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«Il m’a touché les seins, les fesses» : manifestation contre le harcèlement devant le Monoprix de Bondy

«Il m’a touché les seins, les fesses» : manifestation contre le harcèlement devant le Monoprix de Bondy

Devant le Monoprix de Bondy, le comité d’accueil est syndical et revendicatif, ce samedi matin. Une quarantaine de personnes papillonnent devant les portes du magasin. Chasuble rouge CGT Monoprix sur le dos, pour la majorité. Le syndicat de Seine-Saint-Denis, soutenu par d’autres sections départementales, est à l’initiative du mouvement. La sono crache la célèbre chanson « On lâche rien »de HK et Les Saltimbanks, qui est devenue l’un des hymnes des manifestations.

Certains distribuent des tracts, d’autres s’affairent à faire signer des pétitions, tout en expliquant la situation et les raisons de ce rassemblement. « Stop au harcèlement moral et sexuel au Monoprix de Bondy. » Le message est clair. Les manifestants mettent en cause l’équipe encadrante qu’ils qualifient de malveillante. « On ne nous respecte pas, et on ne respecte pas notre travail, lâche Souad, déléguée CGT 93. Beaucoup n’osent pas parler. »

« La direction m’a proposé une mutation. Mais ce n’est pas à moi de partir »

Deux de ses collègues l’ont fait. Elles ont dénoncé des comportements et agissements inappropriés. Toutes deux ont déposé plainte au commissariat. Aujourd’hui, l’une est toujours en accident du travail. La seconde « après avoir été arrêtée pendant un mois », a repris son poste. Ce matin, elle était derrière son comptoir, à vendre pains et viennoiseries. « On ne peut pas rester en arrêt tout le temps », souffle Laurence, qui vient de rejoindre le mouvement encore en tablier de travail.

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L’employée de 48 ans évoque des propos et des gestes hypersexualisés de la part d’un de ses chefs. « Il m’a touché les seins, les fesses, relate-t-elle entre deux bouffées de cigarette. Il m’a dit que j’aimais les petits jeunes, qu’il allait demander à mon fils s’il pouvait me baiser… Il m’a demandé quelle position j’aimais ? Des trucs dégradants et hors de propos dans le travail », insiste-t-elle.

La quadragénaire a alerté sa direction. « Ils ont fait une enquête soi-disant mais on est tous des menteurs. » La boulangère assure ne pas être la seule à subir ces paroles malsaines. « Il y a d’autres filles, certaines ne disent rien mais d’autres sont parties à cause de ça. » Elle multiplie les exemples sexistes et sexuels.

« La direction m’a proposé une mutation, poursuit-elle. Mais ce n’est pas à moi de partir. Je n’ai rien fait. » Elle côtoie donc tous les jours, « la boule au ventre », son harceleur. « Il n’a pas le droit de me parler. »

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Une autre employée n’a, elle, plus la force de tenir son poste. Les brimades, remarques désobligeantes, dénigrements et autres commentaires désagréables l’ont clouée chez elle. « Elle (sa chef) rabaisse un peu tout le monde, mais les gens ont peur, ils ne veulent pas parler, affirme l’employée en arrêt de travail. Ça fait un an et demi que ça a commencé. Au début, j’arrivais à tempérer mais là, je n’en peux plus. »

Le siège a mené « une enquête interne »

Elle travaille à Monoprix depuis quinze ans. « Je n’ai jamais eu de problèmes. J’avais des primes avant. Depuis qu’elle est arrivée, c’est convocation sur convocation. Elle dit que je ne sais pas faire mon travail, que j’ai mal été formée. Je suis allergique à un produit ménager, elle fait exprès de nettoyer les planches avec pour que cela me provoque des crises d’asthme, elle fait semblant de m’aider pour me surveiller… »

À 47 ans, elle ne se voit pas continuer dans ces conditions. « Je suis sous médicaments, je vais voir un psychiatre. J’aime mon travail, mais pas comme ça. Il faut trouver des solutions. » « Quand le travail rend malade, ce n’est pas normal », insiste Souad.

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« Il y a des gens qui ont pleuré devant moi et qui ne sont pas là », avec nous, affirme Verine, élue CGT du CSE. Elle pointe par ailleurs des conditions de travail dégradées, notamment par une surcharge de travail : importante « La direction est au courant, ça fait des années qu’on leur dit mais c’est un dialogue de sourd. »

Le directeur du magasin a précisé qu’il n’était pas habilité à répondre à nos sollicitations. Contacté, le siège confirme avoir mené « une enquête interne » suite à « des alertes de quelques salariés fin octobre concernant de supposés faits de harcèlement sur le magasin de Bondy ». Les salariés « ont ainsi été reçus individuellement ».

Conclusion : « Aucun élément de harcèlement n’est avéré. Le mouvement de ce jour rassemble trois salariés dont les revendications ne concernent pas l’alerte initiale ». Monoprix rappelle par ailleurs « être engagé de longue date dans la lutte contre toutes les formes de discriminations ».

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