10 feb 2023 om 19:56
Une remorque avec neuf cercueils se tient à côté de la mosquée Ayasofya à Dordrecht, avec deux cents sacs mortuaires sur le dessus. Avec les fournitures de secours, ils sont acheminés vers la Turquie et la Syrie. Il n’y a pas que les survivants du tremblement de terre qui ont besoin d’aide. Les morts doivent être enterrés dans la dignité.
“C’est dur comme de la pierre. C’est ce à quoi les gens en Turquie doivent faire face”, déclare Marc Merx, échevin de Dordrecht, en regardant les caisses en bois.
La municipalité de Dordrecht a apporté les cercueils et les sacs mortuaires à la mosquée Ayasofya. Depuis le début de cette semaine, des objets y ont été collectés pour être emmenés en Turquie.
“On nous a dit que des gens là-bas (en Turquie, ndlr) sont enterrés dans des sacs poubelles ou en plastique”, raconte Merx. “C’est maintenant la dure réalité là-bas, mais les gens méritent un adieu digne.”
Alors que l’échevin brosse le tableau poignant, à quelques mètres de là, cela ressemble à un énorme chaos. Semble. Car ce qui ressemble à un enchevêtrement désorganisé de personnes, criant et trimbalant des cartons, est en réalité une machine bien huilée.
Une chaîne composée principalement d’hommes se forme depuis l’entrepôt de la mosquée, se passant des boîtes les unes aux autres. La chaîne se termine par un gros camion et les caisses y disparaissent lorsqu’elles sont immatriculées. “Important, sinon le conteneur ne passera pas la douane”, déclare le président Ziya Safranti de la mosquée.
Les boîtes contiennent toutes sortes de biens de secours. Toutes sortes de vêtements, tentes et couvertures. Mais aussi des jouets pour enfants et des médicaments. Un groupe de femmes trie les choses au fond du hangar et les met dans des cartons.
Les camionneurs transportent volontairement des marchandises en Turquie
Les articles pour la Turquie et la Syrie sont collectés dans tous les Drechtsteden sur le terrain de la mosquée. Des centaines de bénévoles aident : des chauffeurs qui conduisent finalement les articles à la zone sinistrée aux contrôleurs de la circulation qui s’assurent qu’il n’y a pas de chaos avec les voitures qui entrent et sortent.
Certaines personnes ont perdu des proches. Le président Safranti lui-même ne le fait pas. Il a un ami qui habite dans le coin. Ce n’est que quelques heures après la catastrophe que Safranti a réussi à prendre contact.
Des initiatives d’aide ont vu le jour dans tout le pays
Dordrecht n’est pas le seul endroit où les objets pour les victimes du tremblement de terre sont collectés. Des initiatives ont vu le jour dans tout le pays la semaine dernière. A Utrecht, par exemple, où les Turcs Erol et Fatih ont collecté des camions pleins de trucs pendant quelques jours.
A Amsterdam, Saaam, une organisation qui défend les droits des femmes, est immédiatement intervenue. “Beaucoup de gens ont de la famille en Turquie ou en Syrie. Il y fait très froid. Nous recherchons des couvertures, de bonnes chaussures d’hiver, des manteaux épais et des pulls et des vêtements thermiques”, explique Fatimzahra Baba, fondatrice de Saaam.
Il y a un centre pour demandeurs d’asile à proximité où séjournent des Syriens. En aidant à collecter les objets, ils sentent qu’ils peuvent faire quelque chose pour leur pays, dit Baba.
D’ailleurs, l’aide vient de toutes parts et pas seulement des personnes d’origine syrienne ou turque. “J’ai aussi vu des Marocains, des Hindous et des Hollandais”, raconte Erol d’Utrecht. “Les larmes me sont venues aux yeux quand j’ai vu les images de Turquie. Tout le monde sympathise. Cela crée beaucoup de solidarité.”