L’Allemagne fait face à une série de mauvaises nouvelles. Alors que la première économie d’Europe est le seul grand pays industriel à être en récession, celle-ci pourrait être plus grave que prévu, selon les principaux instituts de conjoncture du pays. Ils ont considérablement réduit leurs prévisions pour 2023.
Selon eux, le produit intérieur brut (PIB) de l’Allemagne devrait désormais baisser de 0,6% cette année, soit 0,9 point de moins que leur prévision initiale du printemps. Le Fonds monétaire international (FMI) est moins alarmiste, mais n’exclut pas non plus la récession, prévoyant une baisse de 0,3%.
L’an dernier déjà, le pays avait connu une récession technique avec deux trimestres consécutifs de contraction du PIB. Sa croissance a ensuite été nulle entre avril et juin, et le PIB pourrait à nouveau chuter au dernier trimestre de l’année, selon les économistes. Oliver Holtemöller, économiste à l’institut de conjoncture de Halle (IWH), a ainsi résumé la situation en déclarant lors d’une conférence de presse à Berlin : “L’Allemagne est en récession depuis plus d’un an”. Les prévisions pour 2024 ont également été revues à la baisse, avec une anticipation d’un rebond du PIB allemand de 1,3%, soit 0,2 point de pourcentage de moins que prévu au printemps.
L’une des principales causes de cette situation est une évolution décevante de la consommation intérieure, avec une inflation persistante qui pèse sur le pouvoir d’achat des ménages allemands. De plus, la dépendance du pays aux hydrocarbures russes a eu un impact majeur en raison des conséquences de la guerre en Ukraine, provoquant une flambée des prix l’année dernière.
En raison de l’inflation qui a touché toute l’Europe, la Banque centrale européenne (BCE) a procédé à un resserrement monétaire depuis juillet 2022, marqué par dix relèvements consécutifs de ses taux. Cela a permis de ralentir la hausse des prix au sein de la zone euro, mais a également affecté les finances des Allemands. Le moral des consommateurs est en baisse, ce qui devrait entraîner une nouvelle chute en octobre.
Du côté des entreprises, le secteur immobilier connaît une véritable crise en Allemagne, avec une demande en baisse en raison du coût élevé du crédit et de la hausse des prix des matériaux. Les industries les plus énergivores, comme la chimie, sont particulièrement touchées par l’inflation des prix du gaz, de l’électricité et du pétrole. Les industries exportatrices, notamment celles du secteur manufacturier, sont également en difficulté en raison de la baisse des carnets de commandes, notamment des grands clients comme les États-Unis et la Chine, dont les économies sont également ralenties.
Les ventes vers la Chine pourraient encore diminuer en raison de l’enquête lancée par l’Union européenne contre les subventions massives du gouvernement chinois à l’industrie automobile électrique. Cette situation inquiète les constructeurs allemands, car une part importante de leur chiffre d’affaires est réalisée en Chine.
En résumé, l’Allemagne fait face à une récession prolongée, des difficultés économiques dans différents secteurs et une baisse des exportations, ce qui a conduit à une révision à la baisse des prévisions pour les années à venir.
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