Issunboshi : Un roman graphique inspiré du folklore japonais

Ryan Lang est considéré comme l’un des développeurs visuels américains les plus créatifs et prometteurs de la décennie.

En effet, après avoir travaillé dans l’animation chez Disney, où il a collaboré à plusieurs superproductions telles que Docteur étrange et Les Vengeurs, il travaille maintenant en tant qu’artiste indépendant, ce qui lui permet de combiner sa passion pour les techniques d’animation et la structure narrative propre à la bande dessinée.

Dans cet exercice de style, Ryan Lang a publié en 2022 Issunboshi[1], son premier roman graphique qui a été traduit en français aux Éditions Le Lombard[2] en 2023.

Issunboshi

Issun-bōshi en japonais signifie garçon d’un pouce. C’est aussi le titre d’un conte populaire japonais qui existe sous de nombreuses variantes. La trame de départ la plus connue raconte l’histoire d’un couple de paysans assez âgés qui vivaient dans le Japon féodal. N’ayant jamais eu d’enfants, ils ont prié les divinités pour en avoir un. Leur vœu a été exaucé et le couple a été béni par un petit garçon pas plus grand qu’un pouce qu’ils ont appelé Issun-bōshi.

Le petit samouraï de Ryan Lang

Comme le mentionne le résumé de l’éditeur : “Les dieux ont utilisé la lance céleste, l’Ame no Nuhoko, pour remuer les océans. Les premières îles japonaises ont ensuite vu le jour et c’est à ce moment-là que les dieux ont eu peur : le pouvoir de cette lance était tel qu’ils ont décidé de la cacher pour qu’elle ne soit jamais utilisée à des fins maléfiques. Son manche est devenu un arbre, sa garde une fleur, sa lame une pierre et son essence a rejoint les cieux. Les différents éléments de la lance sont restés introuvables pendant des siècles, jusqu’au jour où un >, un démon, s’est mis en quête de les rassembler et de reforgl’2>esprit de la lame, apeuré, a pris la décision de se réincarner… en un petit garçon grand de quelques centimètres seulement.”

Ainsi, Issunboshi a grandi avec ses parents sans pour autant atteindre la taille des hommes.

Un jour, son père lui dit :

• Nous avons su dès que nous t’avons trouvé que tu n’étais pas la réponse à nos prières, mais à quelque chose de bien plus important que cela. Que tu étais notre fils, mais quelque chose et quelqu’un de bien plus que ça… Je sais que tu es destiné à de grandes choses, à être un grand homme. Tout ce que je demande, tout ce que je te demanderai jamais, c’est que, peu importe les défis, tu ne donnes jamais moins que le meilleur de toi-même.

Issunboshi a répondu :

• Mais si le meilleur de moi-même n’est pas assez bon ? Si je ne suis pas capable d’être celui que je suis censé être ?

Le père a ajouté :

• Tu n’as pas besoin d’être le meilleur pour être un grand homme, Issunboshi. Tu le deviens en donnant le meilleur de toi-même.

Ces mots, qui résonneront au plus profond d’Issunboshi, s’avéreront précieux dans sa quête intérieure. Son entraînement aux côtés de Noboru, Sen et Kenta sera nécessaire avant de pouvoir affronter le démon ils.

Nous n’en dirons pas plus sur le déroulement des événements de cette œuvre qui est habilement structurée en cinq chapitres.

Ryan Lang, qui ajoute sa touche personnelle, s’inspire cependant graphiquement des mangas japonais pour réaliser cette œuvre qui est entièrement publiée en noir et blanc. L’auteur réussit également à créer un équilibre entre certaines planches où l’action prime sur le texte, sans négliger pour autant l’importance des mots, ce qui lui permet de raconter une histoire avec en toile de fond une morale et de la profondeur qui sont intelligemment inspirées de la culture japonaise.

Enfin, on soulignera que si au Japon les œuvres autour du personnage d’Issunboshi sont nombreuses, on retrouve en Occident des adaptations audacieuses telles que celle de Ryan Lang et, dans des registres différents, le livre-théâtre d’ombres de Nathalie Dieterlé ou encore Issunbôshi, le petit samouraï qui est signé par Alice Brière-Haquet et Sanoe.

Réda Benkoula

[1] L’œuvre a été publiée en 2022 en anglais aux Éditions Oni Press

[2] Issunboshi – Le petit samouraï | Lang Ryan (Scénario, dessin) | Le Lombard | 2023 | 200 pages