Esther Fortin : une personne résiliente face à un cancer incurable et un cancer du sein

COMMUNAUTAIRE. Depuis près de 10 ans, Esther Fortin est en lutte contre un cancer neuroendocrinien incurable. Elle a fermé son salon de coiffure pour prendre soin d’elle-même et profiter de la vie. Il y a deux ans, elle a été diagnostiquée avec un cancer du sein.

Esther Fortin est une personne douce et forte à la fois, persévérante et à l’écoute des autres. Elle est connue pour sa grande bonté et sa grande générosité qui inspirent le respect dans son entourage.

Son destin a totalement basculé en novembre 2014 lorsqu’elle préparait un souper avec des amis. À l’époque âgée de 43 ans, elle soulève un récipient d’eau qui provoque une hémorragie vaginale. Elle perd beaucoup de sang et perd connaissance plus tard dans la nuit. Elle se rend aux urgences où on lui annonce qu’elle a perdu son stérilet, qui en est la cause. Elle rentre chez elle soulagée. Quelques jours plus tard, le même scénario se produit et elle retourne aux urgences. Les examens révèlent une masse sur son pancréas. Elle est alors référée à Québec pour rencontrer des spécialistes. On lui a diagnostiqué un cancer neuroendocrinien.

Son chirurgien gastro-entérologue veut l’opérer pour enlever la masse, mais elle doit passer d’autres tests préopératoires, dont un pour les os. Pendant l’examen, un spécialiste présent lui demande si elle a des douleurs à la tête. Étonnée, elle en parle à son chirurgien qui ne trouve aucun lien avec sa tumeur. Cependant, celui-ci lui annonce peu après qu’elle a huit métastases osseuses, notamment sur le dos, le crâne, un pied, une hanche, etc. Son chirurgien lui dit qu’il ne peut plus l’opérer car il ne peut enlever 90 % de son cancer. Elle reçoit donc des injections – elle en reçoit toujours aujourd’hui car sa tumeur est incurable. Au début, on lui avait annoncé une espérance de vie de 5 à 10 ans, mais son médecin a ensuite changé d’avis. Personne ne peut prédire combien d’années elle lui reste. Cela est difficile à accepter pour cette mère de trois enfants.

« Ce fut un grand choc ! Pour moi, je pensais mourir bientôt. J’ai tout de suite pensé à mes enfants. Je me suis dit que je ne pourrai pas assister au mariage de mon fils, ou qu’il m’était impossible d’être là pour la grossesse de ma fille. Des événements importants dans la vie de mes enfants que j’aurais manqués. […] Ma plus jeune n’avait que 7 ans à l’époque », confie Mme Fortin, originaire de Saint-Georges.

D’autres symptômes commençaient à apparaître et elle a donc décidé de fermer son salon de coiffure qui se trouvait au sous-sol de sa maison. Elle a quitté une carrière de 25 ans en coiffure. « Je n’étais plus fonctionnelle, mon anémie était très basse. Cela n’était pas beau à voir. […] J’ai donc décidé de prendre soin de moi et de profiter de la vie », lance-t-elle. Mme Fortin est également une artiste-peintre. Elle a décidé de ne plus donner d’ateliers de peinture ni d’exposer ses œuvres. Elle n’a plus l’énergie d’autrefois. Elle commence toujours ses journées par de la méditation et du yoga pour se recentrer.

« Je dois être créative tout le temps (peindre, tricoter, coudre, etc.). J’ai toujours besoin d’occuper mes doigts. Je ne veux pas rester assise devant la télévision. Je suis aussi impliquée dans le comité du Salon des artisans », raconte-t-elle.

Le cancer du sein

En 2021, une masse sur le côté d’un sein attire son attention et elle consulte immédiatement son médecin de famille. Elle pense que sa tumeur s’est propagée dans son sein, mais à sa grande surprise, on lui diagnostique un cancer du sein qui n’est pas lié à son cancer incurable.

« On m’a retiré la masse et j’ai suivi 19 séances de radiothérapie. C’était très fatigant, mais tout est sous contrôle maintenant », ajoute la Beauceronne qui n’a pas eu à subir de chimiothérapie pour ses deux cancers. Tous les six mois, elle voit un spécialiste pour des examens de contrôle.

Le Relais pour la vie

Depuis sept ans, Esther Fortin participe au Relais pour la vie (pour la Société canadienne du cancer) qui aura lieu le 10 juin prochain, au CIMIC de Saint-Georges. C’est sa sœur qui a pris l’initiative de former un groupe, année après année, et Esther est toujours présente, fidèle à l’événement. En 2019 et 2022, son équipe avait récolté un total de plus de 5 500 $, et cette année, déjà 5 000 $ ont été amassés. Mme Fortin accueille à bras ouverts la grosse dose d’amour que lui donnent ses proches ainsi que la population. « Même si je suis malade, je vis de belles et extraordinaires choses », conclut-elle.

Esther Fortin est l’incarnation de la résilience. Aujourd’hui, elle est en rémission de son cancer du sein et sa tumeur neuroendocrinienne est en sommeil, comme elle le précise. Elle a des jours et des moments de la journée où elle se sent plus faible, mais cela n’affecte pas son moral pour autant. Elle mord dans la vie et profite de chaque minute en compagnie de ses enfants, son conjoint et ses amis.