserait son argent en vain.

L’histoire de E. est celle de milliers de personnes lésées par des médicaments dont le risque réel est minimisé ou dissimulé.

La lamotrigine, comme tant d’autres médicaments, exige une surveillance critique et l’obligation éthique d’écouter et de réparer ceux qui ont subi ses conséquences. Car derrière chaque comprimé, il y a une vie en jeu, et la médecine, si elle veut rester digne de confiance, doit faire passer la vérité et l’humanité avant tout autre intérêt.

La médecine doit guérir, pas nuire. Et quand elle nuit, elle doit le reconnaître, apprendre et réparer.