Les rassemblements du jeudi ont été les plus importants depuis des mois. Les autorités militaires soudanaises ont répondu aux manifestations par une répression meurtrière, qui a jusqu’à présent tué 113 personnes, dont 18 enfants.
À Khartoum et dans les environs, les marches funèbres de certaines des personnes tuées la veille se sont transformées en manifestations tandis que d’autres se sont rassemblées après la prière du vendredi dans les mosquées de la capitale du pays. En ligne, des photographies des morts ont été publiées, dans certains cas dans le but de les identifier.
Le Comité soudanais des médecins, un groupe médical qui surveille les victimes des manifestations, a déclaré que les forces de sécurité avaient abattu neuf personnes, dont un enfant, à ou près de Khartoum lors des rassemblements de jeudi. Les manifestations ont coïncidé avec des perturbations généralisées d’Internet. Les observateurs d’Internet et les militants affirment que le gouvernement a paralysé les communications pour empêcher les rassemblements et ralentir la diffusion des informations les jours où une forte participation aux manifestations est attendue.
Les principaux groupes pro-démocratie du Soudan – les Forces pour la déclaration de liberté et de changement et les comités de résistance – avaient appelé à une manifestation nationale contre le coup d’État. La prise de contrôle a bouleversé la transition de courte durée du pays vers la démocratie après l’éviction en 2019 du dirigeant autocratique de longue date Omar al-Bashir.
Depuis le coup d’État, la mission politique de l’ONU au Soudan, l’Union africaine et le groupe de huit pays de l’Autorité intergouvernementale régionale d’Afrique de l’Est pour le développement ont tenté de trouver une issue à l’impasse politique. Mais les pourparlers n’ont donné aucun résultat jusqu’à présent.
Dans une déclaration commune tweetée vendredi, les trois organes ont exprimé « leur déception face au recours continu à une force excessive par les forces de sécurité et à l’absence de responsabilité pour de telles actions, malgré les engagements répétés des autorités ».
Les manifestations de jeudi ont également marqué le troisième anniversaire d’un rassemblement de masse en 2019 qui a forcé les généraux à s’asseoir à la table des négociations avec des groupes pro-démocratie et finalement à signer un accord de partage du pouvoir qui devait gouverner le Soudan pendant une période de transition, jusqu’au général des élections devaient avoir lieu. Le coup d’État d’octobre dernier a fait échouer cet arrangement.
Les gouvernements occidentaux ont appelé à plusieurs reprises les généraux à autoriser des manifestations pacifiques, mais ont également provoqué la colère du mouvement de protestation pour s’être parfois engagé avec les principaux généraux. Les dirigeants pro-démocratie appellent les généraux à quitter le pouvoir immédiatement.
“Nous avons le cœur brisé par la perte tragique de vies humaines lors des manifestations d’hier”, a déclaré vendredi l’ambassade des États-Unis au Soudan dans un communiqué. “Nous exhortons toutes les parties à reprendre les négociations et appelons les voix pacifiques à s’élever au-dessus de ceux qui prônent ou commettent la violence.”