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FC Nantes et Fribourg, le football à l’accent brésilien

FC Nantes et Fribourg, le football à l’accent brésilien

Près de 9 000 kilomètres séparent Fribourg-en-Brisgau, en Allemagne, du Brésil, deux points du globe avec peu de points communs. Voire inexistant. Pourtant, en 1994/1995, les protégés de l’entraîneur de l’époque, Volker Finke, seront surnommés les « Brésiliens du Brisgau” , leur ” Brésiliens de Brisgau » en français, pour leur jeu passionnant qui va secouer la Bundesliga. La même année, le FC Nantes, qui défiait le SC Fribourg ce jeudi soir en Ligue Europa, ravissait la France avec un football en partie inspiré du Brésil. « Mais je me suis surtout et surtout inspiré de José Arribas« , souffle l’entraîneur de l’époque, Jean-Claude Suaudeau. C’est bon, le père de ” Jeu nantais«
s’est lui-même inspiré du Brésil en 1958. Reportage.

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Innover pour ne pas sombrer

Personne ne les avait vu venir. Pas même eux. Promus la saison précédente après 15 ans passés dans l’antichambre de l’élite allemande, les hommes de Volker Finke ont réussi à suivre le rythme le plus petit budget de la Bundesliga. Avant de surprendre et d’enchanter l’exercice 1994/1995 de bout en bout. « On s’est toujours demandé comment garder le club en première division avec le budget qu’on avait.décrit le technicien resté en poste pendant 16 ans. Il était clair que nous devions faire autre chose que tout le monde, sinon cela aurait été, à mon avis, impossible. » Main dans la main avec son président, Volker Finke continuera d’appliquer sa philosophie. Peu importe le coût.

On jouait en une ou deux touches de balle et pour les Allemands, au début des années 1990, ce n’était pas normal.

« Contrairement aux autres clubs allemands depuis le début des années 1990, nous avions un jeu rapidedit l’ancien milieu de terrain Martin Braun. On jouait en une ou deux touches de balle et pour les Allemands, au début des années 1990, ce n’était pas normal.« Pour réussir dans son entreprise, le technicien allemand, à l’origine professeur de gymnastique, devra construire méticuleusement son équipe. « Par exemple, nous avons fait beaucoup de repérage pour faire venir nos joueurs comme Rodolfo Esteban Cardoso, un Argentin avec un pied gauche incroyableexplique-t-il, dans un français impeccable. Je l’avais trouvé dans une petite équipe de deuxième division [Hombourg, ndlr] et il est devenu l’un des tout meilleurs joueurs, à domicile, à Fribourg. Il a joué avec un esprit sud-américain, presque brésilien, même s’il était argentin.. »

Quand le Bayern se faisait humilier par les « Brésiliens de Brisgau »

Apôtre du jeu avant moi, Finke va vite trouver la bonne formule, en 4-4-2 pour signer un début de saison inattendu. « On retrouve le Bayern à domicile dès la deuxième journéese souvient l’ex-milieu de terrain, désormais entraîneur du TSG Balingen, en quatrième division. Tout le monde disait qu’ils étaient favoris et qu’on descendait parce qu’on avait un tout petit budget. Exceptéau bout d’une demi-heure, on menait déjà 3-0« Le score va continuer à grossir jusqu’à ce qu’il soit 5-1. »C’était le point de départ de notre fantastique saison“, il continue.

Il n’a jamais caché s’être inspiré de la Seleção.

Sous le charme de ce football basé sur la possession et le jeu des passes rapides jusqu’à créer décalage et déséquilibres, journalistes et supporters vont commencer à les surnommer les « Brésiliens de Brisgau« . »Ils nous ont appelés ainsi pour plusieurs raisonsrépertorie Martin Braun. Parmi eux, il y a le fait que Fribourg se situe dans une région, parmi les plus chaudes du pays où il peut faire 30 voire 40 en été. Mais surtout il y a le fait que nous avions un jeu basé sur des passes courtes et on a monopolisé le ballon.“Une comparaison toujours flatteuse, près de trois décennies plus tard pour le technicien allemand de l’époque.”Cette façon de jouer était, je pense, un peu comme le football brésilien, même si nous l’avons adaptée« , souffle-t-il avec beaucoup d’humilité. Dans le même temps, et à l’instar du SC Fribourg, les Canaris ont également survolé leur championnat avec un jeu en partie inspiré du Brésil.

“José Arribas s’est inspiré du Brésil en 1958”

Dans le parc de Procé, Jean Guillot, Bernard Blanchet ou encore Sadek Boukhalfa
répéter leurs gammes et affiner leur 4-2-4 au début des années 60. Enchanté par le Brésil, qu’il a suivi de bout en bout lors de la première Coupe du monde entièrement télévisée, José Arribas est convaincu d’adopter le plan tactique de la Seleção. « Il avait d’abord tenté de le reproduire dans son équipe amateur de Noyen-sur-Sarthe, qu’il entraînait à l’époque.explique Bernard Verret, auteur d’une biographie sur José Arribas : « Le jeu ou la mort », parue en juillet 2020 Il avait expliqué à ses joueurs comment procéder. Il l’a ensuite installé, petit à petit, au FC Nantes. »

En termes de talent, j’avais de bons joueurs mais le Brésil avait de très bons joueurs à tous les postes.

A l’heure où la grande majorité des équipes sont en WM – que l’on peut transcrire en 3-2-2-3 – ou le « verrouiller« Italien basé sur la défense, les idées du père de la »Jeu nantais » affrontement. Comme le Brésil de 58. » Il n’a jamais caché s’être inspiré de la Seleçãocontinues Verret. Dès le début à Noyen, il avait expliqué à ses joueurs que c’était une super tactique, qu’elle permettait à tous les joueurs d’exprimer au mieux leurs qualités et au bout d’un moment, tout le monde avait été convaincu par ce schéma et ainsi. de jouer. C’était la même chose au FC Nantes alors et cette équipe des années 60 a révolutionné le football français. » Disciple d’Arribas
, Jean-Claude Suaudeau a aussi puisé certaines de ses idées dans le jeu des Jaunes. Sud-Américains. Avec le même succès, les saisons 82/83 et 94/95 s’apparentent à du football d’orfèvre. Aussi brillant que méticuleux.

« L’équipe est bien plus grande que le nombre total de joueurs qui la composent »

« C’était surtout au niveau des changements de rythme, tout d’un coup les vagues déferlaient, elles étaient très rapidessouligne le prédécesseur de Raynald Denoueix à propos du Brésil. C’était comme si c’était le signal pour eux d’accélérer. Ils ont submergé tout le monde par la suite. Dès qu’il y en avait un qui dribblait ou accélérait, ça enchaînait tout le monde. C’était très important et, modestement, je pense avoir réussi à reproduire ça à Nantes. Mais pas comme le Brésil, je n’avais pas que des Brésiliens dans mon équipe. Au niveau du talent, j’avais de bons joueurs mais ils avaient de très bons joueurs à tous les postes. » « Beaucoup ont été inspirés par le Brésil mais ils étaient impossibles à copierconfirme Georges Eo, fidèle bras droit de Suaudeau. Nous admirions les Brésiliens à l’époque. Ils jouaient comme s’ils s’amusaient. C’était vraiment festif leur jeu.«

Il n’a pas seulement besoin d’un gros budget et d’acheter des joueurs très, très chers, il a surtout besoin d’une équipe.

Le football de Finke a adopté les mêmes principes. Et surtout la même philosophie. « La discipline sportive dans le football est très importanteil explique. Il faut toujours que chaque joueur intègre que ce n’est pas moi le plus important mais nous__. Dans le football moderne, on parle beaucoup de pressing bla bla mais ce pressing doit toujours se faire collectivement pour que ce soit une réussite. Moi seul ne peux rien faire. Pour moi, l’équipe est beaucoup plus grande que le nombre total de joueurs qui la composent et c’est très, très important pour moi. Cela veut dire que si une équipe veut réussir, elle n’a pas seulement besoin d’un gros budget et d’acheter des joueurs très, très chers, elle a besoin avant tout d’une équipe.» Une façon de penser qui a rapidement convaincu Christian Streich, actuel entraîneur du SC Freiburg et ancien technicien des U19 lorsque Finke dirigeait l’équipe première, et qui permet à ses protégés de jouer les premiers rôles en Bundesliga. Et qui sait, d’ peut-être bientôt encore le « Brésiliens du Brisgau« .

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