Eurovision | Israël en finale malgré les critiques

Eurovision | Israël en finale malgré les critiques

(Malmö) La qualification d’Israël pour la finale samedi de l’Eurovision de la chanson en Suède a suscité vendredi des dissonances en Europe, un parti représenté au gouvernement espagnol réclamant l’exclusion de la candidate israélienne tandis que Berlin et Paris fustigent les protestations contre la participation du pays.




Joost Klein, le représentant des Pays-Bas, qui avait marqué son désaccord jeudi soir d’être placé à côté de la candidate israélienne Eden Golan, a lui été privé de répétition générale, l’organisation évoquant un « incident » sans plus de détails.

Devant 9000  spectateurs, Eden Golan, 20 ans, a décroché son ticket jeudi soir à Malmö, avec Ouragandont la version initiale avait dû être modifiée, car elle faisait allusion à l’attaque du Hamas qui a ensanglanté Israël le 7 octobre.

Israël a ainsi intégré les 26 pays qui s’affronteront samedi pour succéder à la Suède comme lauréate de cette compétition suivie en 2023 par 162 millions de téléspectateurs.

Une participation contestée par le parti d’extrême gauche Sumar –– dont la dirigeante Yolanda Diaz est numéro trois du gouvernement espagnol – qui a lancé vendredi une pétition pour demander l’exclusion du pays de la finale.

Sumar reproche à l’Union européenne de radio-télévision (UER) d’avoir accepté « la participation d’Israël, au moment où ses troupes exterminent le peuple palestinien et détruisent toute la région ». Vendredi après-midi, la pétition était signée par un peu moins de 7000 personnes.

« Honneur et Fierté »

« Les appels au boycottage contre la participation d’artistes israéliens » à Malmö « comme partout en Europe […] sont totalement inacceptables », a écrit sur X, à l’opposé, la ministre allemande de la Culture, Claudia Roth.

« La politique n’a pas sa place à l’Eurovision », a également estimé le ministre français chargé de l’Europe, Jean-Noël Barrot, jugeant lui aussi « inacceptables » les « pressions sur les artistes ».

« C’est vraiment un honneur d’être ici […] de nous présenter avec fierté », s’était réjouie jeudi la candidate israélienne. Israël participe depuis 1973 à l’Eurovision, qu’il a remporté pour la quatrième fois en 2018.

Vendredi, le pays figurait parmi les favoris derrière la Croatie, selon le comparateur de sites de paris en ligne Oddschecker.com.

Avant la demi-finale, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou avait jugé qu’Eden Golan avait « déjà gagné », la saluant dans un message vidéo pour avoir affronté « avec succès une horrible vague d’antisémitisme ».

Près de 12 000 personnes, dont la militante pour le climat Greta Thunberg, ont manifesté jeudi contre la participation d’Israël à Malmö, où un nouveau rassemblement est prévu samedi.

Les syndicats de la chaîne de télévision publique flamande VRT ont aussi brièvement interrompu la retransmission jeudi soir pour diffuser un message de soutien aux Palestiniens et de condamnation des « violations des droits de l’homme par l’État d’Israël ».

La neutralité revendiquée du télé-crochet avait été bousculée mardi par le chanteur suédois Eric Saade, apparu le bras ceint d’un keffieh palestinien.

Un geste regretté par la télévision publique suédoise SVT et par l’UER, qui avait interdit au président ukrainien Volodymyr Zelensky de s’exprimer lors du concours l’an dernier.

Renforts policiers

Cette année, le conflit en Ukraine a été éclipsé par la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque du mouvement islamiste palestinien, qui a fait plus de 1170 morts, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, l’armée israélienne a lancé une offensive à Gaza, qui a fait jusqu’à présent 34 904 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.

« Les gens doivent exprimer leurs opinions, les gens doivent boycotter », a déclaré Magnus Børmark, candidat pour la Norvège, qui a appelé à un cessez-le-feu durable avec huit autres participants.

Des renforts policiers ont afflué de toute la Suède mais aussi du Danemark et de la Norvège à Malmö, où vit la plus importante communauté d’origine palestinienne de Suède. « Il n’y a pas de menace dirigée contre l’Eurovision », a toutefois assuré un porte-parole de la police.

Pour les fans –– la ville en attend jusqu’à 100 000 -, « c’est ce qui est sur scène qui est important : les contributions, les artistes et la musique, et non la politique », estime le professeur d’histoire des idées Andreas Önnerfors, spécialiste de l’Eurovision.

Presque septuagénaire, ce concours est « une démonstration de la tolérance européenne » sans équivalent ailleurs, souligne-t-il.

Au sein de la communauté juive de Malmö, certains comptent quitter la ville pour le week-end. « Le sentiment d’insécurité s’est accru après le 7 octobre, de nombreux juifs sont inquiets », a expliqué un porte-parole, Fredrik Sieradzki.

D’après lui, les nombreuses manifestations propalestiniennes n’ont toutefois pas donné lieu à des appels visant les juifs de la ville.

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