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La dernière révélation du cinéma français : “Faire l’amour et parler d’amour, c’est pareil”

La dernière révélation du cinéma français : “Faire l’amour et parler d’amour, c’est pareil”

Mis à jour Mardi 28 mars 2023 –
13:01

Emmanuel Mouret compose dans ‘Chronique d’un amour éphémère’ un élégant prodige du cinéma amoureux de l’érotisme du mot qui fait référence au meilleur Rohmer ou à l’Allen le plus inspiré

Sandrine Kiberlain y Vincent Macaigne en un momento de ‘Crónica de un amor efímero’, de Emmanuel Mouret.Pascal ChantierMONDE
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De l’arsenal presque infini de phrases de Woody Allen consacrés au sexe sont celui sur l’expérience vide, celui sur l’amour de soi et la masturbation, celui sur l’orgasme et le rire, celui sur Wagner et la Pologne (celui-ci, honnêtement, parle d’autre chose), et, bien sûr, celui qui part tombe dans Comédie sexuelle d’une nuit d’été et que sûrement chacun des personnages de Chronique d’un amour éphémère. “Le sexe soulage la tension et l’amour la cause”, lit la phrase d’autrefois et Emmanuel Mouret – à l’époque le réalisateur dudit film – n’hésiterait pas à se l’approprier. Pas tant lui que les acteurs Sandrine Kiberlain y Vincent Macaigne qui donnent vie à un couple qui s’aime, marche et surtout se parle. Et de quoi parlent-ils ? De quoi s’agit-il, l’amour et le sexe. Ils sont français.

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«J’ai le sentiment que, comme cela est arrivé à saint Augustin au fil du temps, il semble impossible de définir ce qu’est l’amour, mais nous savons tous d’une certaine manière ce qu’il est. Et que c’est justement cette absence de mots quand il s’agit de l’appréhender, de le délimiter, qui fait qu’on en parle sans cesse », raconte Mouret en résumant sommairement la charte graphique de son dernier film. “Je pars de la conviction que Avoir des relations sexuelles et parler d’amour, c’est fondamentalement la même chose.” conclut et le fait en tension. Et détendu en même temps. Sexe et amour.

Pour nous situer, le film raconte l’histoire d’un couple convaincu que leur histoire d’amour ne peut être que cela : un simple badinage sans avenir. Il est marié, elle ne l’est pas. Mais au-delà des infidélités, des engagements, des tromperies ou des doutes, c’est la certitude de l’inconsistance irresponsable de leur affection par une force passagère qui finit par les faire tomber amoureux au-delà de la raison. Disons que, comme c’est souvent le cas en ces matières, dans la contradiction du banal que soudain la seule chose importante soit découverte habite la grâce, l’émerveillement et, encore une fois, la tension.

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Le film, tout entier, se résout, à mi-chemin entre la comédie et quelque chose de plus sérieux (mais pas plus sérieux), en très longs plans toujours en mouvement. Les amoureux se voient dans la rue, dans les parcs, aux expositions… Et là ils s’aiment. Ils s’aiment pendant qu’ils marchent et, plus important encore, pendant qu’ils parlent. « Le plus intéressant au cinéma n’est ni dans ce qui se dit ni dans ce qui se voit. Je craignais que les visages ne soient pas toujours visibles pour que le spectateur puisse reconstituer ces espaces vides dans lesquels la vérité apparaît. D’autre part, et malgré les dialogues constants, ce qui est pertinent ne se trouve pas toujours dans ce que l’on dit à l’autre, mais dans ce qu’on tait». Pause. « Je pense au cinéma des années 30 où les acteurs parlaient tellement et tellement vite que les dialogues finissaient presque par être la musique du film ». Belle description.

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En effet, Chronique d’un amour éphémère se précipite dès la première image contre la clarté du titre. Tout est si vraisemblablement éphémère qu’il finit par être simplement éternel. Tout est si joyeusement drôle que cela devient tragique. Et là sa plus grande réussite, d’où la conviction de cet élève hors pair à la fois du plus charnel et passionné Éric Rohmer et du plus mélancolique Woody Allen que le cinéma romantique (l’amour d’une vie) a encore du sens. Qu’il y ait ou non du sexe dedans. « Ce n’est pas parce qu’on ne voit pas de scènes de sexe, précise et corrige le réalisateur, qu’il n’y a pas de sexe. Je comprends une scène de sexe si elle contient une proposition dramatique, si elle mène à quelque chose. Je pense à Basic Instinct. Sinon, ça n’apporte rien. Le sexe est essentiellement des mots. Il parle et se crispe. Il parle puis se détend. C’est clair.


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