À l’heure où deux incendies font rage dans son départementle président de la Gironde et de son service d’incendie et de secours, Jean-Luc Gleyze, publie ce mardi 19 juillet avec Xavier Fortinon, président des Landes, une lettre ouverte au président de la République sur le site du Figaro. Les deux hommes en appellent à revoir l’organisation de la Sécurité civile, plaidant en faveur d’une initiative de l’État pour un Plan national de résilience contre le risque incendiaire
.
Depuis mardi 12 juillet, « le doigt brûlant du changement climatique est venu se poser sur le plus grand massif forestier occidental, un des poumons de France. Ce sont près de 20 000 hectares de forêt qui ont brûlé et brûlent encore en Gironde et aux portes du département des Landes »soulignent-ils dans cette lettre. Persuadés que ces « brasiers préfigurent ceux à venir chaque été sur une large partie du territoire national, à l’image de ceux de Crête, d’Espagne, du Portugal et d’Italie si nous ne nous préparons pas à y faire face ».
Pour eux, nous ne mettrons pas un terme à ces brasiers avec une organisation de la Sécurité civile telle que nous la connaissons
. Jean-Luc Gleyze et Xavier Fortinon souhaitent ainsi, par cette lettre ouverte, alerter le chef de l’État sur « trois points autour du triptyque fonctionnement, équipement et coordination ».
Une révision de la loi « impérative »
Les incendies ont démontré les limites du modèle de financement des Sdis, dont les ressources relèvent essentiellement des départements, des établissements de coopérations intercommunales et des communes. La loi DemoProx fonde les contributions de ces derniers sur leur population de 2002. Or, n’est-il pas absurde que l’assiette sur laquelle se fixe le financement des secours n’ait pas évolué en 20 ans ?
lance les deux élus. Ils jugent ainsi qu’une révision de cette loi est impérative, à l’aune de la croissance démographique, de la hausse des interventions et des menaces, pour permettre aux territoires de disposer de moyens calibrés ».
« Une flotte plus conséquente » doit être envisagée
Les présidents de la Gironde et des Landes plaident aussi en faveur d’un renforcement de la force aérienne nationale de la Sécurité civile
estimant crucial
la protection composée des Canadairs et des Dash. Pourtant, notent-ils, nous ne disposons en France que de douze Canadairs, sollicités de part et d’autre du territoire national et européen en fonction des besoins
. Jean-Luc Gleyze et Xavier Fortinon considèrent donc qu’il faut envisager une flotte plus conséquente, et une répartition territoriale adaptée
. De leur avis, un dispositif avancé dans le Sud-Ouest permettrait de protéger le massif forestier de résineux le plus important d’Europe, et même d’intervenir par-delà les Pyrénées
.
Il faut « élaborer une stratégie de lutte à trois échelles »
Enfin, en matière de coordination des forces nationales et européennes, ils jugent nécessaire d’« élaborer une stratégie de lutte contre les incendies à trois échelles. Interdépartementale, d’une part, en partenariat avec l’État, les collectivités et les acteurs impliqués, afin d’établir une stratégie de décentralisation des moyens aériens sensible aux réalités des massifs forestiers locaux, qui passe notamment par la mutualisation des moyens des Sdis. Nationale, d’autre part, avec le renforcement de la flotte aérienne de la Sécurité civile. Européenne, enfin, particulièrement par l’augmentation de la dotation allouée au mécanisme européen de protection civile (MEPC) qui permet l’entraide entre États membres de l’Union européenne […]
.
Ces trois points doivent être traités simultanément pour apporter une réponse efficace et cohérente, c’est-à-dire améliorer la prévention, la préparation et la réaction aux catastrophes qui s’annoncent toujours plus graves
considèrent Jean-Luc Gleyze et Xavier Fortinon.
À leurs yeux, les deux incendies majeurs au retentissement national « nous obligent à être toutes et tous au rendez-vous ».
