“Nous avons énormément communiqué”
L’histoire de la Maison Dandoy, on pourrait en parler des heures. Mais Antoine, 35 ans, est pressé. Il y a le rush des fêtes de fin d’année et surtout l’ouverture, ce samedi, d’un nouveau centre de dégustation au parvis Saint-Pierre à Uccle qu’il faut préparer. Mais revenons au mois de janvier dernier. Cette période est charnière pour les héritiers Dandoy et, dans beaucoup de familles, cette transaction, dont le montant reste confidentiel, aurait pu déboucher en pugilat.
“Nous avons énormément communiqué. On voulait éviter les non-dits, respecter les envies de chacunreprend l’imperturbable Antoine. Les attentes et visions étaient différentes, mais on a passé ce moment important avec sérénité. On reste une famille très soudée”. Les deux frères Helson voulaient absolument garder le contrôle de l’entreprise pour pouvoir développer leurs projets “environnementaux, sociétaux et sociaux”.
“Nous n’aurions pas pu le faire avec des investisseurs extérieurs. Ici on garde le pouvoir, puisque les actionnaires – à savoir mes parents, mon père Bernard Helson a dirigé l’entreprise durant 27 ans, ma sœur Charlotte, mon frère et moi-même – restent dans la famille”. Alexandre (37 ans) et Antoine Helson codirigent, eux, la Maison Dandoy depuis deux ans.
“On a deux personnalités différentes mais on a la même vision et c’est essentielanalyse le cadet. On est complémentaires. Alexandre est encore plus lunaire que moi. C’est un fonceur. Je dois parfois le freiner et le ramener à la réalité opérationnelle.”
Le spéculoos Dandoy: une histoire vieille comme la Belgique
L’héritage ? Un atout plutôt qu’un poids
Les deux frères ont un secret pour éviter les “clashs” entre eux.
“On nous a appris à communiquer dès que les frustrations se faisaient sentir. Cette codirection est puissante. Elle nous permet aussi de répartir ce sac de responsabilités sur plusieurs épaules, d’avoir de vrais moments de déconnexion quand on part en vacances. On sait que l’autre tient la baraque quand on est absent”. Les Helson ont une vision “à 200 ans” pour la Maison Dandoy.
“Beaucoup nous voient comme une multinationale. Mais on reste très artisanal et local. On n’est pas dans le court-termisme, ce n’est pas le profit qui compte. Cette stratégie nous permettra de passer les crises, comme l’ont fait nos ancêtres qui ont passé deux guerres mondiales”. En ce sens, l’héritage familial est vu comme un atout plutôt qu’un poids.
“Nous reconnecter avec notre passé nous responsabilise sur l’avenir. Nous voulons contribuer avec nos biscuits, à un monde meilleur. Nous cuisinons nos Spéculoos, avec une farine régénérative qui assure la fertilité des sols. On exige aussi un salaire décent pour les agriculteurs”.
”Le système dans lequel nous avons vécu ces dernières décennies est en train de mourir”
La “Doyenne” veut montrer l’exemple aux autres.
“Les entreprises doivent jouer un nouveau rôle, passer de la politique du moindre mal à celui du bien. Le système dans lequel nous avons vécu ces dernières décennies est en train de mourir et on veut être un acteur de ce nouveau monde”.
Le jeune homme se positionne déjà comme un “passeur”.
“Un jour, on devra transmettre l’entreprise. À qui ? Nous avons tous trois des enfants mais nos parents nous ont toujours donné la liberté de choisir ce que nous voulions faire. J’ai, par exemple, un diplôme de kiné, mon frère d’ingénieur en gestion. J’étais partie pour une autre vie, mais un jour, j’ai senti l’envie de rejoindre le projet familial et j’ai fait une formation d’entrepreneuriat en cours du soir de six mois à Solvay. Nous n’avons jamais été forcés à rejoindre l’entreprise, cela s’est fait tout naturellement. On laissera la même liberté à nos enfants”. De quoi alimenter les prochaines discussions des dîners de fin d’année ?
“Non, dans ces réunions familiales, on parle de tout sauf de business”sourit Antoine.
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