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La bonhomie Sunak-Macron survivra-t-elle à la nouvelle politique d’immigration « immorale » ?

La bonhomie Sunak-Macron survivra-t-elle à la nouvelle politique d’immigration « immorale » ?

Alors que la BBC descendait de sa position absurde sur Gary Lineker, s’excusant auprès de lui et le réintégrant, je terminais ce commentaire pour La Nationale ….

Par President.gov.ua, CC BY 4.0,

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Image : Lauren Hurley / No 10 Downing – image, OGL 3,

Avec des poignées de main exagérées, Sourire radieux et claque dans le dos, Emmanuel Macron et Rishi Sunak ont ​​annoncé une nouvelle aube dans les relations anglo-françaises lorsqu’ils se sont rencontrés à Paris vendredi dernier.

Le sommet de l’Elysée réunissant le président français et le premier ministre britannique a été un succès significatif et bienvenu. Fini le froid et les provocations puériles que les prédécesseurs de M. Sunak ont ​​souvent manifestées après le référendum britannique de 2016 pour quitter l’UE.

Après ces années de petites querelles au cours desquelles le Royaume-Uni semblait déterminé à se battre avec la France et la France dûment rendue, il est peut-être prématuré de suggérer – comme l’a fait M. Sunak – que la fameuse entente cordiale de 1904 a été renouvelée. Mais ici, au cœur de Paris, se trouvaient deux anciens banquiers d’affaires intelligents désireux de montrer qu’ils pouvaient faire des affaires ensemble.

Au milieu de toute la bonhomie et parler de la bromanceil peut être grossier d’injecter une mise en garde que tout pourrait être annulé par les dangers qui nous attendent.

L’élément clé de la Réunion parisienne était un accord sur la résolution du problème tenace des petits bateaux transportant des immigrants non autorisés du nord de la France vers les côtes du sud de l’Angleterre. Le Royaume-Uni paiera 541 millions d’euros (577 millions de dollars) au cours des trois prochaines années pour financer des centaines d’agents de police français supplémentaires le long de la côte de la Manche. Le Royaume-Uni contribuera également au coût de l’ouverture d’un centre de détention en France pour gérer ceux qui espèrent commencer une nouvelle vie dans une Grande-Bretagne qui ne veut pas d’eux.

Londres, bien sûr, a séparément son propre plan. Un nouveau projet de loi présenté par M. Sunak et la ministre de l’Intérieur Suella Braverman verrait les migrants qui effectuent la traversée rapidement expulsés et à jamais interdits d’obtention de l’asile ou de la nationalité britannique. Là se profile le potentiel d’une future discorde.

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M. Sunak ne s’attendait pas à ce qu’un signe précoce de l’entente régénérée soit acclamé avec enthousiasme par l’extrême droite française. Eric Zemmour, un agitateur dont les théories farfelues d’un “excellent remplacement” des Européens par les musulmans entrants font apparaître sa collègue candidate à la présidence Marine Le Pen presque modérée, a félicité le Premier ministre pour « protéger son peuple contre la submersion par les migrants ».

Macron nourrit une aversion profonde pour l’extrémisme de droite. Et c’est précisément ainsi que les critiques considèrent la politique Sunak-Braverman

Malgré toute son impopularité auprès de la gauche française, qui n’aime pas sa transition du service dans le gouvernement socialiste de François Hollande à devenir, dans la raillerie familière, un “président pour les riches”, M. Macron nourrit une haine profondément enracinée pour l’extrémisme de droite.

Et c’est précisément ainsi que les critiques considèrent la politique Sunak-Braverman. Pas la solution “dure mais compatissante” qu’ils revendiquent, visant à écraser les gangs de trafiquants et à sauver les migrants du risque de noyade dans des mers périlleuses, mais une attaque sordide contre les personnes vulnérables. Des avocats des droits de l’homme, des organisations caritatives et des groupes de pression aux personnalités ecclésiastiques, le projet de loi a été condamné comme immoral, injuste et irréalisable. L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés vivement réprimandé “une interdiction d’asile éteignant le droit de demander la protection des réfugiés au Royaume-Uni”.

Juste au moment où le projet de loi recevait ce déluge d’examens hostiles, à la rescousse est venue la distraction d’indignation synthétique face aux commentaires tweetés du diffuseur sportif et ancien footballeur Gary Lineker.

Dans l’explosion de la controverse qui a suivi sa description de la politique comme « incommensurablement cruelle » et présentée dans un langage résonnant de l’Allemagne des années 1930, l’attention a inévitablement été détournée de la politique elle-même. La décision de la BBC de suspendre Lineker (avant révocation de la suspension lundi) a non seulement entraîné une interruption de la couverture du football le week-end, mais a été dénoncé comme une reddition lâche à une foule hurlante ou comme le résultat – démenti par la BBC – d’une pression gouvernementale inconvenante.

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Ce qu’il faut souligner à maintes reprises, c’est le propre aveu du gouvernement britannique que la législation pourrait bien enfreindre le droit international. S’il est bloqué devant les tribunaux, comme le pensent plusieurs observateurs, M. Sunak sera alors exhorté par ses collègues de la droite dure à résoudre cet inconvénient juridique en retirant la Grande-Bretagne de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH). M. Sunak insiste sur le fait que ce n’est pas son intention. Les opposants soupçonnent que c’est peut-être ce qu’il veut – une opportunité d’utiliser la CEDH comme un stratagème politique pour sauver la triste position électorale de son parti conservateur avant les élections générales prévues au début de 2025.

Aucun des principaux partis du Royaume-Uni et de France n’est à l’abri de la tentation de chasser le soutien de la droite. Pour un certain type d’électeurs, les immigrés sont un bouc émissaire pratique pour tous les maux qui assaillent leur pays.

Le parti parlementaire de M. Sunak est devenu de plus en plus intransigeant, avec des conservateurs à l’ancienne à une nation évincés ou réduits au silence par la polémique aiguë des populistes. Alors qu’une poignée de conservateurs partagent noblement des réserves sur la politique d’immigration, peu de députés conservateurs modernes s’intégreraient confortablement dans le parti parlementaire centriste de M. Macron.

Lors d’une discussion à la Chambre des communes sur la question des petits bateaux en janvier, un député conservateur d’arrière-ban, Jonathan Gullis, a répondu aux informations inquiétantes faisant état de la disparition de 200 enfants migrants non accompagnés en disant : « Eh bien, ils n’auraient pas dû venir ici illégalement ». La remarque est déplacée sur les lèvres d’un ancien enseignant. M. Gullis est peut-être un exemple extrême de la pensée conservatrice radicale, et c’est tout à l’honneur du parti de M. Sunak qu’il y ait encore des membres qui trouvent ses perspectives grossières et antipathiques embarrassantes. Mais beaucoup partagent ses sentiments et souhaitent vivement que le Royaume-Uni se distancie de la CEDH, une institution aux nobles origines dans la défense des droits des personnes après la Seconde Guerre mondiale.

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En fin de compte, le Premier ministre devra peut-être choisir entre restaurer un conservatisme respectable et rechercher le salut électoral en faisant appel à des instincts humains plus bas.

Malgré toute la convivialité de leurs relations actuelles, il est difficile de voir M. Macron ou d’autres poids lourds politiques français considérer le départ de la CEDH comme autre chose qu’un affront à la décence diplomatique. Il serait également incompatible avec le Accord du Vendredi Saint cela a apporté une paix relative en Irlande du Nord, compromettant une autre raison de l’amélioration des liens.

Pour l’instant, les deux dirigeants ont à l’esprit des problèmes nationaux urgents.

M. Macron s’est lancé dans une épreuve de force avec des syndicats farouchement opposés à sa réforme fondamentale, un plan visant à relever l’âge de la retraite de 62 à 64 ans. Il dit que cela est nécessaire si la France veut continuer à financer les besoins d’une population vivant plus longtemps. Cela peut sembler être une réforme légère, à réaliser de toute façon par petites étapes, mais elle a amené des centaines de milliers de personnes dans les rues.

De même, M. Sunak est aux prises avec une série de différends salariaux dans la fonction publique. Les médecins, les infirmières, les ambulanciers, les enseignants, les travailleurs des transports et même les examinateurs des examens de conduite font partie de ceux qui exigent des augmentations pour compenser les dommages au niveau de vie causés par la flambée de l’inflation et des années de stagnation des salaires en termes réels.

Mais aussi lentement que cela puisse paraître, les tensions transmanche pourraient revenir, alimentées non pas par une fierté blessée après la défaite écrasante de la France au rugby contre l’Angleterre à Twickenham, mais par des philosophies concurrentes sur les questions humanitaires.

Des deux, M. Sunak a probablement plus à faire s’il espère sincèrement que le rapprochement embryonnaire d’aujourd’hui pourra devenir une caractéristique durable de son héritage politique.

Publié: 13 mars 2023, 14:00

Colin Randall

Colin Randall

Colin Randall est un ancien rédacteur en chef de The National et écrit depuis la France et la Grande-Bretagne

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