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La mixité sociale en Seine-Saint-Denis : Est-ce que votre enfant fréquente une école privilégiée?

La mixité sociale en Seine-Saint-Denis : Est-ce que votre enfant fréquente une école privilégiée?

Notre dossier sur l’indice de position sociale des écoles et collèges

Ce sont des chiffres que l’Éducation nationale souhaitait garder secrets. Il aura fallu qu’un journaliste poursuive en justice le ministère pour que ce dernier se résigne le 12 octobre à publier les indices de position sociale (IPS) des écoles élémentaires et des collèges publics ou privés sous contrat. Un indice qui s’apparente à un nombre compris entre 38 et 179, qui permet d’évaluer la position sociale des élèves en fonction du diplôme de leurs parents, de leurs revenus, de leurs pratiques culturelles ou encore de leurs conditions de logement.

Que disent ces indicateurs inédits sur les inégalités scolaires des établissements d’Île-de-France ? Notre dossier spécial.

Ce n’est pas vraiment une surprise au vu du nombre d’établissements classés Réseau d’éducation prioritaire (REP) en Seine-Saint-Denis, mais les résultats sont tout de même inquiétants. Si les écoles élémentaires françaises présentent un indice de position sociale (IPS) moyen de 102,77, allant de 49,6 pour une école publique de Maripasoula en Guyane à 155,6 pour l’école publique Louis-Blériot de Buc (Yvelines), l’IPS moyen en Seine-Saint-Denis plafonne à 89,74.

389 écoles sur 482 sont d’ailleurs situées en dessous de la moyenne nationale. Les IPS les plus bas se retrouvent dans le public à Paul-Vaillant-Couturier 1 (64,8) et 2 (67,5) à Clichy-sous-Bois, puis à Jean-Renoir à Noisy-le-Sec (67,9). A contrario, La Fontaine au Raincy présente l’IPS le plus haut du public (124,2).

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Là aussi, avec un IPS moyen de 91,81, les collèges de Seine-Saint-Denis se situent en dessous de la moyenne nationale : 103,36, avec des établissements allant de 51,3 pour un collège public de Maripasoula à 157,6 pour le collège public franco-allemand de Buc. Jean-Zay (public) à Bondy présente l’IPS le moins élevé (70,4) du département, suivi de Robert-Doisneau et Romain-Rolland à Clichy-sous-Bois et La Courtille à Saint-Denis, tous les trois (publics) à 71,5. L’établissement public présentant l’IPS le plus haut est le collège international de Noisy-le-Grand (131,4) dont l’admission se fait sur dossier. Pour les établissements publics de secteur, c’est Jean-Baptiste-Corot, toujours au Raincy, qui présente l’IPS le plus élevé (124,8).

Le privé surreprésenté dans le haut du classement

Comme partout ailleurs, les écoles et collèges privés sont surreprésentés dans les établissements ayant les IPS les plus élevés, prouvant l’attrait des classes favorisées pour le privé. Côté élémentaire, les 12 écoles les mieux « notées » sont ainsi dans le privé. L’école de confession juive Merkaz Hatorah à Gagny (141,3), les catholiques Saint-Louis-Blanche-de-Castille à Villemomble (137,6) et Notre-Dame aux Lilas (134,1) occupent le trio de tête.

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Côté collèges, six établissements privés arrivent devant, dont les collèges de confessions juive Merkaz Hatorah au Raincy (142,3), Merkaz Hatorah à Gagny (141,7) et catholique Françoise-Cabrini à Noisy-le-Grand (137,5).

Étudier dans un établissement privé ne signifie pas pour autant que les élèves sont forcément entourés de camarades issus de milieux favorisés. Les IPS de quatre écoles et de cinq collèges privés n’atteignent ainsi même pas les moyennes nationales. C’est le cas par exemple des écoles catholiques Charles-Péguy à Bobigny (98) ou Sainte-Marie à Stains (99,3) ou du collège catholique Notre-Dame-des-Vertus à Aubervilliers (93,7). Des résultats qui restent tout de même au-dessus des IPS affichés par les établissements publics de ces communes très populaires.

La gentrification encore très peu perceptible

Si la plupart des établissements publics affichant les IPS les plus élevés se situent dans les villes de l’Est du département comme Le Raincy, parfois surnommé « la petite Neuilly du 93 », quelques rares établissements publics de villes limitrophes de Paris ressortent du lot, signe de la gentrification de certains quartiers. C’est le cas notamment aux Lilas où l’école publique Romain-Rolland dans le centre-ville affiche un IPS de 121 ou à l’école (120,3) et au collège (121) Marcelin-Berthelot près de la Croix-de-Chavaux à Montreuil.

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« Les IPS correspondent aux situations qu’on voit dans les écoles, on n’est pas du tout surpris des résultats, mais on pourra s’en servir pour appuyer nos demandes de révision de la carte scolaire auprès de la mairie dans le but de favoriser la mixité dans tous les établissements », souligne Emilie Judith, responsable de l’union de coordination locale des parents d’élèves FCPE aux Lilas où l’IPS le plus faible dans le 1er degré est de 96,2.

Ce phénomène n’est pas du tout perceptible dans des communes comme Saint-Ouen ou Pantin, où de nombreux habitants ont acquis des logements ces dernières années. Tous les IPS de leurs établissements restent en dessous de la moyenne nationale. Une différence qui pourrait s’expliquer par une fuite vers le privé ou par le fait que les enfants de ces nouveaux arrivants sont pour l’instant scolarisés en maternelle, établissements pour lesquels l’IPS n’est pas calculé.

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